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Extrait :
Extrait de l'avant-propos d'Yves Mayaud, Professeur Université Panthéon-Assas Paris II
Les chefs d'oeuvre sont souvent négligés après la disparition de leur auteur, mais c'est également le signe avant-coureur d'une renaissance salutaire... Les plus grandes compositions de Jean-Sébastien Bach n'ont-elles pas été oubliées après sa mort ? Il a fallu le génie de Félix Mendelssohn pour révéler au monde ce qui s'inscrit aujourd'hui dans le patrimoine de l'Humanité. Les juristes connaissent également l'érosion du temps. Ils sont quelques uns à avoir porté la doctrine au plus haut niveau, mais ils n'ont pas échappé pour autant à une disparition discrète. Loin d'avoir inspiré la reconnaissance pérenne qu'ils méritaient, leurs ouvrages ont été tristement relégués dans les rayons inaccessibles de bibliothèques encombrées, avec pour politique actuelle, au nom d'une technologie dite «avancée», de s'en défaire au plus vite.
Ce scénario est à l'origine de la publication du présent livre. L'honneur nous est fait, non de le préfacer - ce serait fort prétentieux - mais de le présenter. Il ne saurait l'être sans un hommage appuyé aux promoteurs d'une opération qui s'apparente à un véritable sauvetage. Parmi eux le professeur Yves Lequette, à qui revient un double mérite, d'une fidélité intellectuelle d'abord, pour avoir conservé à l'esprit le souvenir d'une oeuvre majeure, d'une détermination opérationnelle ensuite, pour avoir réussi à se saisir de l'un des rares exemplaires encore disponibles. La présente réédition lui devra cet exploit, sans lequel était à jamais perdue la pensée d'un aîné sur un thème, ô combien !, d'actualité.
Que l'on en juge ! La procédure inquisitoire en est l'objet, intégrée dans la dynamique d'une évolution complète, depuis le XIIIe siècle jusqu'à la date de parution de l'ouvrage en 1882. Certes, on pourrait nous opposer que cent trente années nous séparent de ses conclusions, et que la matière a connu depuis de sensibles mutations, qui relèguent dans l'histoire ce qui aurait perdu à jamais toute prétention à la positivité. Il n'en est rien, et nous ne pouvons qu'inciter le lecteur à entrer dans ce beau livre, afin de se convaincre lui-même qu'il est placé sur le terrain des débats très actuels relatifs à notre procédure pénale. Les leçons sont poignantes de vérité et de sagesse.
De vérité tout d'abord, pour ce que l'auteur livre de données en rapport avec les étapes qu'il retrace, ne se séparant jamais des philosophies qui les ont inspirées, ni des événements qui les ont provoquées, avec pour aboutissement la célèbre ordonnance de 1670, minutieusement analysée dans son contenu et son influence. La rédaction se veut au diapason de cette restitution parfaite, avec une variété de style digne des meilleurs contes. Les passages les plus savants côtoient de futiles anecdotes, mais subtilement exploitées, afin de mettre en relief les retombées concrètes d'un montage dont la perfection même a été la cause de sa chute... On est saisi par le caractère presque surréaliste de la procédure décrite, où le meilleur a généré le pire. Et c'est avec des termes percutants que l'auteur se plaît à en souligner les excès, les qualifiant de «terribles», «impitoyables», «funestes». Ces mots sont suffisamment forts pour sentir combien les aspirations de l'éminent juriste se situaient ailleurs. Un «ailleurs» historiquement associé à la procédure anglaise, qui fut volontiers présentée comme contenant en elle toutes les vertus d'une justice idéale, et que le siècle des Lumières s'est attaché à... idéaliser. Mais la juste mesure l'a finalement emporté, in medio stat virtus, et c'est tout le mérite du Code d'instruction criminelle que d'avoir su réaliser une pertinente conciliation entre l'ordonnance royale et les débordements de la Révolution.
Présentation de l'éditeur :
Les chefs d'oeuvre sont souvent négligés après la disparition de leur auteur, mais c'est également le signe avant-coureur d'une renaissance salutaire... Les plus grandes compositions de Jean-Sébastien Bach n'ont-elles pas été oubliées après sa mort ? Il a fallu le génie de Félix Mendelssohn pour révéler au monde ce qui s'inscrit aujourd'hui dans le patrimoine de l'Humanité. Les juristes connaissent également l'érosion du temps. Ils sont quelques uns à avoir porté la doctrine au plus haut niveau, mais ils n'ont pas échappé pour autant à une disparition discrète. Loin d'avoir inspiré la reconnaissance pérenne qu'ils méritaient, leurs ouvrages ont été tristement relégués dans les rayons inaccessibles de bibliothèques encombrées, avec pour politique actuelle, au nom d'une technologie dite «avancée», de s'en défaire au plus vite.
Ce scénario est à l'origine de la publication du présent livre. L'honneur nous est fait, non de le préfacer - ce serait fort prétentieux - mais de le présenter. Il ne saurait l'être sans un hommage appuyé aux promoteurs d'une opération qui s'apparente à un véritable sauvetage. Parmi eux le professeur Yves Lequette, à qui revient un double mérite, d'une fidélité intellectuelle d'abord, pour avoir conservé à l'esprit le souvenir d'une oeuvre majeure, d'une détermination opérationnelle ensuite, pour avoir réussi à se saisir de l'un des rares exemplaires encore disponibles. La présente réédition lui devra cet exploit, sans lequel était à jamais perdue la pensée d'un aîné sur un thème, ô combien !, d'actualité.
Que l'on en juge ! La procédure inquisitoire en est l'objet, intégrée dans la dynamique d'une évolution complète, depuis le XIIIe siècle jusqu'à la date de parution de l'ouvrage en 1882. Certes, on pourrait nous opposer que cent trente années nous séparent de ses conclusions, et que la matière a connu depuis de sensibles mutations, qui relèguent dans l'histoire ce qui aurait perdu à jamais toute prétention à la positivité. Il n'en est rien, et nous ne pouvons qu'inciter le lecteur à entrer dans ce beau livre, afin de se convaincre lui-même qu'il est placé sur le terrain des débats très actuels relatifs à notre procédure pénale. Les leçons sont poignantes de vérité et de sagesse.
De vérité tout d'abord, pour ce que l'auteur livre de données en rapport avec les étapes qu'il retrace, ne se séparant jamais des philosophies qui les ont inspirées, ni des événements qui les ont provoquées, avec pour aboutissement la célèbre ordonnance de 1670, minutieusement analysée dans son contenu et son influence. La rédaction se veut au diapason de cette restitution parfaite, avec une variété de style digne des meilleurs contes. Les passages les plus savants côtoient de futiles anecdotes, mais subtilement exploitées, afin de mettre en relief les retombées concrètes d'un montage dont la perfection même a été la cause de sa chute... On est saisi par le caractère presque surréaliste de la procédure décrite, où le meilleur a généré le pire. Et c'est avec des termes percutants que l'auteur se plaît à en souligner les excès, les qualifiant de «terribles», «impitoyables», «funestes». Ces mots sont suffisamment forts pour sentir combien les aspirations de l'éminent juriste se situaient ailleurs. Un «ailleurs» historiquement associé à la procédure anglaise, qui fut volontiers présentée comme contenant en elle toutes les vertus d'une justice idéale, et que le siècle des Lumières s'est attaché à... idéaliser. Mais la juste mesure l'a finalement emporté, in medio stat virtus, et c'est tout le mérite du Code d'instruction criminelle que d'avoir su réaliser une pertinente conciliation entre l'ordonnance royale et les débordements de la Révolution.
La réédition d'un ouvrage est toujours un événement en soi, qui reprend au temps les marques d'une érosion fatale. Le livre d'Adhémar Esmein méritait une telle renaissance, et les pénalistes ne manqueront pas de l'apprécier. L'histoire de la procédure criminelle est inséparable de l'Histoire tout court, tant les événements qui en ont marqué les principales étapes se fondent dans ceux qui ont finalement eu raison des régimes politiques. De grandes pages leur sont ici consacrées et le traduisent avec pertinence. Elles sont l'expression, non seulement d'un savoir, mais aussi d'une élégance. D'un savoir, par la richesse d'une restitution à laquelle rien ne manque. D'une élégance, par la perfection d'un style finement maîtrisé, à la hauteur de ce que la langue française contient de subtilités et de nuances. L'historien y trouvera de quoi approfondir ses certitudes, le positiviste de quoi se situer dans un mouvement dont il est l'héritier direct, et l'amateur de beaux écrits de quoi renouer avec un genre de composition qui n'est plus... Autant de qualités cumulées, mises à l'honneur hier par l'Académie des sciences morales et politiques, et qui ne peuvent aujourd'hui qu'inspirer respect et admiration.
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- ÉditeurNabu Press
- Date d'édition2011
- ISBN 10 1248161513
- ISBN 13 9781248161517
- ReliureBroché
- Nombre de pages616
(Aucun exemplaire disponible)
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