Présentation de l'éditeur :
Une des légendes les plus répandues en Bretagne est celle d'une prétendue ville d'Is, qui, à une époque inconnue, aurait été engloutie par la mer. On montre, à divers endroits de la côte, l'emplacement de cette cité fabuleuse, et les pêcheurs vous en font d'étranges récits. Les jours de tempête, assurent-ils, on voit, dans le creux des vagues, le sommet des flèches de ses églises; les jours de calme, on entend monter de l'abîme le son de ses cloches, modulant l'hymne du jour. Il me semble souvent que j'ai au fond du cœur une ville d'Is qui sonne encore des cloches obstinées à convoquer aux offices sacrés des fidèles qui n'entendent plus. Parfois je m'arrête pour prêter l'oreille à ces tremblantes vibrations, qui me paraissent venir de profondeurs infinies, comme des voix d'un autre monde. Aux approches de la vieillesse surtout, j'ai pris plaisir, pendant le repos de l'été, à recueillir ces bruits lointains d'une Atlantide disparue. De là sont sortis les six morceaux qui composent ce volume. Les Souvenirs d'enfance n'ont pas la prétention de former un récit complet et suivi. Ce sont, presque sans ordre, les images qui me sont apparues et les réflexions qui me sont venues à l'esprit, pendant que j'évoquais ainsi un passé vieux de cinquante ans. Gœthe choisit, pour titre de ses Mémoires, Vérité et Poésie, montrant par là qu'on ne saurait faire sa propre biographie de la même manière qu'on fait celle des autres. Ce qu'on dit de soi est toujours poésie. S'imaginer que les menus détails sur sa propre vie valent la peine d'être fixés, c'est donner la preuve d'une bien mesquine vanité. On écrit de telles choses pour transmettre aux autres la théorie de l'univers qu'on porte en soi. La forme de Souvenirs m'a paru commode pour exprimer certaines nuances de pensée que mes autres écrits ne rendaient pas. Je ne me suis nullement proposé de fournir des renseignements par avance à ceux qui feront sur moi des notices ou des articles.
Quatrième de couverture :
La biographie intellectuelle d'un homme qui se penche sur son passé, recueillant «les bruits lointains d'une Atlantide perdue», de cette ville d'Is engloutie que chacun porte en soi. Tréguier d'abord et la poésie du monde celtique. Puis l'Église, le conflit qui va marquer tout le siècle entre la raison et la foi, Saint-Sulpice dont Renan descendra les marches un jour d'octobre 1845 pour «ne jamais plus les remonter en soutane et pénétrer dans l'univers sec et froid» d'un monde à reconstruire. L'histoire d'un clerc (et d'un admirable écrivain), mais d'un clerc qui n'a pas trahi et souhaite terminer sa vie en remerciant «la cause de tout bien de la charmante promenade qu'il lui a été donné d'accomplir à travers la réalité».
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