Extrait :
Extrait de l'avant-propos
Étrange destin, que celui d'un garçon dorloté par la chance au point de devenir une immense vedette et malmené par la fatalité jusqu'à finir disloqué sur le trottoir d'une rue parisienne. Né dans un camp de réfugiés, muet pendant cinq ans, torturé par une histoire familiale où perdurait l'indicible souffrance des survivants de l'Holocauste, Mike Brant a quitté un jour l'ombre de la Shoah et le dénuement d'un État constitué depuis peu, conduit hors d'Israël par une série de hasards vers la troublante fébrilité des plus grandes scènes françaises.
Et puis, étoile filante, il a rejoint d'autres deux, éternels ceux-là, laissant le souvenir éblouissant et tragique dont on fait les mythes. Avec son abondante chevelure au brushing impeccable, ses étonnantes chemises à jabot, ses mélodies populaires aux accents parfois douceâtres, Mike Brant s'inscrit aujourd'hui parmi les emblématiques représentants d'une époque révolue, ceux dont l'empreinte, plusieurs décennies après leur disparition, ne s'efface toujours pas.
Submergé par un trop-plein de célébrité auquel sont venus se greffer doutes et douleurs inavouées, fragilisé par une recherche d'amour inassouvissable, reclus dans une insoluble solitude alors qu'il ne savait vivre seul, il a, en une carrière de quelques années à peine, incarné l'archétype du chanteur romantique et du personnage romanesque. Pourtant, derrière l'image et le sourire se cachaient une angoisse permanente, l'impossibilité d'affronter une vie de star, voire une vie tout court.
En train de devenir un homme, il rêvait de rester un gosse, muré dans son silence, observant sans avoir à s'exprimer, à donner son avis, à prendre ses responsabilités. Un rêve qui, mal interprété, mal assimilé, mal compris, mène à l'anéantissement. Une chimère que Michael Jackson a voulu entretenir à coups de médicaments, de recréation d'un monde enfantin, d'attractions de fête foraine où il pourrait noyer ses frayeurs, et que Mike Brant, lui, a préféré tuer par la méthode la plus brutale.
Présentation de l'éditeur :
Voici trente-cinq années que le bouleversant destin de Mike Brant a pris fin, un jour d'avril 1975 où l'idole se jeta dans le vide du haut d'un immeuble parisien.
Fils de survivants des camps de concentration nazis, né lui-même dans un autre camp sur l'île de Chypre, Mike Brant fut, tout au long de sa vie, torturé par une histoire familiale où perdurait l'indicible souffrance des rescapés de l'Holocauste.
Remarqué par Sylvie Vartan et Carlos à Téhéran alors qu'il était chanteur de club, il accède au statut d'idole de la chanson, quittant l'ombre de la Shoah pour la fébrilité des plus grandes scènes. Le triomphe n'aura toutefois pas raison des tourments de l'artiste. Au fur et à mesure que grandit sa réputation, le désespoir s'intensifie.
Alain-Guy Aknin fut le premier journaliste français à interviewer Mike Brant lors de son arrivée à Paris. Il nous livre ici une biographie documentée et analytique sur une existence aussi mythique que tragique ; et nous montre que ces chansons et ce destin fulgurant continuent à marquer la mémoire collective.
Stéphane Loisy
Collection dirigée par Stéphane Loisy
Journaliste dans une agence de presse américaine, Alain-Guy Aknin a ensuite été rédacteur en chef de l'hebdomadaire Pop Music, a produit et présenté des émissions sur RMC et a collaboré à L'Express. Il est l'auteur de nombreux livres consacrés aux vedettes de la chanson et notamment, chez Alphée -Jean-Paul Bertrand, de Claude François, un chanteur populaire.
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