Présentation de l'éditeur :
Donatien Alphonse François de Sade, né le 2 juin 1740 et mort le 2 décembre 1814, est un homme de lettres français, romancier et philosophe, longtemps voué à l'anathème en raison de la part accordée dans son oeuvre à l'érotisme, associé à des actes impunis de violence et de cruauté (fustigations, tortures, meurtres, incestes, viols, etc.). L'expression d'un athéisme virulent est l'un des thèmes les plus récurrents de ses écrits. Détenu sous tous les régimes politiques (monarchie, république, consulat, empire), il est resté enfermé — sur plusieurs périodes, pour des raisons et dans des conditions fort diverses — pendant vingt-sept ans sur les soixante-quatorze années que dura sa vie. Lui-même, en passionné de théâtre, écrit : « Les entractes de ma vie ont été trop longs ». Il meurt à l'asile d'aliénés de Charenton. De son vivant, les titres de « marquis de Sade » ou de « comte de Sade » lui ont été alternativement attribués, mais il est plus connu par la postérité sous son titre de naissance de marquis. Dès la fin du XIXe siècle, il est surnommé le « divin marquis », en référence au « divin Arétin », premier auteur érotique des temps modernes (XVIe siècle). Résumé L’ouvrage se présente comme une série de dialogues retraçant l’éducation érotique et sexuelle d’une jeune fille de 15 ans. Une libertine, Mme de Saint-Ange, veut initier Eugénie « dans les plus secrets mystères de Vénus ». Elle est aidée en cela par son frère (le chevalier de Mirvel), un ami de son frère (Dolmancé) et par son jardinier (Augustin). Étude de l'œuvre Un enseignement en alternance Le livre n’est pas qu’une longue description de gestes et d’actions. Il est construit (surtout le troisième dialogue) sur l’alternance entre dissertation philosophique et application concrète des préceptes évoqués. La théorie alterne avec la pratique. Le titre du livre évoque déjà cette dualité puisque le boudoir est une petite salle disposée généralement entre la chambre et le salon, c’est-à-dire, entre la pièce consacrée aux ébats amoureux et la pièce consacrée à la conversation. La théorie Au-delà de la crudité du texte et de son thème libertin, on y trouve une diatribe philosophique, presque un appel aux armes, mettant en lumière les idées du Marquis par rapport à la liberté, la religion, la monarchie, et les mœurs. Intitulé « Français, encore un effort si vous voulez être républicains », l’appel public qui s’insère avant le cinquième dialogue présente les mêmes idées que celles qui figurent dans les onze « opuscules politiques » de Sade publiés entre 1790 et 1799. La réflexion de Sade s’inscrit parfaitement dans celle de son époque. Elle prolonge les débats philosophiques sur le concept de Nature et sur le rôle de la société par rapport à cette Nature ainsi que sur l’influence de cette dernière sur les comportements humains. La réflexion libertine exposée par Sade part du principe que la Nature régit l’univers et ses composants. Dieu n’existe que dans l’esprit des hommes. Il n’est qu’une idole parmi d’autres. Ce retour à la Nature comme seul principe suprême semble puiser ses origines dans la philosophie antique. Cette hypothèse est confortée par la brochure du cinquième dialogue où il est fait notamment l’apologie de l’athéisme. Le seul culte toléré serait un retour au paganisme romain : « Puisque nous croyons un culte nécessaire, imitons celui des Romains. » La Nature étant le seul moteur du monde, tout ce qui suit ses principes en vient à être légitimé par elle. Le sexe, l’égoïsme, la violence sont autant de manifestations que l’on trouve dans la nature et de manifestations de la Nature en l’homme et, partant, elles peuvent être légitimées comme étant « naturelles », au-delà du Bien et du Mal. En effet, ces constructions morales (le Bien et le Mal) sont directement visées par cette argumentation. N’existant pas dans la Nature, elles ne peuvent être prises comme fondements de nos actions. La Nature doit rester notre seul modèle....
Un mot de l'éditeur :
La Philosophie dans le boudoir ou les instituteurs immoraux, portant en sous-titre "Dialogues destinés à l’éducation des jeunes filles", est probablement une des oeuvres majeures de Sade. L’histoire narre l’éducation érotique, sur une journée, d’une jeune fille, Eugénie de Mistival, que Mme de Saint-Ange et le chevalier de Mirval, son frère, vont initier à toutes les facettes de la luxure et de la gymnastique de l’esprit, aidés du sodomite Dolmancé et d’un garçon jardinier, Augustin. Composé sous la forme de sept dialogues entrecoupés de discours sur la liberté, la religion, la politique, la morale, La Philosophie dans le boudoir offre au lecteur, en un volume, la palette des possibles offerts par la lecture de Sade : la luxure outrancière et illimitée (jusqu’au crime), le discours (philosophie et politique) insurrectionnel et illuminé, pour l’avènement d’hommes naturels jouissant sans entraves. oeuvre composite (le cinquième dialogue "Français encore un effort..." dans lequel Sade justifie ses paradoxales opinions révolutionnaires était, sans doute, à l’origine, destiné à une publication indépendante), mais oeuvre complète, La Philosophie dans le boudoir est à l’adresse de ceux que la volupté et le sort de vivre en étant pleinement n’effraient pas car « ce n’est qu’en sacrifiant tout à la volupté, que le malheureux individu connu sous le nom d’homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelques roses sur les épines de la vie ».
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