Extrait :
D'ACCORD, la nuit, une fois de plus une lutte acharnée contre la mort, les bribes d'un sommeil tourmenté, ma chambre d'enfant ébranlée par plusieurs orchestres fatals et toutes ces voix de cambrioleurs qui crient mon nom dans l'arrière-cour. Pas de bruit de route principale ni de gémissements poussés par des monstres forts et laids, relâchés à présent dans la nature. Rien que le clavier du noir absolu, les hurlements dans la tête, ce tambourinement arythmique, merde. Avant, tout ça coulait du nez, c'était pubertaire, joli, direct sur le papier, alors que maintenant, c'est de la littérature laborieuse.
À 16 h 30, je me réveille, enveloppée dans des draps, sans savoir où je suis, avant tout ennuyée par moi-même. Je m'accroupis. C'est comme si une couronne de laurier sanglante coulait de mon oreille. Devant moi s'illuminent ce que j'identifie comme témoins de la laideur de la haute société : deux cigarettes, deux lignes de Ritaline sniffées à l'aide d'un ticket de caisse au lieu d'un billet de banque pour des raisons hygiéniques, du parmesan pulvérisé et une crise de nerfs qui prend des proportions angoissantes : le manque de kétamine sans doute. Depuis des mois je rêve de diagnostics de cancer, pas des cauchemars, mais quelque chose de plus profond, où je me réveille toujours en hurlant, parce qu'il y a tellement de pensées et que je ne suis plus capable de distinguer les miennes de celles des autres. Tous ces excès gastro-intestinaux accompagnés de crises d'angoisse me donnent envie de me jeter par la fenêtre du troisième étage, mais au lieu de ça, j'allume RTL2 où ils passent un super reportage animalier, présenté comme un énorme événement télévisuel. Tout à coup, on voit un chacal à l'esprit vif, puis un contrechamp et un plan d'ensemble sur un troupeau de suricates qui se fait déchiqueter par le chacal et alors le spectateur pense avec amour : oui, ces putains de suricates ont malheureusement l'air tellement cons, incroyable, ils ont pas mérité mieux que de se faire bouffer.
Soit je me branle en matant des films porno hardcore, soit je fixe mes ongles pour ensuite me regarder dans la glace. Les extrémités de ma peau se sont muées en eczéma sclérosé et mes cils sont cassants.
A ce moment-là, le silence tombe encore.
Revue de presse :
This book is phenomenal. And Hegemann is a phenomenon. ... this book is already a literary sensation. (Süddeutsche Zeitung.)
Helene Hegemann is the sensation of this season... Axolotl Roadkill is the big coming-of-age-novel for the Generation Zero. (Frankfurter Allgemeine Zeitung.)
This book is driven by a constant search, packed with spot-on observation and surprising ideas. Helene was offered the big stage - She jumped on it. (Der Spiegel.)
Such a debut is very rare... a masterfully narrated surrealism... In its ripping rhetoric movement Axolotl Roadkill renders into an apocalyptic speech, in its literary gestures almost into absurdity. (Die Zeit)
A book that is startlingly intelligent, pleasantly grotesque and deliciously eloquent. (Die Welt)
There hasn't been a German debut with such force for a long time... (FAS)
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