Quatrième de couverture :
En 1914, une génération s'engagea dans la guerre pour ce qu'elle croyait être une cause juste. Quatre ans de conflit entraînèrent la mort de dix millions d'hommes et ébranlèrent, en profondeur, les sociétés et les régimes européens. Une fois la paix retrouvée, les formes de la commémoration occultèrent le souvenir de ce carnage ; en Allemagne, en Italie comme dans les pays vainqueurs, afin d'exorciser le traumatisme de la violence, on préféra exalter le martyre des soldats, en sacralisant leur combat. C'est une telle sanctification que George Mosse étudie dans ce livre, à travers ce qu'il nomme le < > : la mémoire déformée du combat, le culte quasi religieux du soldat qu'évoquent les monuments aux morts ou les cartes postales. L'auteur montre aussi comment, par un étrange processus destiné à apprivoiser la mort, la guerre devint un objet de commerce : jeux pour enfants, bibelots, souvenirs humoristiques ne traduisaient-ils pas ce besoin de banaliser l'horreur ? Mais exorcisée ou banalisée, l'expérience de la mort massive ne fut pas sans entamer la valeur de l'existence humaine, rendant alors concevable la violence totalitaire. Le mythe de la guerre fut exploité par les partis extrémistes ; il nourrit le nationalisme de revanche. De ce processus de < >, le nazisme est directement issu.
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Le bouleversement actuel de l'historiographie de la Grande Guerre, qui fait plus de place à la barbarie qu'à l'héroïsme des combattants, doit beaucoup à l'œuvre de l'historien américain Georges Mosse. Son concept novateur de "brutalisation" met l'accent sur l'intériorisation par les soldats d'une violence de guerre inouïe, inconnue auparavant dans l'histoire de l'Occident. Le plus étonnant dans cette mémoire du conflit étant certainement dans l'immense dénégation de cette expérience traumatisante, très visible dans la production des images et des objets commémoratifs de l'après-guerre. Pour l'illustrer, l'historien n'hésite pas à faire un détour passionnant par les cartes postales humoristiques, les jeux de sociétés, les jeux des enfants, autant d'objets de l'ordinaire délaissés par les historiens. La guerre 14-18, à travers sa radicalisation du combat, ouvrait en tout cas une boîte de Pandore d'où allait pouvoir naître la violence nazie et qui allait faire d'elle la matrice des violences totalitaires. --Hervé Mazurel
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