Présentation de l'éditeur :
Stephen Smith, ancien responsable d'Afrique à Libération puis au Monde, travaille depuis vingt-cinq ans sur le continent noir. Il a publié en «Pluriel» Oufkir, un destin marocain (2002), Négrologie (2004), et, avec Antoine Glaser, Comment la France a perdu l'Afrique (2006).
Géraldine Faes est rédactrice en chef d'Epok, l'hebdomadaire de la Fnac. Elle est l'auteur, en collaboration avec Stephen Smith, de Bokassa Ier, un empereur français (Calmann-Lévy, 2000).
Tout le monde l'admet à présent : il y a une «question noire» en France. En revendiquant une «citoyenneté à part entière et non plus entièrement à part», ou de façon violente, comme lors des émeutes urbaines de l'automne 2005, les Français noirs cherchent à sortir de leur statut paradoxale de «minorité invisible». De la traite esclavagiste à la colonisation, des enjeux de mémoire sont au coeur de leurs affirmations identitaires qui prennent parfois le tour de reconstructions historiques victimaires. Ce livre retrace la genèse de la France noire, issue des Département d'Outre-mer (DOM) et de l'immigration africaine. Il nous rappelle aussi que la présence noire en France a un long passé, depuis les «zoos humains», la vogue nègre et la participation des troupes coloniales aux deux guerres mondiales. Il ouvre ainsi la perspective sur une conscience nationale, ni «blanche» ni «noire», qui aurait raison des discriminations raciales.
Extrait :
Extrait de l'introduction :
Pour le meilleur et pour le pire, 2005 aura été l'année noire en France.
Qu'on se souvienne : la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité est à peine créée, six longues années après avoir été recommandée au gouvernement, que, le 16 janvier, «les indigènes de la République» lancent leur appel, un réquisitoire contre «l'État colonial», Léviathan raciste depuis la traite esclavagiste jusqu'à la «relégation» des immigrés et de leurs enfants dans des «zones de non droit». Un mois plus tard, l'humoriste Dieudonné choque en qualifiant la commémoration de la Shoah de «pornographie mémorielle». Le Monde dénonce, à la une, un «nouvel antisémitisme», Libération fait sa manchette sur «Le malaise noir». Le 23 février, le vote par l'Assemblée nationale d'une loi érigeant en vérité officielle «le rôle positif» de la colonisation soulève de vives protestations contre un «révisionnisme d'État». La polémique jalonnera toute l'année, à coups de pétitions rivales et de tête-à-queue parlementaires. L'encre des premières tribunes libres d'historiens n'a pas eu le temps de sécher que, le 8 mars, lors d'une marche de protestation de 160 000 lycéens dans Paris, des casseurs venus des banlieues tabassent et dépouillent des manifestants.
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