Venise, mars 1681...
- Un Iberis amara ! Minane va être fière de moi ! lança Caria d'un ton joyeux. Voilà qui nous sera bien utile, nous en manquions !
Dans ses mains, elle tenait un petit pot de terre cuite où était plantée une brindille vert tendre hérissée de quelques feuilles duveteuses et dentées, qui frémissaient à chaque pas que faisait la jeune fille. Elle traversa une placette ensoleillée autour de laquelle les maisons de pêcheurs, aux murs pastel, se serraient les unes contre les autres. Au centre, la statue polychrome d'une madone implorante dominait les passants, dressée sur son piédestal, les yeux et les paumes tournés vers le ciel.
Arrivée à l'angle d'une bâtisse ocre sur laquelle une treille soulignait les fenêtres du premier étage, Caria pressa le pas et, d'un geste machinal, elle remit en place une mèche de ses beaux cheveux noirs échappée de son bonnet de dentelle. Dans ce quartier humble de Venise, loin du Grand Canal, des gondoles dorées et des palais pavoises, les échos de la ville ne parvenaient que très atténués. Caria se faufila dans un labyrinthe de ruelles étroites et fraîches où les rayons du soleil ne pénétraient que sur les coups de midi. Çà et là, au niveau des fenêtres du deuxième et dernier étage, du linge séchait sur des cordes tendues entre les habitations qui se faisaient face.
Sous une bonne demi-douzaine de draps blancs qui ondulaient au vent léger, la jeune fille s'arrêta enfin et, à l'aide du heurtoir, frappa trois fois à une vieille porte de bois patinée.
- Entre ! lui répondit Minane.
Sujet : Mars 1681 : Carla, jeune fille italienne de 17 ans, quitte Venise pour Versailles, dans l'espoir de parvenir à sauver sa petite cousine malade. Parvenue sur place trop tard, elle entre au service de la Grande Demoiselle qui se rend bientôt compte que Carla a des mains d'or pour coudre mais surtout pour soigner. Ce dernier don va entraîner la jeune fille dans de singulières aventures.
Commentaire : Le principal intérêt de ce roman réside dans la peinture réaliste des relations de l'époque entre grands mais aussi entre les nobles et leur domesticité ou encore avec leurs médecins. Les techniques employées par ces derniers, plus propres à affaiblir le patient qu'à le guérir, sont particulièrement bien mises en exergue. L'auteur utilise un vocabulaire soigné et précis et explicite par des notes certains termes de l'époque peu usités. Malheureusement, le fil de l'intrigue n'est pas toujours très facile à suivre. Enfin, une scène de cauchemar particulièrement atroce, peut heurter les lecteurs sensibles. -- www.choisirunlivre.com