Présentation de l'éditeur :
Beaupré et ses 100 hectares : Alfred, maître absolu de son fief, a toujours fait régner sur sa femme, ses fils et ses brus une loi d'airain. À sa mort, ses héritiers se prennent à rêver. Enfin, ils vont se partager le domaine ! Enfin l'aîné, Lionel, va prendre sa revanche sur Pierre, le fils préféré, et retrouver son dû : les terres de la ferme aux Loups ! C'est oublier le testament, assorti d'un codicille empoisonné à l'adresse de Jeanne, leur demi-soeur : « Elle fut ma joie au quotidien, elle est mon espoir. Je compte sur elle pour que ce qui doit être fait de bien et de beau le soit. » À Beaupré, la guerre ne fait que commencer...
Le monde paysan que décrit Jacques Mazeau est rude et cruel. Quelles jalousies expliquent, dans Terre de sang, l'étrange assassinat d'Émile, retrouvé mort dans son champ, une plaie à la tête ? Quelles haines antiques, dans De l'autre côté de la rivière, séparent les villageois de Neuville et ceux de Bulcy, dans le Nivernais des années 1960 ? Suspense à la Simenon, amours paradoxales et lien viscéral à la terre de Bourgogne : tels sont les composants que manie l'auteur du Pré aux corbeaux, dont Serge Meynard a tiré en 1997 un téléfilm, Le Cri du corbeau.
Extrait :
L'homme, assis à la table de la cuisine, débita une épaisse tranche de pain, coupa une rondelle de saucisson et commença à mâcher lentement, le regard dans le vide.
La pluie fouettait les vitres de la fenêtre et de la porte. De lourds nuages gris couraient dans le ciel et obscurcissaient la pièce. À croire que la nuit tombait. Le bois crépitait dans l'âtre. Le balancier du morbier, coincé entre l'armoire et la maie, égrenait les minutes.
L'homme y jeta un oeil. Huit heures ! Il haussa les épaules. Il avait bien le temps ! Avec cette crasse d'automne, il n'y avait plus grand-chose à faire à la ferme. Depuis qu'il était levé il avait déjà changé la litière des vaches dans la grange attenante à la cuisine et fendu du bois pour une journée de chauffe. Pas question non plus d'aller aux champs. La terre était bien trop détrempée. Tout juste bonne à noyer le ver. Et puis, ce n'était pas vraiment le moment. Il y avait le vieux qui crevait dans le bâtiment d'en face. Cela risquait de prendre encore un peu de temps.
Il terminait son verre de vin quand sa mère entra dans la cuisine. Un petit bout de femme, l'air altier, engoncée dans une blouse grise, trop grande pour elle.
- Bonjour, mon fils !
Il l'interrogea du regard. Elle ne dit rien, défit ses bottes, chaussa ses sabots fourrés et vint s'asseoir en face de lui.
- Ça y est ! Il est passé. J'ai envoyé Justin au chef-lieu prévenir le docteur.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.