Quatrième de couverture :
Pour la tradition juive, le sens de l'Ancien Testament est inépuisable : l'interprétation est libre de remplir les blancs et les marges des signes linguistiques, et d'en proposer, de génération en génération, des lectures nouvelles. A l'opposé de toute vision dogmatique, cette permanente invention du sens constitue l'essence même de la Révélation. Les multiples interprétations de la Bible cherchent avant tout à retrouver le souffle originel qui anime ce texte, les échos encore audibles de la voix infinie qui parle à travers lui. Il y a là comme un Eros qui vivifie le texte, reflet lointain de la parole divine. Certes, parce que cette parole est destinée aux hommes et qu'elle vise à régler leur vie sur cette terre, le souffle originel de l'Eros divin s'est incarné, dans le texte biblique, en discours de la Loi. Mais pour comprendre l'esprit qui le fait vivre, il s'agit de retrouver, derrière ce discours de la Loi, l'Eros primordial qui l'entraîne. Cette inspiration, Stéphane Mosès a voulu la retrouver dans sa lecture de textes majeurs de la Bible : la création de l'homme et de la femme, le conflit entre Jacob et Esaü, le récit de la Révélation du Sinaï, l'allégorie des quatre Empires dans la vision de Daniel, les passages mettant en scène trois prières pour l'étranger. Mais cette tradition elle-même est réinterprétée ici dans les termes du discours philosophique occidental. A leur tour, ceux-ci seront remis en question par les catégories juives qui les travaillent de l'intérieur. De ces déplacements de concepts naît ici une autre façon, à la fois nouvelle et très ancienne, de lire la Bible et donc une autre manière de déchiffrer le monde, une autre manière d'y projeter un sens.
Présentation de l'éditeur :
L'extrême attention portée à la consistance même du texte a toujours caractérisé l'interprétation juive de la Bible, depuis les plus anciens commentaires talmudiques jusqu'à l'exégèse des maîtres hassidiques du XVIIIème siècle et de leurs successeurs. Rien n'est ici indifférent : ni le choix des mots, ni leur forme grammaticale ni leur agencement syntaxique ni même leur texture sonore, encore moins les correspondances qui relient entre eux ces éléments. A son tour, le " résultat " de cette pratique des textes peut être traduit dans le langage de la raison occidentale, une raison qui, du reste, est ainsi transformée voire subvertie par la tradition juive. Ces principes, Stéphane Mosès les a mis en oeuvre dans sa lecture de textes majeurs de la Bible : le récit de la Création et celui du conflit entre Jacob et Esaü dans le livre de la Genèse, la révélation du nom divin, la révélation du Sinaï et l'épisode du Veau d'or dans le livre de l'Exode, l'allégorie des empires dans le livre de Daniel, ainsi que " trois prières pour l'étranger ". Il montre comment, dans ces textes, est au travail le rapport entre l'eros et la loi, le désir et la règle, la promesse et l'accomplissement, l'expérience de l'illimité et les frontières du langage. Comment, d'autre part, ces thèmes trouvent écho dans la philosophie occidentale, non sans questionner cette dernière et lui faire opérer des déplacements inédits par rapport à la tradition " grecque ". Dans cette pratique de l'interprétation, la plus extrême littéralité ouvre paradoxalement à l'invention du nouveau.
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