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Hatzfeld, Jean Récits des marais rwandais ISBN 13 : 9782021162585

Récits des marais rwandais - Couverture souple

 
9782021162585: Récits des marais rwandais
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En trois livres d'une portée internationale, Jean Hatzfeld a écrit un triptyque du génocide tutsi perpétré au Rwanda en 1994, et cet ensemble est proposé pour la première fois en un seul volume, afin de faire apparaître l'ampleur et l'articulation de cette oeuvre d'écoute et d'interrogation. Le premier tome (Dans le nu de la vie), paru en 2000, s'intéresse aux rescapés tutsis, le deuxième (Une saison de machettes, 2003) aux tueurs hutus, et le troisième (La Stratégie des antilopes, 2007) raconte le vertigineux voisinage, aujourd'hui, des uns et des autres revenus sur leurs collines. Récits des marais rwandais est issu de nombreux séjours, effectués au cours d'une dizaine d'années, dans une seule et même bourgade, Nyamata, et ses hameaux bordés de marais et de forêts, lieux des massacres. En tissant au fil du temps un lien patient, jamais rompu, avec vingt-six interlocutrices et interlocuteurs appartenant aux deux communautés, en multipliant non sans obstination ses interrogations avec eux, et en réalisant un travail d'écriture sur la langue et le souvenir à partir de ces récits, Jean Hatzfeld a constitué un univers génocidaire d'une dimension exceptionnelle, dont l'écho nous habite durablement.

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Extrait :
Introduction

En 1994, entre le lundi 11 avril à 11 heures et le samedi 14 mai à 14 heures, environ 50000 Tutsis, sur une population d'environ 59000, ont été massacrés à la machette, tous les jours de la semaine, de 9 h 30 à 16 heures, par des miliciens et voisins hutus, sur les collines de la commune de Nyamata, au Rwanda. Voilà le point de départ de ce livre.
Quelques jours plus tôt, au soir du 6 avril 1994, l'avion qui ramène à Kigali le président de la République rwandaise, Juvénal Habyarimana, explose au-dessus de l'aéroport. Cet attentat précipite le signal des tueries de la population tutsie, qui, planifiées depuis des mois, débutent à l'aube dans les rues de la capitale, et s'étendent dans le pays.
A Nyamata, bourgade du Bugesera, une région de collines et de marais, les tueries commencent dans la grand-rue quatre jours plus tard. Des foules de Tutsis cherchent aussitôt refuge dans les églises ou s'enfuient dans les bananeraies, les marais et les forêts d'eucalyptus. Les 14, 15 et 16 avril, cinq mille personnes sont assassinées dans l'église de Nyamata, et autant dans l'église de N'tarama, hameau éloigné d'une vingtaine de kilomètres, par des miliciens, des militaires et l'immense majorité de leurs voisins hutus. Ces deux massacres inaugurent le génocide dans cette contrée aride de latérite argileuse. Il dure, là-bas, jusqu'à mi-mai. Un mois durant, les milices de tueurs, disciplinés, sobres, chantants, encerclent et pourchassent les fuyards, à travers la forêt d'eucalyptus de Kayumba, dans les marécages de papyrus de Nyamwiza; armés de machettes, de lances et de massues. Cette application leur permet de tuer cinq Tutsis sur six, autant que dans l'ensemble des villages rwandais, beaucoup plus que dans les villes.
Pendant plusieurs années, les rescapés des collines de Nyamata, comme ailleurs, ont gardé le silence, aussi énigmatique que le silence des rescapés au lendemain de l'ouverture des camps de concentration nazis. Pour les uns, expliquent-ils, «la vie s'est cassée» ; pour d'autres «elle s'est arrêtée» ; pour d'autres encore «elle doit reprendre absolument» ; et cependant tous admettent qu'entre eux ils ne parlent que du génocide. D'où l'initiative de revenir là-bas et de converser avec eux, de boire des bières Primus chez Marie-Louise, ou du vin de bananes au comptoir de Kibungo, de multiplier les visites dans les maisons de pisé, sur les terrasses des cabarets, à l'ombre des acacias, d'abord timidement, puis avec plus de confiance, de familiarité, à la rencontre de Cassius, de Francine, d'Angélique, de Berthe et des autres, pour les convaincre de raconter. Plusieurs d'entre eux se montrent dubitatifs quant à l'intérêt de parler à un étranger, ou quant à l'intérêt d'un étranger pour leurs récits, mais aucun ne refuse.
Pour expliquer leur silence si long, ils disent aussi par exemple qu'ils «se sont trouvés poussés dans le bas-côté, comme s'ils étaient de trop dans la situation». Ou «qu'ils se méfiaient des humains», qu'ils étaient trop découragés, éloignés, «démolis». Qu'ils se sont sentis «gênés», ou parfois «blâmables» aussi, d'avoir pris la place d'une connaissance ou de reprendre des habitudes de vivants.
Cultivatrices, bergers, commerçantes, enseignants, assistante sociale, aide-maçon, ils racontent jour après jour, à Nyamata ou sur les hauteurs environnantes, au gré de leurs hésitations ou de leurs difficultés à évoquer certains souvenirs, et au fil de questions nouvelles qui apparaissent en les écoutant. La plupart, sceptiques ou indifférents aux leçons de l'histoire, sont malgré tout tentés de partager avec autrui leur incompréhension, leur désarroi et leur solitude aujourd'hui.

Un génocide n'est pas une guerre particulièrement meurtrière et cruelle. C'est un projet d'extermination. Au lendemain d'une guerre, les survivants civils éprouvent un fort besoin de témoigner ; au lendemain d'un génocide, au contraire, les survivants aspirent étrangement au silence. Leur repliement est troublant.
L'histoire du génocide rwandais sera longue à écrire. Cependant l'objectif de ce livre n'est pas de rejoindre la pile d'enquêtes, documents, romans, parfois excellents, déjà publiés. Uniquement de faire lire ces étonnants récits de rescapés.
Un génocide est - résumant la définition de l'une d'entre eux - une entreprise inhumaine imaginée par des humains, trop folle et trop méthodique pour être comprise. Le récit des courses dans les marécages de Claudine, d'Odette, de Jean-Baptiste, de Christine et de leurs voisins ; la narration, souvent durement et magnifiquement exprimée, de leurs bivouacs, de leur déchéance, de leur humiliation puis de leur mise à l'écart ; leur appréhension du regard des autres, leurs obsessions, leurs complicités, leurs interrogations sur leurs souvenirs ; leurs réflexions de rescapés, mais aussi d'Africains et de villageois, permettent de s'en approcher au plus près.
Biographie de l'auteur :

Jean Hatzfeld est journaliste et écrivain. Il a publié des récits, L'Air de la guerre (prix Décembre 1994), Dans le nu de la vie (prix France Culture 2001), Une saison de machettes (prix Femina essai 2003), La stratégie des antilopes (prix Médicis 2007) et quatre romans dont La Guerre au bord du fleuve et La Ligne de flottaison.

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  • ÉditeurSEUIL
  • Date d'édition2014
  • ISBN 10 2021162583
  • ISBN 13 9782021162585
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages704

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Hatzfeld, Jean
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ISBN 10 : 2021162583 ISBN 13 : 9782021162585
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Gallix
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ISBN 10 : 2021162583 ISBN 13 : 9782021162585
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Description du livre Paperback. Etat : NEUF. Rappel des contenus des trois livres réunis en un seul volume :Dans le nu de la vie (2000) (Avec des photographies de Raymond Depardon) Au cours de nombreux séjours dans une petite ville du Rwanda, Jean Hatzfeld a tissé des liens d'amitié et de confiance avec des rescapés Tutsi du génocide. Avec leurs mots ils lui ont raconté ce qu'ils ont vécus. Ces témoignages d'enfants, de femmes et d'hommes, souvent seuls survivants de leur famille, sont bouleversants. Dans leur singularité, ils atteignent, à force d'authenticité, une portée universelle. On ne les oublie plus.Une saison de machettes (2003) Jean Hatzfeld, après de longs séjours sur place, dans la prison où ils étaient enfermés, la plupart déjà jugés, a fait parler les acteurs hutus du génocide, en l'occurrence une bande d'amis originaires de la même région qui, comme ils disent, sont allés " au boulot " ensemble. Ils se sont confiés à l'auteur de façon complètement libre et directe sans soucis d'atténuer leur responsabilité, avec un naturel stupéfiant, y compris pour Hatzfeld. Jamais aucun " génocidaire " du siècle n'a témoigné de cette façon.La Stratégie des antilopes (2007) Troisième volet, époustouflant, de Jean Hatzfeld sur le Rwanda à travers le prisme de Nyamata et de ses environs. Le centre de gravité du livre se trouve dans une décision prise par la présidence rwandaise en janvier 2003 : la libération de dizaines de milliers de Hutus, en vue de procès en réconciliation. C'est dès lors la question du pardon et plus simplement de la coexistence dans un même lieu qui se pose, à la fois pour les bourreaux et les victimes, hantés par leur mémoire mais poussés par la nécessité de continuer de vivre, malgré tout. - Nombre de page(s) : 704 - Poids : 930g - Genre : Littérature française Romans Nouvelles Correspondance FICTION ET CIE. N° de réf. du vendeur N9782021162585

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