Extrait :
Extrait de l'introduction
La nuit commence à tomber, en ce 10 juin 1795, lorsque, franchissant la porte de l'enclos du Temple, un convoi s'engage dans la rue du même nom, où deux détachements ont été disposés pour contenir la foule. Escorté par huit soldats commandés par un sergent, le petit cortège, composé de treize hommes, dont deux portant un cercueil, gagne la rue de la Corderie, suivi à distance par la troupe, puis, franchissant le grand boulevard qui, au sud, mène à la Bastille, rejoint, par les rues Popincourt et Basfroi, la rue Saint-Bernard. Il est environ neuf heures et demie lorsqu'il pénètre dans l'église Sainte-Marguerite, qui sert alors d'école. Une porte, dans le bas-côté de gauche, donne accès au cimetière. Là, dans la fosse commune où, un an plus tôt ont été inhumés les guillotinés de la place de la Bastille et de la place du Trône renversé - notre actuelle place de la Nation -, le fossoyeur Bétrancourt descend le cercueil puis recouvre l'excavation de terre. L'opération, terminée par la signature d'un procès-verbal, aura duré en tout moins de trente minutes, sans cérémonie ni oraison.
D'après les documents officiels, c'est dans ces conditions que s'effectua le dernier voyage de Louis XVII, le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, décédé deux jours plus tôt dans la tour du Temple. Tous les éléments - la date du décès, son lieu, le nom du cimetière, mais aussi le déroulement des trente-quatre mois ayant précédé le trépas de l'enfant-roi, emprisonné avec sa famille avant d'être séparé des siens, puis confié aux soins du cordonnier Simon et de son épouse, et enfin, sous étroite surveillance, confiné dans une chambre jusqu'à l'issue de la maladie qui l'emportera -, sont connus et font partie de l'histoire. Une histoire se rapportant à des événements aujourd'hui vieux de plus de deux cents ans et qui semblent appartenir à l'ordre des faits établis. Dans leur sécheresse, ils contrastent avec la compassion que peut légitimement susciter la longue captivité infligée, sans aucun procès, à un enfant dont le seul tort était l'illustre naissance et la continuité du principe monarchique qu'il incarnait.
Ces faits, qu'appuient d'abondantes archives, sont-ils pour autant incontestables ? Un autre débat, passionné, s'ouvre ici. Il se nourrit des multiples zones d'ombre entourant la dernière année du petit prince captif. Dérobé aux regards, il est inexplicablement livré à lui-même dans un lieu pourtant solidement gardé, au point que le mal dont il souffre ne sera diagnostiqué qu'en toute dernière extrémité, trop tard pour sauver un précieux otage dont les autorités révolutionnaires auraient pu faire, alors que la France était en guerre, une monnaie d'échange ou un moyen de pression. Un abandon pour le moins étrange qui, très tôt, a fait naître l'hypothèse d'une substitution, préalable indispensable aux récits de tous ceux - on en compte une cinquantaine, dont l'un pourvu d'une descendance perpétuant ses prétentions - qui affirmèrent un jour ou l'autre être l'enfant royal extrait secrètement du Temple. Et que dire de l'apparente indifférence des Bourbons remontés sur le trône, qui jamais ne tentèrent d'examiner sérieusement les preuves d'une survivance possible, au moins pour discréditer les imposteurs qu'on leur opposait ?
Présentation de l'éditeur :
Le 8 juin 1795 Louis-Charles Capet meurt de tuberculose à la prison du Temple. Des obsèques très discrètes sont organisées. Plutôt que d’avouer la mort du fils de Louis XVI, la République naissante veut plonger son nom et sa personne dans l’oubli, en tenant sa sépulture secrète. Elle ignore que le mystère va alors créer la polémique. Puisque personne n’a vu le cadavre toutes les hypothèses sont plausibles : l’enfant vit-il encore ? Le corps emporté est-il vraiment celui du petit roi ? L’énigme Louis XVII était née. C’est ce récit passionnant, et celui de toutes les impostures que ce mystère engendra, que nous relate l’auteur dans cet ouvrage clair et vivant.
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