Extrait :
LA PRÉHISTOIRE ET L'ANTIQUITÉ
Vouloir brosser l'histoire de notre territoire des origines de l'homme jusqu'au Moyen Âge relève d'un exercice périlleux, non pas tant par l'étendue chronologique du sujet que par son caractère évolutif. L'état actuel de nos connaissances reste incontestablement lié à l'histoire de l'archéologie, discipline jeune relativement à l'âge de l'humanité. En effet, les textes antiques n'offrent qu'un intérêt limité, du fait de leur durée (ils ne concernent que quelques siècles sur les milliers qui nous intéressent), de leur partialité (vision étrangère ou officielle) et de leur petit nombre. Et, si l'Antiquité classique fait l'objet d'exégèses depuis plus de cinq siècles, en revanche la préhistoire et la protohistoire ne furent véritablement reconnues qu'au XIXe siècle.
La longue naissance d'une discipline
La curiosité pour l'histoire et l'archéologie se manifeste avec la Renaissance, dans la vague humaniste. Les cabinets de curiosités et d'antiques se multiplient ; puis, au XVIIe siècle, on assiste en même temps aux premières fouilles et à la naissance des académies, qui recueillent des informations d'antiquaires venues du royaume et de l'étranger. Avec l'âge classique, on commence à porter attention à l'architecture et aux vestiges de la Gaule romaine, mis au jour au hasard des (re)constructions faites dans les villes et les campagnes. Cependant, l'étude des textes antiques continue de prévaloir : en 1530, le Collège de France avait été créé dans ce but. La Révolution inverse cette tendance et s'attache à valoriser les traces du passé de la nation et de ses habitants : l'attention est portée sur les sépultures et sur les monuments mégalithiques. Parallèlement, à partir de la fin XVIIIe siècle, se développe la mode des «voyages pittoresques» à l'étranger mais aussi en France, pour lesquels on édite des guides illustrés de superbes gravures, favorisant le fort développement de l'archéologie au XIXe siècle.
Avec la création du Comité historique des arts et monuments, se met en place une politique d'inventaires du patrimoine national, qu'il convient désormais de protéger. L'oeuvre de Mérimée (1803-1870), Inspecteur général à partir de 1834, et de ses successeurs permet ainsi la sauvegarde, la restauration et l'étude de nombreux monuments gallo-romains. Les antiquités gauloises ne sont pas négligées pour autant : fondation de l'Académie celtique en 1805, transformée en 1815 en Société royale des antiquaires de France ; fouilles d'Alésia par Napoléon III, etc. Les musées se multiplient - parmi eux, citons celui des Antiquités nationales, installé par Napoléon III dans le château de Saint-Germain-en-Laye. Enfin, est créée en 1905 la chaire d'«histoire et antiquités nationales» au Collège de France.
Quant à la préhistoire, elle naît véritablement au milieu du XIXe siècle. Jacques Boucher de Perthes est considéré comme le «père» de cette science pour avoir affirmé l'existence de l'homme d'«avant le Déluge». Auteur des Antiquités celtiques et antédiluviennes (3 vol., 1847-1864), il distingua le premier entre un âge de la pierre taillée et un âge de la pierre polie (qui donneront un peu plus tard naissance aux divisions de paléolithique et néolithique).
Des tâtonnements historiques
Outre les tâtonnements et imprécisions inhérents à la jeunesse de ces disciplines, les approches historiques ont été aussi marquées par leur propre contexte. Ainsi, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, les a priori religieux ou coloniaux ont influé sur notre vision de l'histoire : par exemple, l'homme de Neandertal a pu être perçu comme archaïque et grossier, en totale opposition avec l'homme de Cro-Magnon, plus proche de notre humanité ; les controverses sur l'antériorité des hommes préhistoriques découverts en Asie puis en Afrique relevaient de la difficulté pour les Européens d'accepter que les plus anciens spécimens humains ne soient pas occidentaux... En ce qui concerne l'Antiquité nationale, la préférence longtemps marquée pour les Romains s'explique par la «civilisation» qu'ils ont apportée, jugée supérieure et bénéfique.
Notre histoire s'est également construite en confrontation avec l'Allemagne et l'Angleterre. C'est dans un contexte nationaliste, qui se renforce avec la guerre de 1870, que se développe ce qu'on pourrait appeler la mythologie gauloise. Heureusement, cette confrontation ne fut pas toujours négative : elle provoqua aussi beaucoup d'émulation. C'est dans cet esprit de saine rivalité que l'on créa par exemple l'École pratique des hautes études en 1868, «laboratoires et séminaires à la mode allemande».
Présentation de l'éditeur :
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