Dans son
Discours de la méthode, Descartes semble annoncer Le Corbusier quand il rêve de villes tracées au cordeau, délivrées du désordre médiéval, et qu'il compare l'empilement chaotique des savoirs hérités de la tradition à ces constructions de guingois encombrant le coeur de la capitale. Déplorant la confusion de leur agencement et magnifiant la transparence des édifices rationnels, Descartes formule le projet utopique d'un futur proche où l'homme se serait rendu "comme maître et possesseur de la nature". Relire le
Discours de la méthode c'est à cet égard remonter à la source des fantasmes prométhéens de la modernité.
Cependant, Descartes redevient philosophe dès lors qu'il rejoint sa chambre et nous invite, à son instar, à nous arrêter en chemin pour tester la solidité de nos certitudes. C'est à l'âge d'homme, quand le savoir accumulé obscurcit l'esprit, qu'il faut savoir s'offrir, au moins une fois en sa vie, le luxe du doute. Faites place nette sur votre table de chevet pour y déposer, comme une purge aux vertus cathartiques, ce texte radicalement moderne ! --Paul Klein
«Si ce discours semble trop long pour être tout lu en une fois, on le pourra distinguer en six parties. Et en la première on trouvera diverses considérations touchant les sciences. En la seconde, les principales règles de la méthode que l'auteur a cherchée. En la troisième, quelques-unes de celles de la morale qu'il a tirée de cette méthode. En la quatrième, les raisons par lesquelles il prouve l'existence de Dieu, et de l'âme humaine, qui sont les fondements de sa métaphysique. En la cinquième, l'ordre des questions de physique qu'il a cherchées, et particulièrement l'explication du mouvement du cœur, et de quelques autres difficultés qui appartiennent à la médecine, puis aussi la différence qui est entre notre âme et celle des bêtes. Et, en la dernière, quelles choses il croit être requises pour aller plus avant en la recherche de la nature qu'il n'a été, et quelles raisons l'ont fait écrire.»René Descartes.