Revue de presse :
Je vous préviens tout de suite, c'est une histoire de terrorisme bactériologique. La tarte à la crème du thriller apocalyptique que je n'achète jamais. Sauf que celui-là, je vous jure que vous ne le lâcherez pas. Au début, on assiste à la destruction d'un laboratoire de recherche biologique vandalisé par une jolie écolo française, toute émue de libérer un ouistiti, une souris et un chat. Rapidement, le conte fleur bleue tourne au film d'horreur...
Grâce à Rufin, haut fonctionnaire habitué à fréquenter les cercles du pouvoir, tout sonne atrocement vrai. C'est à la fois un grand roman policier et un passionnant reportage. On est vite à mille lieues des utopies généreuses où de gentils militants battent la campagne. La lutte contre la pauvreté dans le tiers-monde tourne au combat contre les pauvres. Soudain, une certaine écologie révèle son visage affolant. On ne supprime plus les gens pour leurs opinions, leur race ou leur territoire mais, tout simplement, parce qu'ils sont en trop. C'est du cannibalisme new wave, accompli par de pauvres naïfs manipulés qui atteignent l'orgasme en regardant le soleil se coucher sur le désert. Quand on referme ce livre, on ne voit plus du même oeil les politiques qui beurrent leur programme d'une bonne couche d'écologie. (Gilles Martin-Chauffier - Paris-Match du 4 janvier 2007)
Si l'écologie a le vent en poupe, Jean-Christophe Rufin ne craint pas de souffler une violente bourrasque avec son nouveau roman, Le parfum d'Adam, qui est aussi son premier thriller...
A 54 ans, l'auteur de Rouge Brésil, prix Goncourt en 2001, prouve qu'il connaît ses classiques, John le Carré et George Orwell autant que James Bond. Mais Jean-Christophe Rufin met également à profit sa longue expérience de french doctor - notamment au sein de Médecins sans frontières - dans ce roman d'espionnage très habilement ficelé, solidement documenté et servi par des personnages forts, ne serait-ce que les deux protagonistes féminines. Si la plume s'attarde parfois trop souvent sur le décor, l'action et le suspense l'emportent. Ce Parfum d'Adam, aux effluves nauséabonds, incite surtout à méditer les dérives idéologiques de l'écologie mais aussi les questions que ces dérives soulèvent. (Delphine Peras - Lire, février 2007)
Rufin aime à se glisser dans la littérature de genre pour éclairer des réalités actuelles. Il avait choisi la SF pour évoquer la mondialisation («Globalia») ; l'espionnage lui permet de cerner un autre phénomène menaçant. Comme toujours, l'écrivain mêle à la fiction des bribes de son expérience personnelle. Il a en effet participé à des opérations secrètes dans le cadre de libération d'otages en Afrique et dans les Balkans. L'attrait de son dernier roman, qui confirme son imagination fertile, tient donc en grande part à la solidité des données sur lesquelles il se fonde. (Claire Julliard - Le Nouvel Observateur du 8 février 2007)
Dans son nouveau roman, «Le parfum d'Adam», Rufin se risque au roman d'espionnage. Devant la couverture annonçant un «thriller écologique», on se demande quelle mouche a pu piquer l'auteur de «L'Abyssin». On comprend vite. Ce livre qui reprend à la perfection les codes du genre - page turner obligé, suspense haletant, événements qui s'entassent dans un dénouement toujours repoussé - rassemble les fidèles obsessions de l'auteur : le héros sans attache, la traversée des mondes, le goût de l'imaginaire, la lutte du Bien contre le Mal...
Le récit de cette équipée est passionnant- on songe parfois au remarquable film «L'armée des douze singes» -, il fait frémir en même temps qu'il porte à la réflexion. Rufin réussit son coup. On pense aux plus grands, à Greene, à Le Carré. Avec, de surcroît, la touche du French author, cette manière propre à Rufin, à la fois didactique et légère, de faire comprendre les enjeux, d'exposer une autre vision du monde, de montrer, derrière le mot, l'humain. (Laurent Seksik - Le Point du 8 février 2007)
Extrait :
Wroclaw. Pologne.
Jusqu'aux singes, Juliette n'avait rien ressenti. Ou presque.
Il faut dire que tout avait plutôt bien commencé. Le laboratoire était exactement situé à l'adresse indiquée par Jonathan. Et, en contournant le bâtiment par la gauche, Juliette avait tout de suite repéré la porte de secours, malgré l'absence d'éclairage. La serrure n'opposa aucune résistance à l'action du pied-de-biche. Dans l'obscurité, elle atteignit à bout de bras le boîtier électrique et actionna l'interrupteur. Brutalement, la lumière blanche des néons inonda l'animalerie.
La seule surprise était l'odeur. Juliette s'était préparée à tout sauf à cet écoeurant mélange de fourrure sale, d'excréments et de fruits blets. Heureusement, sitôt la lumière allumée, la puanteur avait diminué, comme si elle s'était réfugiée sous les cages, au ras du sol, avec les ombres. Juliette avait haussé les épaules. Il lui fallut tout de même quelques instants pour calmer sa respiration et vérifier qu'elle n'avait pas déchiré ses gants.
Ensuite, elle s'était avancée vers les cages.
Jonathan n'avait rien pu lui dire sur leur emplacement. Selon les besoins de l'expérimentation, les animaux changeaient souvent de place. Leur nombre aussi variait. Certains étaient sacrifiés ; d'autres venaient les remplacer. On les répartissait par lots, en fonction des traitements qu'ils subissaient. Près de l'issue de secours, qui était restée grande ouverte sur la nuit, deux cages superposées contenaient des chats. Ils semblaient encore en bon état. Dès que Juliette avait entrouvert leur porte, ils bondirent dehors et quittèrent la pièce en courant.
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