Cœur de pierre - Couverture souple

P�ju,Pierre

3,22

9 �valuations de Goodreads

Couverture souple

ISBN 10 : 2070368963 ISBN 13 : 9782070368969

Editeur : FOLIO, 2009

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352pages. poche. Broch�.

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Extrait :

Expulsion

Trois coups !

Quelqu’un frappait � la porte. Trois coups puissants et imp�rieux contre le cadre de bois.

� Police ! � Puis une gr�le de petits coups impatients contre la vitre qui allait voler en �clats. � Ouvrez ! Police ! �

Encore abruti de sommeil, roul� dans ses couvertures sur le matelas de mousse pos� au milieu de la pi�ce vide, Schulz distinguait le bleu des uniformes � travers le verre d�poli. Il entendait des craquements, des bruits de pas et des voix d’hommes autour de la maison. Confus�ment, il avait per�u le ronronnement d’un moteur au ralenti puis des claquements de porti�res. Il avait tellement redout� cet instant ! � l’aube, chaque fois que des pas lourds approchaient dans le noir, il sursautait. Pour la premi�re fois, Schulz esp�rait pouvoir passer l’hiver dans ce qu’il avait si longtemps consid�r� comme � leur � maison. Il avait r�ussi � dormir sans �tre r�veill� par son cauchemar habituel, ni par une quinte de toux. Le froid �tait l� d�sormais, glacial. En ce 31 octobre, il ne restait en principe aux autorit�s que quelques heures pour proc�der l�galement � des expulsions. Et du monde � jeter � la rue, squatters, locataires n’ayant pas pay� leur loyer depuis des mois, il y en avait beaucoup !

Les policiers ou plut�t les juges qui les envoyaient avaient donc attendu le tout dernier jour pr�vu par la loi ! Ils �taient l�. C’�tait fini. Schulz rejeta les couvertures, se dressa p�niblement, chercha en vain ses lunettes et se r�signa � d�verrouiller la porte. Il portait son vieux manteau bleu marine boutonn� jusqu’au cou, un foulard gris, des chaussettes. Pr�t � partir, en somme. Les coups redoublaient. Dans l’affolement, il renversa le petit r�chaud pos� � m�me le sol, avec la casserole contenant un reste de p�tes agglom�r�es, pi�tina la paperasse et les livres qui cernaient le matelas.

Ses lunettes lui manquaient. Sans elles, il n’y voyait pas trop mal, mais il en portait depuis l’enfance et, bien ajust�es sur son nez, elles �taient devenues un masque de protection magique sans lequel il se sentait vuln�rable. Il �tait amaigri et mal ras� et les policiers qui p�n�traient dans la maison lui parurent gigantesques. Ils avaient de beaux visages lisses et roses, et des uniformes impeccables. Puissants et reluisants, ils se trouvaient surtout du bon c�t� de cette saloperie d’existence. Schulz l’avait connu et aim� ce bon c�t�. Il s’y �tait trouv� durant pas mal d’ann�es. Il s’�tait cramponn� longtemps. Et puis un jour, il avait l�ch� prise.

� Monsieur Schulz ? Police ! Vous �tes sous le coup d’une proc�dure d’expulsion prononc�e par le tribunal, le 24 avril de cette ann�e. Nous sommes le 31 octobre, et... � D’une main gant�e de cuir noir, un policier tendait un imprim� officiel tandis que deux de ses coll�gues encadraient Schulz, s’attendant de sa part � un geste de r�bellion. Derri�re eux, un type en civil ne disait rien. Il avait un museau de rat, une casquette de tweed enfonc�e jusqu’aux yeux et prenait des notes en se servant de son porte-document comme d’un pupitre.

Pendant que son coll�gue examinait la carte d’identit� de Schulz, un jeune flic � la moustache et aux sourcils blonds entreprit de secouer et de rouler le matelas de mousse, tout en rassemblant � grands coups de pied les quelques affaires qui jonchaient le parquet. Sous son �paisse semelle, il �crasa une paire de lunettes. Schulz se baissa pour les ramasser mais les verres �taient bris�s et la monture tordue, et il referma sa main sur cette pauvre proth�se brusquement inutile.

On lui tapait fermement sur l’�paule. � Vous n’ignorez pas que cette maison ne vous appartient plus et que vous l’occupez ill�galement, monsieur Schulz ? �

Il se taisait. Il n’ignorait rien.

Quatri�me de couverture :

Le�la, une lyc�enne ardente et audacieuse, troubl�e par un cours de philosophie sur les �mes et les sorts, d�cide de tout quitter, famille, �tudes, banlieue, pour partir sur les routes. Schulz, un homme errant, au bout du rouleau, entra�ne la jeune fille dans une fatale randonn�e. Il y a aussi Ellen, belle Irlandaise, Juliette, com�dienne en qu�te d'un r�le, Mahler, psychanalyste d�traqu�, et Larsen, le romancier aux prises avec l'une de ses cr�atures... Qui manipule ces personnages ? Seule M�m� la Noire, la �femme oracle�, conna�t le secret des destins crois�s. Roman captivant, Cœur de pierre est aussi un r�cit ironique et m�taphysique, qui parle de la fatalit�, de l'incertitude des relations entre les hommes et des pouvoirs de l'�criture.

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