Présentation de l'éditeur :
«Parlant de Sanctuaire, André Malraux a dit que Faulkner avait introduit le roman policier dans la tragédie antique. C'est vrai. Il y a d'ailleurs du roman policier dans toute tragédie. Faulkner, qui le sait, n'a pas hésité à choisir ses criminels et ses héros dans les journaux d'aujourd'hui. Le Requiem est ainsi, selon moi, une des rares tragédies modernes. Le Requiem, dans sa forme originale, n'est pas une pièce. C'est un roman dialogué. Mais son intensité est dramatique. D'abord parce qu'un secret y est progressivement révélé et que l'attente tragique y est constamment entretenue. Ensuite parce que le conflit qui oppose les personnages à leur destin, autour du meurtre d'un enfant, est un conflit qui ne peut se résoudre sinon dans l'acceptation de ce destin lui-même. Faulkner contribue ici à faire avancer le temps où la tragédie à l'œuvre dans notre histoire pourra s'installer aussi sur nos scènes. Ses personnages sont d'aujourd'hui et ils sont affrontés pourtant au même destin qui écrasait Electre ou Oreste. Seul un grand artiste pouvait tenter ainsi d'introduire dans nos appartements le grand langage de la douleur et de l'humiliation. Ce n'est pas un hasard non plus si l'étrange religion de Faulkner est vécue dans cette pièce par une négresse meurtrière et prostituée. Cet extrême contraste résume au contraire l'humaine grandeur de son Requiem et de toute son œuvre. Ajoutons pour finir que le grand problème de la tragédie moderne est un problème de langage. Des personnages en veston ne peuvent parler comme Œdipe ou Titus. Leur langage doit être en même temps assez simple pour être le nôtre et assez grand pour atteindre au tragique. Faulkner a trouvé, selon moi, ce langage. Mon effort a été de le restituer en français et de ne pas trahir l'œuvre et l'auteur que j'admirais.» Albert Camus.
Quatrième de couverture :
Sanctuaire, l'un des romans les plus célèbres de Faulkner, racontait l'aventure scandaleuse d'une jeune collégienne américaine, Temple Drake, séquestrée dans une maison close par un gangster dégénéré, Popeye. Elle était libérée par l'arrestation de son «protecteur», condamné quelques mois plus tard et exécuté pour meurtre.Sept ans après, Temple Drake est devenue une bourgeoise américaine, mariée au jeune homme qui fut responsable de son infamie, et mère de deux enfants. Elle a à son service une négresse, ancienne prostituée, Nancy Mannigoe. Survient un louche individu qui possède sur la vie passée de Temple des renseignements compromettants et qui la fait chanter. Temple est-elle amoureuse de cet homme, ou bien reprise par le goût du vice ? Elle décide de s'enfuir du domicile conjugal. Pour la retenir, Nancy Mannigoe imagine un horrible forfait : de ses propres mains elle tue l'un des enfants confiés à sa charge. Nancy est condamnée à mort. Mais Temple, sous la pression de son oncle Gavin, avocat de la criminelle, se rend chez le gouverneur pour arracher la grâce de la coupable. Elle ne peut y parvenir, mais trouve au moins l'occasion de confesser sa propre turpitude et de se racheter par l'humiliation, première station du long calvaire qui l'attend.Telle est l'étrange et dramatique histoire que conte le grand romancier dans cet ouvrage, sorte de roman dialogué dont Albert Camus a tiré une pièce.
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