Extrait :
J'essaie de me rappeler quand tout a commencé, en évoquant mon enfance et en me demandant si un événement particulier a fait de moi ce que je suis. Je n'y avais jamais beaucoup pensé avant, parce que, l'un dans l'autre, j'étais heureux. Sans doute grâce à mon père, dont la protection m'évitait de découvrir de quoi il retournait. Je n'avais que trois ans quand j'ai perdu ma mère, mais ce choc-là aussi a été atténué : elle était malade depuis si longtemps que, à sa mort, j'avais l'habitude de passer mes journées avec la nourrice.
Mes souvenirs d'enfance les plus nets sont de très bons souvenirs. À huit ans, j'ai été renvoyé de l'école avec une lettre du médecin scolaire. Une infection virale s'était répandue parmi les élèves, et après examen il s'avérait que j'en étais porteur. On m'a mis en quarantaine et interdit de me mêler aux autres enfants jusqu'à ce que je ne risque plus de les contaminer. Finalement, je suis entré dans une clinique privée, où on m'a retiré deux amygdales en parfait état, mais je n'ai retrouvé l'école que peu après l'anniversaire de mes neuf ans.
La quarantaine avait duré près d'un an, y compris les mois les plus chauds d'un long été brûlant. Je passais presque tout mon temps seul. Au début, je me sentais délaissé, isolé, mais je n'ai pas tardé à m'adapter. Les plaisirs de la solitude m'ont été révélés - innombrables lectures et longues promenades dans la campagne, autour de chez moi, où j'ai remarqué pour la première fois la vie sauvage. Mon père m'a acheté un appareil photo basique. J'ai entrepris d'étudier oiseaux, fleurs et arbres, compagnons finalement plus agréables que mes amis. Je me suis bâti dans le jardin un repaire secret où j'ai passé des heures, avec mes livres ou mes photos, à rêver et à me raconter des histoires. J'ai construit une petite voiture, dotée des roues d'un vieux landau, dans laquelle j'ai filé sur les sentiers et les collines alentour, plus heureux que je ne l'avais jamais été. Cette époque de contentement, de simplicité, m'a permis de me forger des forces intérieures et une solide assurance. Inévitablement, j'en suis sorti transformé.
Quatrième de couverture :
Victime d'un attentat à la voiture piégée, Richard Grey, cameraman professionnel, se remet peu à peu dans une clinique où il est gardé au secret par le gouvernement britannique. C'est là que son ancienne petite amie, Susan Kewley, une artiste, finit par le retrouver. Mais Grey n’a plus aucun souvenir d’elle, elle pourrait aussi bien n’avoir jamais existé. Peu à peu, la mémoire va lui revenir et, avec elle, l’évocation d’un don étrange que Sue posséderait : le glamour, la faculté de se rendre invisible. Nouvelle exploration de ce qu’est la réalité, nouveau tour de force de Christopher Priest, qui offre avec Le glamour un de ces romans vertigineux dont il a le secret, qui ne se dévoilent que peu à peu et gagnent à être lus et relus.
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