B�ton arm� - Couverture souple

Rahmy,Philippe

3,36

11 �valuations de Goodreads

Couverture souple

ISBN 10 : 2070458725 ISBN 13 : 9782070458721

Editeur : FOLIO, 2015

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Extrait :

UNE JOUVENCE DU REGARD

Pour celui qui voyage souvent, il subsiste toujours une nostalgie : celle de ne pouvoir revivre de nouveau un premier voyage, de ne plus retrouver l'�merveillement pur de la d�couverte. Le voyage tue le voyage. Il �tablit des routines, et, par-del� l'apparent changement des d�cors, le voyageur blas� finit par ne plus rien voir : ni les autres, ni lui-m�me. J'ai connu, comme beaucoup, ces moments de permanents d�placements, au cours desquels toute perception se brouille. Lieux et personnes se confondent, dilu�s dans une perp�tuelle naus�e.
Philippe Rahmy nous offre un rem�de radical contre cette usure du regard. Il nous donne, dans ce texte, la merveilleuse occasion de red�couvrir les �motions pures du premier instant. En le suivant � Shanghai, on ne plonge pas dans un inconnu apprivois� par la routine du voyage ; on retrouve au contraire, par Vacuit� de son regard et la gr�ce de son �criture, une fra�cheur dans la d�couverte, une avidit� de voir et de sentir que Von croyait avoir oubli�es.
Ce livre est une jouvence du regard. Il restitue le monde dans son myst�re premier, celui qui a boulevers� l'enfant que nous avons �t� et que le temps a enseveli. Cependant, � la diff�rence du regard d�sarm� de l'enfant, celui de Philippe Rahmy, pour cette premi�re fois, est le regard d'un homme adulte, m�ri par la r�flexion, une grande culture et la souffrance.
Je ne veux pas m'�tendre ici sur les raisons qui ont fait que Philippe Rahmy n'a pas pu voyager jusqu'� pr�sent et pourquoi un tel d�placement lui a demand� d'immenses efforts. Je veux seulement souligner ceci : la longue peine d'enfermement que lui ont inflig�e les faiblesses constitutionnelles de son corps a extraordinairement d�velopp� sa curiosit�, sa sensibilit� et sa culture. Rien de tel que d'�tre immobile pour r�fl�chir plus que quiconque au mouvement, au voyage, � la puissance du r�ve et de l'imaginaire. L'admirable de l'affaire est qu'il a transform� cet obstacle en libert� int�rieure, cette fragilit� physique en force morale et qu'avant de voir, il a pris le temps de construire un vrai regard.
La vision qu'il nous livre de Shanghai est celle d'un homme pour qui cette ville repr�sente non pas un lieu parmi d'autres, mais un nouveau monde. C'est qu'il lui en a co�t� pour l'atteindre ! En notre si�cle de vitesse et de facilit�, Rahmy nous restitue un attribut qui fut longtemps propre au voyage : la difficult�. Il est plus pr�s, � sa mani�re contemporaine, d'un Marco Polo que de nous. Les dangers que Rahmy a d� affronter ne sont pas les m�mes, mais ils sont aussi nombreux. Il en r�sulte un app�tit de voir multipli� par le long je�ne de l'immobilit�. Il observe tout, le moindre d�tail lui parle, ce qui serait insignifiant pour un autre d�clenche en lui �motions et r�flexions. Le livre que l'on va d�couvrir est un pr�cieux m�lange de choses vues et de m�ditations profondes sur le temps pr�sent, les cultures, les liens qui enferment le monde en lui-m�me et nous le rendent �tranger, sur la puissance de l'�criture et sur ses limites.

Revue de presse :

B�ton arm�, par Philippe Rahmy : un voyage qui conduit le narrateur, atteint de la maladie des os de verre, dans la ville chinoise de Shangai. Un choc humain. Qu'il est possible de voyager au loin, et d'y �prouver l'�merveillement alors que, jusqu'� son s�jour � Shanghai en septembre et octobre 2011, son corps, capitale de la douleur, l'en emp�chait depuis le premier jour, c'est l'exp�rience que rapporte Philippe Rahmy dans un r�cit dont l'�clat domine cette rentr�e litt�raire...
Ainsi que le rel�ve son pr�facier, Jean-Christophe Rufin, parce qu'il est plus sensible que le voyageur routinier t�t ou tard victime de "l'usure du regard", le d�couvreur -� plus forte raison celui qui, comme Philippe Rahmy, court le risque de s'effondrer � tout moment- fait entrer son lecteur dans la fra�cheur des premi�res �motions. (Philippe Delaroche - Lire, septembre 2013)

B�ton arm� n'est ni un roman ni un r�cit de voyage. Plut�t une succession de fragments organis�s en quarante-deux chapitres. Au terme desquels une double vue se d�gage : sur la ville et sur l'int�riorit� du narrateur. Impossibles � dissocier. Inutile par cons�quent de chercher ici la moindre bribe de l'imagerie traditionnelle sur la grande cit� chinoise de la verticalit�. Le Bund, les concessions, le jaillissement des gratte-ciel qui rivalisent d'audace architectonique... tout cela qu'on sent pr�sent, mais qu'on voit finalement peu. Tandis que, par ailleurs, on entend et respire litt�ralement la m�gapole chinoise...
� aucun moment l'�crivain ne d�crit Shanghai, mais il la restitue � la fa�on impressionniste, en posant une myriade de touches dont miraculeusement surgit la nettet� d'un tableau...
Un flot de gros plans dont l'organisation par l'�criture fait sens. Et contin�ment des flashs de la foule comme une in�puisable et multiforme coul�e. (Jean-Claude Lebrun - L'Humanit� du 10 octobre 2013)

Il y a du d�sir, de l'anxi�t�, de la rage, une forme de t�m�rit� lucide et �pre, dans la posture de cet homme qui livre son corps hautement cassable au flux et au reflux urbains. Sa m�moire, habit�e par la douleur, c'est avec la m�me vraie hardiesse frontale qu'il s'y plonge. Trouvant les mots les plus pr�cis, le ton le plus juste, pour dire ces confrontations multiples - avec le dehors, avec son enfance et ses d�mons int�rieurs, avec ses peurs et ses entraves -, Philippe Rahmy en tire une morale non conformiste, une le�on de savoir-vivre au sens le plus litt�ral, le plus digne du terme, et qui ne vaut pas pour lui seul. (Nathalie Crom - T�l�rama du 13 novembre 2013)

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