La mis�ricorde des cœurs - Couverture souple

Borb�ly,Szil�rd

4,05

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Couverture souple

ISBN 10 : 2070467252 ISBN 13 : 9782070467259

Editeur : FOLIO, 2016

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Revue de presse :

Un village hongrois, � la fin des ann�es 60. Un enfant po�te tente d'�chapper � la brutalit� du r�gne des �nouveaux seigneurs� communistes. Poignant...
Une fiction dramatique, poignante, d'une rudesse qui laisse souvent sans voix et qu'on devine amplement nourrie de la r�alit� d'une enfance qui s'est d�roul�e de la fin des ann�es 1960 au d�but de la d�cennie suivante aux confins de la campagne hongroise, pr�s de la Roumanie...
La pr�sence du r�el est infinie, sid�rante dans ce roman � l'estomac. Le r�el dans toute sa trivialit�, sa sensualit� poissarde, sa brutalit� insoutenable, nomm� au plus juste et au plus cru par un enfant anxieux qui, pour y survivre, dispose de deux armes : une spiritualit� na�ve et tendre, une imagination d'enfant qui l'autorise parfois � croire en la possibilit� d'une vie autre, une vie ailleurs. (Nathalie Crom - T�l�rama du 11 mars 2015)

� ces anc�tres peintres de la mis�re sociale, l'�crivain hongrois Szil�rd Borb�ly a embo�t� le pas pour d�crire, dans ce livre de 2013, l'�pret� de son pays dans la fin des ann�es 1960. Son inventivit� stylistique le d�marque de ses a�n�s, puisqu'il ajoute aux dimensions naturalistes et sociales une originalit� narrative qui rend son texte hypnotique. Poignant, ce roman est port� par la voix d'un jeune gar�on, dont les pens�es vont du coq � l'�ne, dans des allers-retours incessants entre les motifs, fondant la chronologie de ces ann�es monotones. L'enfant partage son quotidien avec sa soeur a�n�e et son jeune fr�re, �lev�s par une m�re rev�che et un p�re alcoolique renvoy� du kolkhoze, la faim au ventre, la salet� s'incrustant partout...
Paru un an avant sa mort, le premier roman de Szil�rd �Borb�ly fut un grand succ�s de librairie, dans une Hongrie toujours marqu�e par son pass� r�cent multiplement douloureux. (Sabine Audrerie - La Croix du 11 mars 2015)

A un ami qui lui demandait �qu'y a-t-il de vrai dans ton livre ?� Szil�rd Borb�ly r�pondit : �Presque tout.� Si l'oeuvre m�le m�moire personnelle et fiction en une trame fusionnelle, une chose est s�re : le mis�rable village d�peint dans la Mis�ricorde des coeurs, son unique roman, est le sien...
Si Borb�ly �crit pour la sc�ne, il est avant tout l'un des po�tes majeurs de la Hongrie contemporaine. �Son langage tourne autour de la fragilit� du corps, du dualisme entre existence et disparition. Il offre une vision contradictoire, faite de sensualit� charnelle et d'id�es m�taphysiques�, analyse la po�tesse Krisztina T�th...
Dans le roman, la m�re n'est pas juive mais c'est elle qui veut allumer les bougies pour le Shabbat. Ce roman qui offre plusieurs niveaux de lecture raconte aussi une qu�te existentielle, celle d'un Dieu qui se d�robe...
En hongrois, le livre s'intitule les D�poss�d�s, avec un sous-titre en forme de question : �Alors, il est d�j� parti, le Messie ?� (Mar elment a messiah ?). Autrement dit, le Messie est d�j� pass� mais il ne s'est m�me pas arr�t�. (Florence la Bruy�re - Lib�ration du 30 avril 2015)

Borb�ly. Szil�rd Borb�ly. En France, hormis dans quelques cercles de �sp�cialistes, le nom de ce po�te hongrois ne dira rien � personne. Et pour cause. Son oeuvre est surtout compos�e de �recueils non traduits, bien que �couronn�s de nombreux prix dans son pays. � Il a �t� le po�te le plus prometteur et le plus perdu de la po�sie hongroise �, commente son grand compatriote Imre Kert�sz...
Cette Mis�ricorde, c'est avant tout l'alliance inoubliable d'un climat et d'une voix. Le premier est glacial. On grelotte � toutes les �pages, chez Borb�ly. La bise s'engouffre partout, jusqu'au fond des chaussures et entre les orteils. � J'ai froid aux �ongles, je ne comprends pas que l'on puisse avoir froid aux ongles �, remarque le narrateur. C'est lui - un petit gar�on de 5 ans - qui nous parle ici de sa �famille et de son village, aux confins de la Hongrie, de la Roumanie et de l'Ukraine, vers la fin des �ann�es 1960. Sa voix est aussi p�n�trante que le froid. Ses mots sont simples, mais ils mordent. Leur po�sie sobre et profonde s'infiltre jusque sous les ongles, elle aussi... ?
Le g�nie de Borb�ly consiste, au-del� de toute id�ologie, � montrer comment la haine (comme le froid, la suspicion et la peur) se faufile dans chaque interstice de la vie �ordinaire. Puis s'y dilate au point de briser tout l'espace. (Florence Noiville - Le Monde du 14 mai 2015)

Extrait :

Nous marchons et nous nous taisons. Vingt-trois ans nous s�parent. Vingt-trois est un chiffre indivisible. Vingt-trois ne se divise que par lui-m�me. Et par l'unit�. Voil� la solitude qui nous s�pare. Impossible de la fractionner. Il faut la trimbaler en son entier. Nous portons le d�jeuner. Nous marchons sur le talus. Nous disons un risban. Le risban d'Ogmand. Nous passons par l� chaque fois que nous allons chercher du bois mort dans la for�t. Parfois nous faisons un d�tour par le plat de Szomoga pour pouvoir emprunter la route Kabol�. Parce qu'elle est moins boueuse. Nous disons vasarde. Quelquefois on traverse la For�t-du-Comte, le long de la route Passerelle. Ma m�re porte un fichu sur la t�te. Nous disons une pointe. Les femmes doivent se couvrir la t�te. Les vieilles nouent le fichu sous le menton. Elles doivent le porter noir. Le fichu de ma m�re est color�. Elle le noue dans la nuque, sous son chignon. L'�t�, elle porte une pointe l�g�re. Une blanche, � pois bleus. Elle l'a re�ue de mon p�re l'an dernier, � la foire de K�lcse. Ma m�re a des cheveux ch�tains. Ch�tains rouss�tres, comme les marrons. Tous les marrons ne sont pas rouss�tres. Moi et ma soeur ramassons les marrons � l'automne. Le village n'a qu'un marronnier. Le seul qui ait surv�cu � l'ancien emplacement de la m�tairie Bark�czy. Les autres ont �t� abattus apr�s la guerre. Il n'y a que les peupliers qui supportent ce sol d�tremp�. Et aussi les saules. Nous disons marsaults. Au printemps, il est facile de fabriquer des fl�tiaux de marsault. Nous en jouons pour agacer notre m�re. Mais aussi les chiens et les voisins.
� l'automne, nous allons en cachette retrouver le seul marronnier derri�re le Pr�-de-Kepec. Nous nous glissons furtivement � travers champs. � la fin de l'�t�, les feuilles aux cinq doigts de l'immense arbre tombent, mortes. On dirait des mains coup�es de g�ants gisant par terre. Au printemps, ses fleurs sont des cierges blancs. Ses bogues vertes sont des h�rissons. Nous leur faisons des jambes avec des allumettes. Nous demandons des allumettes br�l�es � ma m�re. Seule ma m�re peut toucher aux allumettes, parce qu'elles ne sont pas � mettre entre les mains des marmots. �Couteau, fourchette, ciseaux � ne pas mettre entre les mains des marmots�, chantonne ma m�re.

�Parce que les seigneurs, c'est nous. Aujourd'hui, le peuple est seigneur. Les exploit�s d'hier. Maintenant c'est nous qui exploitons les koulaks... Si �a vous pla�t pas, vous en faites pas ! Point final !� disent les anciens saisonniers.
�Ils ont eu la partie belle, puisqu'ils n'ont rien apport�, pas m�me un clou, dans le kolkhoze, dit mon grand-p�re qui regrette surtout ses chevaux confisqu�s. Ils en retirent seulement tout ce qu'ils peuvent.
(...)

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