Biographie de l'auteur :
Clive Staple Lewis est né à Belfast en 1898 et mort à Oxford en 1963. Enfant, il était fasciné par les mythes, les contes de fées et les légendes que lui racontait sa nourrice irlandaise. L'image d'un faune transportant des paquets et un parapluie dans un bois enneigé lui vint à l'esprit quand il avait seize ans. Ce fut seulement de nombreuses années plus tard, alors que C. S. Lewis enseignait à l'université de Cambridge, que le faune fut rejoint par une reine malfaisante et un lion magnifique. Leur histoire, "L'Armoire magique", devint un des livres les plus aimés de tous les temps. Six autres "Chroniques de Narnia" suivirent. Le prestigieux prix Carnegie, la plus haute distinction de littérature pour la jeunesse au Royaume-Uni, fut décerné à l'ultime volume, "La Dernière bataille", en 1956.«Quand j'avais dix ans, je lisais les contes de fées en secret. Maintenant que j'en ai cinquante, je les lis sans me cacher» (C. S. Lewis).
Pauline Baynes voit le jour à Brighton en 1922. Elle grandit en Inde, où son père travaille, avant retourner avec sa sœur en Angleterre afin de parfaire son éducation. L'école religieuse lui déplait. Elle change d'établissement et n'évite le renvoi pour mauvaise conduite que de justesse. Ses professeurs ne lui en tiendront cependant pas rigueur, et lui proposeront même de venir enseigner l'art parmi eux, quelques années plus tard. Elle travaille d'abord comme maquettiste auprès du ministère de la Défense, puis à la cartographie -un travail minutieux qui constituera un entrainement précieux aux cartes du monde de Narnia et de la Terre du Milieu. En attendant, il lui faut aussi gagner son indépendance financière. Elle ne rechigne pas face aux travaux alimentaires qu'on lui propose (cartes de vœux, publicités...). En 1948, elle publie "Victoria and The Golden Bird", dont elle a la pleine maternité puisqu'elle en est l'auteur et l'illustratrice. Pauline Baynes travaille à la gouache, à l'encre ou encore au crayon. Elle accorde une grande importance aux détails et considère à ce titre les enluminures médiévales comme le plus grand accomplissement artistique. Elle travaille d'ailleurs deux ans et demi sur l'illustration du Dictionnaire de chevalerie avec un tel souci d'exactitude qu'une seule erreur sera relevée sur ses 600 dessins à la correction. Elle est aussi capable d'audace en matière de design, plantant des cadres pour ne pas les respecter. Mais sa renommée lui vient surtout de sa collaboration avec J. R. R. Tolkien et C. S. Lewis. Ses illustrations du "Monde de Narnia" conservent une certaine primatie dans l'imaginaire des lecteurs. Tolkien souhaitait qu'elle prenne en charge les dessins du "Seigneur des Anneaux", mais pour des raisons de difficulté financière, elle se concentra sur les couvertures et travailla sur d'autres œuvres de l'écrivain ("Les aventures de Tom Bombadil", notamment). Malgré toutes ces consécrations, Pauline Baynes se trouvait souvent des faiblesses, se disant incapable de dessiner quoi que ce soit de moderne. Elle travailla jusqu'à sa mort, en août 2008, laissant derrière elle une œuvre prolifique et atemporelle.
Extrait :
La mauvaise porte
C'est une histoire qui s'est passée il y a très longtemps, à l'époque où votre grand-père était un petit garçon. Une histoire très importante, car c'est elle qui permet de comprendre comment les échanges entre notre monde et le pays de Narnia ont commencé.
À cette époque, Sherlock Holmes vivait encore à Baker Street. A cette époque, si vous aviez été un petit garçon, vous auriez porté un uniforme de collégien au col empesé tous les jours, et les écoles étaient souvent plus strictes qu'aujourd'hui. En revanche, les repas étaient meilleurs. Quant aux bonbons, je ne vous dirai pas à quel point ils étaient exquis et bon marché, sinon je vous mettrais l'eau à la bouche pour rien. Enfin, à cette époque vivait à Londres une petite fille qui s'appelait Polly Plummer.
Elle habitait dans une de ces longues rangées de maisons accolées les unes aux autres. Un matin, elle était dehors dans le jardin arrière quand soudain un petit garçon grimpa du jardin voisin et montra son visage au-dessus du mur. Polly fut extrêmement surprise car elle n'avait jamais vu d'enfants dans cette maison. Seuls y vivaient M. Ketterley et Mlle Ketterley, un vieux garçon et une vieille fille, frère et soeur. Piquée par la curiosité, elle leva le regard. Le visage du petit garçon était très sale, on aurait dit qu'il avait pleuré puis séché ses larmes en se frottant avec les mains pleines de terre. Le fait est que c'est plus ou moins ce qu'il venait de faire.
- Bonjour, dit Polly.
- Bonjour, répondit le petit garçon. Comment t'appelles-tu ?
- Polly. Comment t'appelles-tu, toi ?
- Digory.
- Ça alors, quel drôle de nom !
- Pas plus que Polly.
- Ah ! si.
- Non.
- En tout cas, moi au moins je me lave la figure, dit Polly, ce qui ne te ferait pas de mal, surtout après avoir...
Soudain elle s'arrêta. Elle allait dire «après avoir pleurniché...», mais elle se ravisa car elle se dit que ce n'était pas très courtois.
- Oui, c'est vrai, j'ai pleuré, répondit Digory beaucoup plus fort, comme s'il n'avait plus rien à perdre qu'on le sache. Toi aussi, tu pleurerais, si tu avais vécu toute ta vie à la campagne avec un poney et un ruisseau au bout du jardin et que brutalement on t'amenait vivre ici, dans ce trou pourri.
Ce n'est pas un trou, Londres, répondit Polly, indignée.
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