"Ce livre n'est pas un roman ou une (auto)biographie romancée." Il s'agit simplement pour Sibylle Lacan, troisième enfant de l'éminent psychanalyste, née d'un premier mariage avec Malou Blondin d'évoquer non l'homme ni le génie mais le père que fut Lacan pour elle. À coups de souvenirs-éclairs, comme autant de pièces d'un "puzzle" qu'elle ne tient pas même ici à rassembler, elle retient les moments forts de son rapport à ce père "intermittent, en pointillé". Venue au monde dans une totale solitude affective, elle décrit l'enfer que fut longtemps sa vie, plongée dans un insupportable et insurmontable "état cotonneux", déserté par toute forme d'émotion. Au détour de ces images fixées en elle "telles des photographies", elle décharge son fardeau, débarrassée (certainement grâce à l'analyse qu'elle a entreprise) de toute haine ou ressentiment.
Sibylle Lacan est traductrice d'espagnol, d'anglais et de russe. Un père est son premier roman. Son second, Points de suspension évoque la figure de la mère, en sus des amis et parents, et conduit à son présent enfin apaisé. --Laure Anciel
Un père. L'article indéterminé du titre pourra paraître paradoxal quand on sait que l'auteur est la fille du psychanalyste Jacques Lacan.Précisément, Sibylle Lacan expose dans ce titre le parti pris qui fut le sien : «parler du père que Jacques Lacan fut pour moi, non de l'homme en général, et encore moins du psychanalyste.»La relation de n'importe quelle fille à son père porte toujours en elle un petit coin d'enfer. Mais ce qui atteste de cette détresse quand le temps passe, c'est l'amour blessé au lieu même de notre langage.C'est pourquoi ce livre ne peut être défini comme un roman ou une autobiographie mais comme la volonté forcenée d'expression et d'authenticité par laquelle une femme conquiert sa propre langue.