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RO40217480. SECRETS DE FAMILLE. 2007. In-12. Broché. Bon état, Couv. convenable, Dos satisfaisant, Intérieur frais. 163 pages.. . . . Classification Dewey : 810-Littérature américaine
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Extrait :
Ma patiente
A la chère Mademoiselle,
Apprenant que mon amie, Mme Carruth, recherche une infirmière pour sa fille malade, je m'empresse de vous proposer la place. Je crois que vous êtes toute désignée pour remplir cet emploi, à moins que la tâche ne se révèle trop astreignante. Je ne doute pas que vos lettres de recommandation, que je soutiens chaleureusement, vous assurent cette situation, si elle vous agrée. Nous embarquons demain et je vous écris à la hâte, en formant les meilleurs voeux pour votre future réussite, et en vous renouvelant mes plus vifs remerciements pour les services rendus par le passé.
Très sincèrement vôtre,
L. S. Hamilton
On me remit cette lettre amicale de mon ancienne employeuse alors que je rentrais, lasse et découragée après de vaines recherches d'une place comme celle qui m'était proposée. Prenant la chose fort à coeur, je ressortis précipitamment, en espérant que personne ne m'avait devancée chez les Carruth. La maison, une imposante bâtisse en granit, donnait sur une place tranquille du West End, pourvue d'un petit parc où jouait une fontaine, et que fréquentaient de jolis enfants en bonnets blancs. De beaux équipages entraient et sortaient avec fracas, des dames gravissaient et descendaient d'un pas léger les larges marches du perron, dans des froufrous de soie, et des messieurs, irréprochables dans leur habit de cavalier, s'en allaient au petit galop sur leurs splendides chevaux. Les domestiques eux-mêmes paraissaient vivre sur un grand pied, comme au siècle dernier, et tout participait de l'atmosphère de luxe qui imprégnait l'endroit aussi agréablement que le soleil automnal. «La famille Carruth doit être heureuse», pensai-je, en soupirant sur la solitude et la pauvreté qui étaient mon lot, tandis que j'attendais la réponse à mon timide coup de sonnette.
Un domestique me fit entrer d'un air pincé et, quand je lui eus signifié l'objet de ma visite, m'introduisit dans une antichambre car la maîtresse de maison était occupée. Par la porte entrouverte, j'apercevais le salon, où plusieurs dames étaient à causer. Impatiente de savoir à quel genre de personne j'allais avoir affaire, j'examinai avec grand intérêt la seule dame en cheveux du groupe. En dépit de ses cinquante ans, Mme Carruth était encore belle femme : brune, des dents parfaites, des yeux brillants et un maintien gracieux, empreint d'une dignité qui trahissait une grande fierté naturelle.
À l'évidence, elle divertissait ses hôtes avec bonheur, car les visages indifférents se déridaient et de fréquents éclats de rire ponctuaient ses paroles pleines de vivacité.
«Voilà apparemment une femme mondaine et enjouée, malgré sa fille malade», me dis-je en l'observant. Cinq minutes plus tard, je changeai d'avis car, quand elle se retrouva seule après avoir reconduit en souriant sa dernière visiteuse, on eût dit une autre personne. Son visage qui avait perdu tout son éclat était pâle et marqué. Abandonnant son port majestueux, elle se laissa tomber dans un fauteuil comme à bout de forces, physiques et morales. Mais cela ne dura qu'un instant; les pas du domestique qui approchait la firent tressaillir et elle affecta le plus parfait sang-froid quand il lui annonça qu'«une jeune personne» l'attendait.
Après avoir brièvement exposé l'objet de ma visite, je présentai mes lettres de recommandation et, tandis qu'elle les examinait, je l'observai avec un intérêt redoublé : l'ayant en effet entrevue sans son masque, je ne pouvais plus me laisser abuser par le calme froid qu'elle manifestait à présent. Je suis habile à interpréter les expressions du visage, et le sien était le plus tragique que j'eusse jamais vu. Tant d'angoisse dans les yeux, de mélancolie dans les rides autour de la bouche, tant de désespoir sous-jacent dans la voix ferme et une expression difficile à peindre d'insurmontable chagrin - tout indiquait que la vie lui avait imposé un lourd fardeau, dont sa fortune était impuissante à la décharger, auquel son orgueil était incapable de faire écran.
- Vous êtes anglaise, ce me semble ; avez-vous des amis dans ce pays ? demanda abruptement Mme Carruth en fixant sur moi un oeil pénétrant.
Présentation de l'éditeur :
A la chère Mademoiselle,
Apprenant que mon amie, Mme Carruth, recherche une infirmière pour sa fille malade, je m'empresse de vous proposer la place. Je crois que vous êtes toute désignée pour remplir cet emploi, à moins que la tâche ne se révèle trop astreignante. Je ne doute pas que vos lettres de recommandation, que je soutiens chaleureusement, vous assurent cette situation, si elle vous agrée. Nous embarquons demain et je vous écris à la hâte, en formant les meilleurs voeux pour votre future réussite, et en vous renouvelant mes plus vifs remerciements pour les services rendus par le passé.
Très sincèrement vôtre,
L. S. Hamilton
On me remit cette lettre amicale de mon ancienne employeuse alors que je rentrais, lasse et découragée après de vaines recherches d'une place comme celle qui m'était proposée. Prenant la chose fort à coeur, je ressortis précipitamment, en espérant que personne ne m'avait devancée chez les Carruth. La maison, une imposante bâtisse en granit, donnait sur une place tranquille du West End, pourvue d'un petit parc où jouait une fontaine, et que fréquentaient de jolis enfants en bonnets blancs. De beaux équipages entraient et sortaient avec fracas, des dames gravissaient et descendaient d'un pas léger les larges marches du perron, dans des froufrous de soie, et des messieurs, irréprochables dans leur habit de cavalier, s'en allaient au petit galop sur leurs splendides chevaux. Les domestiques eux-mêmes paraissaient vivre sur un grand pied, comme au siècle dernier, et tout participait de l'atmosphère de luxe qui imprégnait l'endroit aussi agréablement que le soleil automnal. «La famille Carruth doit être heureuse», pensai-je, en soupirant sur la solitude et la pauvreté qui étaient mon lot, tandis que j'attendais la réponse à mon timide coup de sonnette.
Un domestique me fit entrer d'un air pincé et, quand je lui eus signifié l'objet de ma visite, m'introduisit dans une antichambre car la maîtresse de maison était occupée. Par la porte entrouverte, j'apercevais le salon, où plusieurs dames étaient à causer. Impatiente de savoir à quel genre de personne j'allais avoir affaire, j'examinai avec grand intérêt la seule dame en cheveux du groupe. En dépit de ses cinquante ans, Mme Carruth était encore belle femme : brune, des dents parfaites, des yeux brillants et un maintien gracieux, empreint d'une dignité qui trahissait une grande fierté naturelle.
À l'évidence, elle divertissait ses hôtes avec bonheur, car les visages indifférents se déridaient et de fréquents éclats de rire ponctuaient ses paroles pleines de vivacité.
«Voilà apparemment une femme mondaine et enjouée, malgré sa fille malade», me dis-je en l'observant. Cinq minutes plus tard, je changeai d'avis car, quand elle se retrouva seule après avoir reconduit en souriant sa dernière visiteuse, on eût dit une autre personne. Son visage qui avait perdu tout son éclat était pâle et marqué. Abandonnant son port majestueux, elle se laissa tomber dans un fauteuil comme à bout de forces, physiques et morales. Mais cela ne dura qu'un instant; les pas du domestique qui approchait la firent tressaillir et elle affecta le plus parfait sang-froid quand il lui annonça qu'«une jeune personne» l'attendait.
Après avoir brièvement exposé l'objet de ma visite, je présentai mes lettres de recommandation et, tandis qu'elle les examinait, je l'observai avec un intérêt redoublé : l'ayant en effet entrevue sans son masque, je ne pouvais plus me laisser abuser par le calme froid qu'elle manifestait à présent. Je suis habile à interpréter les expressions du visage, et le sien était le plus tragique que j'eusse jamais vu. Tant d'angoisse dans les yeux, de mélancolie dans les rides autour de la bouche, tant de désespoir sous-jacent dans la voix ferme et une expression difficile à peindre d'insurmontable chagrin - tout indiquait que la vie lui avait imposé un lourd fardeau, dont sa fortune était impuissante à la décharger, auquel son orgueil était incapable de faire écran.
- Vous êtes anglaise, ce me semble ; avez-vous des amis dans ce pays ? demanda abruptement Mme Carruth en fixant sur moi un oeil pénétrant.
Après avoir mis en scène dans Derrière le masque une femme avide de pouvoir et sans scrupules qui parvient à ses fins grâce à un stratagème, Louisa May Alcott nous introduit ici dans une famille déchirée par des secrets inavouables. Pris dans un imbroglio de tromperies en cascade dont ils sont à la fois les instigateurs et les victimes, la narratrice et le héros louvoient entre haine, désir de vengeance, folie et suicide. Mais jouer avec la confiance d'autrui mène plus loin qu'on ne le croit. Et, contrairement aux idées reçues, l'amour n'est pas toujours salvateur : il peut parfois se transformer en piège fatal...
Louisa May Alcott (1832-1888) est l'auteur, entre autres, des Quatre filles du docteur March. En 2005 les Éditions Joëlle Losfeld ont réédité Derrière le masque, dans la collection Arcanes.
Louisa May Alcott (1832-1888) est l'auteur, entre autres, des Quatre filles du docteur March. En 2005 les Éditions Joëlle Losfeld ont réédité Derrière le masque, dans la collection Arcanes.
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- ÉditeurJoëlle Losfeld
- Date d'édition2007
- ISBN 10 2070787451
- ISBN 13 9782070787456
- ReliureBroché
- Nombre de pages168
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Secrets de famille (French Edition) [FRENCH LANGUAGE - Soft Cover ]
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JOELLE LOSFELD (�DITIONS)
(2007)
ISBN 10 : 2070787451
ISBN 13 : 9782070787456
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