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La Sieste assassinée : le titre résonne comme un coup de feu. Éclatant dans le silence des dimanches pluvieux et autres paix minuscules auxquelles nous avait habitués Philippe Delerm ! Mais on aurait bien tort de chercher la goutte de sang ou la moindre trace de violence, d'angoisse ou même d'inquiétude dans son nouveau recueil épicurien. Le crime a été commis à l'arme blanche : comprenez la plume toujours aussi éblouie de notre buveur de bière national. Vous n'y trouverez donc d'anxiété, de mélancolie, d'accablement qu'inventés, de souffrance, de peine, de misères qu'imaginées, évoquées dans le seul but de savourer toujours plus, toujours mieux, le moindre plaisir de tous les jours ! Un petit hic, cependant (de circonstance, certes !) : sa soif de bonheur ayant été passablement étanchée par ses goulues Gorgées de bière et autres plaisirs minuscules, Philippe Delerm s'émerveille de tout... de vraiment tout : la conquête des cœurs d'artichaut l'émoustille, la contemplation des déchets de sa poubelle (comment ne pas citer ce moment où l'épluchure d'orange s'acoquine avec la sensuelle coquille d'œuf, le tout sous la délicate pluie du marc de café !) le ravit ! Au final, on lui pardonne toutefois : ses rêveries ronsardiennes au jardin et ses interprétations savoureuses de nos comportements – dans le métro, devant un verre d'Orangina ou avec nos téléphones portables – retrouvent la fraîcheur de ses longues lampées de bière ! --Laure Anciel
Présentation de l'éditeur :
"Mais la minute qui compte, c'est tout à la fin. Les gestes se sont alentis, le coiffeur vous a délivré du tablier de nylon, qu'il a secoué d'un seul coup, dompteur fouetteur infaillible. Avec une brosse douce, il vous a débarrassé des derniers poils superflus. Et l'instant redouté arrive. Le coiffeur s'est approché de la tablette, et saisit un miroir qu'il arrête dans trois positions rapides, saccadées : sur votre nuque, trois quarts arrière gauche, droite. C'est là qu'on mesure soudain l'étendue du désastre... Oui, même si c'est à peu près ce qu'on avait demandé, même si l'on avait très envie d'être coiffé plus court, à chaque fois on avait oublié combien la coupe fraîche donne un air godiche. Et cette catastrophe est à entériner avec un tout petit oui oui, un assentiment douloureux qu'il faut hypocritement décliner dans un battement de paupières approbateur, une oscillation du chef, parfois un "c'est parfait" qui vous met au supplice. Il faut payer pour ça".
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