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Joncour, Serge In vivo ISBN 13 : 9782080682314

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9782080682314: In vivo
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Extrait :
L’amour en vrai c’est de laisser l’autre courir le monde...
«Ben dans ces conditions ils nous aiment tous... »

— Repose ce chien je te dis, ça se fait pas de voler un chien...
— Mais je le vole pas je l’emmène.
Évidemment c’était cruel de casser net son enthousiasme, de contrer l’obstination avec laquelle il ceinturait la petite bête. Le pire c’est qu’il ne réalisait même pas le tort qu’il leur ferait en leur empruntant l’animal, ne serait-ce que pour quelques jours. Il aura vraiment fallu le convaincre, le chien aussi d’ailleurs, plutôt ravi à l’idée de changer d’air. C’est cette manie qu’a le frangin de s’attacher à tout, une sorte de tempérament qu’ont souvent les animaux eux-mêmes, prêts à suivre n’importe qui, même les plus nouveaux.
Ses maîtres, on va les appeler les petits vieux, ils avaient l’air de bien nous aimer les petits vieux, enchantés de nous rencontrer, mais peut-être pas au point de nous céder leur chiot. Après tout ils ne nous connaissaient pas, jusque-là ils n’avaient même jamais entendu parler de nous. C’était juste à cause du nom de famille qu’on s’était retrouvés chez eux, qu’on avait fait tout ce trajet pour les voir. À chaque fois que le père nous trouvait un homonyme dans l’annuaire, il voulait qu’on se déplace pour voir, tenter l’insolite en remontant les coïncidences, quitte à être déçu. L’avantage c’est que ça nous faisait un week-end, un week-end d’un jour au moins, un dimanche dont on pouvait dire qu’il s’était passé en famille.
Le moindre trajet nous glace. À cause du tabac on roule les vitres ouvertes. Même les plus beaux littoraux nous renverraient ça, on y baigne dans cette saveur-là, on y vit depuis toujours. Au retour, le père se retient au maximum de fumer, mais dès qu’on ferme l’œil l’odeur diffuse en douce, de là l’idée de tousser. Pourtant il faut y aller mollo avec le monoparental, ne jamais tenter la crise, sans quoi il n’y aurait pas le moindre camp adverse où se réfugier, pas de parent de repli. L’astuce c’est de ne jamais dépasser la dose limite, au mieux s’en tenir à cette forme d’indifférence qui fait qu’on regarde chacun à sa vitre, qu’on dose ce qu’il faut de respect pour être tranquille. Quand vraiment l’envie se fait trop forte, il s’arrête en prétextant un coup de fatigue, et va dehors s’en griller une. Il se pose juste là, jamais plus loin que le bout du capot, et pourtant il enlève chaque fois la clef.
Au retour de ces faux dimanches il est encore plus amer que jamais, défoncé de chagrin. Il est tellement convaincu que nos ancêtres viennent de ce coin-là, qu’il doit nous en rester dans les parages, il ressent comme un devoir d’aller y traîner de temps en temps. Mais des aïeux, on avait beau s’en chercher le long des plages, y passer tout le dimanche, on avait beau demander à droite à gauche comme on demanderait son chemin, jusque-là on avait toujours rien trouvé. Son rêve à Dieu-le-père ç’aurait été de nous lever un aïeul au fond d’un bled, avec la maison en toit de chaume et la mer à bout de bras, des transats et des boissons fraîches. En regardant bien dans les cimetières, c’est vrai qu’on se trouvait toujours un ou deux morts homonymes, des gens dont les dates auraient pu coller, mais qu’étaient plus là. Flanche pas va, nous aussi on frôlera la mer avec l’idée d’une genèse, nous aussi on se trouvera des ancêtres pour passer les week-ends, des gens tout ce qu’il y a d’aimable et accueillant, des retraités dociles avec le parasol blanc, mais tant qu’à faire au bord de la mer.
Quand on sortait de ces séances, il faisait peine à voir le monoparental, dans la foulée il nous démoralisait à cause de la soupe en sachet et du plateau de fromage, des résidus de dimanche soir, une vision de ses manquements qui le démoralisait. Après tout c’était valable de le voir comme ça, le coup de l’ancêtre manqué, ajouté au pathétique du plateau de fromage, ça faisait mouche à chaque fois, au point qu’il en devenait prenable, globalement diminué. Il devait sûrement se sentir coupable, pour prendre l’ascendant il aurait suffi d’appuyer. Mais ce père-là on le garde, pour l’instant on le garde, on ne voit pas trop comment faire autrement. De toute façon, de l’imaginer porter un geste de tendresse sur la nuque d’une femme, de sentir entre eux de la réciprocité, ça nous flanquerait le cafard, ça donnerait le sentiment du fini, de l’humain teinté d’émotion douce, ça s’enrhumerait de partout... Pour le reste, pas la peine de viser une représentation parfaite, pas la peine d’essayer de ressembler à nos idoles. D’autant que des idoles on en a pas. Un ou deux sportifs à la rigueur. Mais du sport on en fait pas.

# 1
Dans un décor peu propice à l’universel, un homme est seul face à sa piscine, à parfaire son projet. L’intention serait d’en arriver à ce bleu-là, ce bleu qui vu d’avion fait les piscines turquoise, le bleu glacé des magazines, translucide et pensé, une masse de cristal compact, offrant tous les scintillements du diamant dès lors qu’on se décale un peu. De son point de vue, une pure villa ça part de ça, des façades blanches conjuguées à l’élément liquide, un franc gazon qui ruisselle depuis le perron jusqu’aux massifs en bas, un soleil décisif pour transcender le motif, un dispositif lumineux pour pallier l’inconvénient de la nuit. En la circonstance, à cause d’une négligence partiellement préméditée, il n’y a là qu’un précipité opaque, sans plus la moindre fluidité, un jus serré où toute une génération de processus s’organise, le contre-exemple parfait à la teinte bleue californienne.
La piscine idéale et pure, jusque-là il l’a chaque fois atteinte, il aura même vécu tous ses étés dans la lumière de cette vérité, autant d’automnes à les regretter, mais pour la première fois le mirage ne prend pas, dans cette harmonie qu’il conçoit de son cadre, une des teintes ne vient pas.
À la sortie de l’hiver, faute d’avoir surchloré à coups de pastilles dosées, l’eau aura vécu de longs mois à refléter les nuages, se souillant mine de rien d’influences, un miroir qui piégeait quantité de parasites, où toute une faune puisait. Il vient de là son problème, de cette disposition de l’unicellulaire à dégénérer sous forme de vies, toutes sortes de processus qui disséminent anarchiquement, posant du monde les insondables briques. Des algues aux bactéries, des moisissures aux animalcules, une vie avide et déstructurée s’est mise à proliférer là sans principe, abjecte et dégradante, une myriade de corpuscules ondulants et graciles qui font l’eau opaque et dupliquent à l’infini leurs générations d’inconséquences. Cette prolifération ébauche sa soupe prébiotique sous forme de faune et de flore, un précipité dont les plus vaines tentatives stagnent entre deux eaux, alors que d’autres parties de la paroi, trouvent le moyen de s’enraciner, de prendre prise, comme si elles s’en prenaient à lui ; parfaitement révoltantes. Au total, un amas dans les tons verts, un vert opaque, un jus d’entités qui semblent s’être jurées de tout recouvrir, de tout habiter, des saloperies pompant l’eau de ses bains d’hier, suçant de millilitres en millilitres la sphère même de leur mitochondrie. Peut-être même une touche d’urine dans le bleu piscine, une suggestion d’ammoniaque, résidu d’un animal de passage, un sanglier ou un chien fauve, favorise-t-elle l’éclosion d’une algue à part, rouge cette fois, qui donne à la composition sa touche intemporelle.
[...]

Présentation de l'éditeur :
Deux frères vivent avec leur père, un flic, le " monoparental ", dans un pavillon ordinaire avec un jardin pas terrible. Pour tenir, ils se tapent des somnifères, une canette ou un pétard, comme des grands. En fait, ils rêvent d'une famille très précise, " celle qui trempe des tartines en attendant l'ami Ricoré ". Une voisine, assistante maternelle, passe parfois chez eux et laisse derrière elle un parfum de femme. Cavales loufoques, bêtises diverses, au cours d'une fugue les gamins sont pris en stop par un jeune couple grunge. Ils croient avoir enfin trouvé une cellule familiale de substitution, mais c'est à eux de jouer les parents... Désintoxication, repas à heures fixes, coupe de cheveux de rigueur, tout leur est bon. Réussiront-ils là où, avec eux, on a échoué ? C'est l'enjeu paradoxal de ce roman cousu main. Les digressions s'y mélangent pour dessiner un portrait criant de vérité de la " France d'en bas ". En disciple déjanté de Diderot, Serge Joncour invente deux neveux de Rameau qui se font la malle, explosent les lieux communs et multiplient les fariboles.

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  • ÉditeurFlammarion
  • Date d'édition2002
  • ISBN 10 2080682318
  • ISBN 13 9782080682314
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages297
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Description du livre Paperback. Etat : NEUF. Deux fr res vivent avec leur p re, un flic, le monoparental , dans un pavillon ordinaire avec un jardin pas terrible. Pour tenir, ils se tapent des somnif res, une canette ou un p tard, comme des grands. En fait, ils r vent d'une famille tr s pr cise, celle qui trempe des tartines en attendant l'ami Ricor . Une voisine, assistante maternelle, passe parfois chez eux et laisse derri re elle un parfum de femme. Cavales loufoques, b tises diverses, au cours d'une fugue les gamins sont pris en stop par un jeune couple grunge. Ils croient avoir enfin trouv une cellule familiale de substitution, mais c'est eux de jouer les parents. D sintoxication, repas heures fixes, coupe de cheveux de rigueur, tout leur est bon. R ussiront-ils l o , avec eux, on a chou ? C'est l'enjeu paradoxal de ce roman cousu main. Les digressions s'y m langent pour dessiner un portrait criant de v rit de la France d'en bas . En disciple d jant de Diderot, Serge Joncour invente deux neveux de Rameau qui se font la malle, explosent les lieux communs et multiplient les fariboles. - Nombre de page(s) : 297 p. - Poids : 0g - Langue : fre - Genre : Littérature française Romans Nouvelles Correspondance. N° de réf. du vendeur N9782080682314

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