Revue de presse :
Flammarion publie en poche le livre de Jean-Loup Amselle. Dans la préface à cette nouvelle édition, ce dernier se fait plus incisif qu’en 1996. C’est que l’enjeu lui paraît désormais de taille : dans un contexte d’émiettement des groupes sociaux, de nouveaux champs d’identification se sont ouverts aux individus, en termes d’appartenance communautaire. Or, il ne faut pas être grand prophète pour comprendre que tous les conflits à venir prendront précisément pied dans l’exacerbation de ces identités communautaires. L’Etat français, en encourageant ainsi l’émergence d’une société civile communautariste, va au devant de difficultés qu’il serait bien avisé d’étudier plus attentivement qu’il ne l’a fait jusqu’ici. La reconnaissance des différences ethniques ou culturelles n’est en effet pas sans conséquence sur la définition de son mandat. Ce «nouvel» Etat, qu’Amselle nomme l’Etat libéral communautaire, implique bien l’instauration d’un nouveau contrat social, non plus orienté vers l’individu, mais vers les communautés. Or, jusque là, entre l’Etat français et le citoyen, il ne pouvait exister de Corps intermédiaires (sauf dans la période de Vichy). L’Etat ne pouvait, dans ce contexte, que dénier toute représentation officielle aux communautés. Mais le surgissement d’identités de «consolation» a vu, depuis les années 80, les porte-paroles de ces communautés s’installer à cette place laissée vacante...
L’ouvrage va cependant bien au-delà. En décrivant les fondements paradoxaux de la logique républicaine, il nous invite à repenser avec vigueur nos catégories politiques. --Joël Jégouzo-- -- Urbuz.com
Présentation de l'éditeur :
L'idée d'une république dont le principe de base est celui de l'assimilation de citoyens isolés les uns des autres paraît contradictoire avec l'existence de l'opposition des Francs et des Gallo-Romains qui imprègne une grande partie de l'historiographie en France. Tel est pourtant le fondement du multiculturalisme français qui, dans ses versions les plus récentes et les plus outrancières, débouche sur la bipartition de la population entre des " communautés " minoritaires et une " ethnie française " majoritaire. C'est dans ce cadre qu'il convient de replacer le phénomène de durcissement des identités et d'essor des fondamentalismes ethniques et religieux qui affecte notre pays.
Ce n'est pas en historien des idées mais en anthropologue spécialiste de l'Afrique noire que nous voudrions examiner la prégnance du schème de la " guerre des deux races " à la fois dans le cadre de l'histoire nationale et dans celui de son exportation dans les colonies. En effet, loin de constituer deux sphères étanches, l'histoire métropolitaine et l'histoire des colonies ne cessent de s'informer mutuellement, au point que le traitement des communautés à l'intérieur du territoire national emprunte aujourd'hui beaucoup à des précédents coloniaux.
J.-L. A.
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