Il était une fois un roi que la vie avait comblé. Son royaume était en paix, la reine qui le chérissait lui avait donné une princesse douce à regarder, et un âne veillait à assurer ses richesses.
C'était un âne gris d'apparence ordinaire mais, au lieu de déposer du crottin sur sa litière, c'était des pièces d'or qu'il pleuvait.
Un jour, la reine tomba malade et, ni les plus grands savants du monde, ni les plus illustres médecins ne parvinrent à la soulager. Quand la mort fut à son chevet, elle obtint du roi une promesse :
- Si vous vous remariez, faites que votre deuxième épouse soit plus belle et plus sage que moi.
Le roi en fit le serment.
Le départ de la reine le plongea dans la tristesse. Il s'enferma dans le silence, ne voulant plus voir personne, et le temps passa, pesant, lourd et désolé.
Mais comme le printemps succède à l'hiver, un matin, il sentit son coeur s'éveiller.
- Des royaumes environnants, qu'on m'amène les plus belles princesses ! clama-t-il. J'ai fait une promesse à la reine. Le temps m'est revenu d'aimer.
« Il faut maintenant admettre que rien ne pourra détourner ton père de sa folie. Voici ce que tu dois faire : tu vas te déguiser au point de te rendre méconnaissable et fuir aussi loin que tes pas te porteront. Cette répugnante peau d'âne fera parfaitement l'araire car personne ne pourra imaginer qu'elle dissimule la plus belle et la plus noble des princesses. [...] Quel que soit le fardeau de ta peine aujourd'hui, n'écoute que les raisons de ton coeur, car lui seul sait la vérité. Va et garde confiance. »
Un des plus beaux contes de la littérature jeunesse. Des illustrations somptueuses qui portent admirablement la force et le merveilleux du récit.