Présentation de l'éditeur :
De 1950 à 1980, la démocratie se renforce tandis que les violences se multiplient. La protection sociale se généralise, le système scolaire s'ouvre à tous, la police couvre le territoire et les inégalités sociales se réduisent. Pendant le même temps, la France et les pays les plus riches du monde connaissent, surtout dans leurs grandes villes, une croissance étonnante des incivilités, de la délinquance et de la criminalité. Et cela bien avant que la crise économique n'ajoute son cortège de difficultés. Les villes qui étaient le berceau de la civilisation vont-elles devenir son tombeau ?
N'allons pas rechercher les causes de l'insécurité là où ses manifestations sont médiatisées, dans les banlieues ou inner cities. Les désordres plongent leurs racines dans ce à quoi nous sommes tous le plus attachés, c'est-à-dire l'individualisme des valeurs et modes de vie. On a de moins en moins besoin des autres comme individus concrets et de plus en plus comme éléments d'un système (les contribuables, les assurés, etc.) et la solidarité en souffre. La violence est inséparable de ce dont nous sommes les plus fiers en tant que citoyens : la démocratie et les garanties offertes par la loi, le fait de pouvoir confier nos problèmes à des policiers, des magistrats et des travailleurs sociaux. L'abondance de ces professionnels provoque une inflation des demandes de répression ou de prévention et une délégation passive. Quelle place l'Etat peut-il et doit-il occuper alors que les inégalités sociales progressent à nouveau, que les identités vacillent et qu'il y a de moins en moins de références connues ? Au moment où les maires et les entreprises sont de plus en plus présents dans le champ de la sécurité, l'Etat peut-il éviter de rester crispé sur ses fonctions régaliennes et les symboles glorieux mais dépassés de son autorité ?
Biographie de l'auteur :
Sebastian Roché est politologue, secrétaire général de la Société européenne de criminologie 2001-2003, et enseignant à Science-Po Grenoble. Il est chercheur au CNRS et responsable du pôle sécurité et société
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