Présentation de l'éditeur :
Un premier volume avait présenté la fondation de l'Empire byzantin. Cet ouvrage, consacré aux siècles suivants (VIIe-XIIIe s.), est également le fruit du travail d'une équipe associant des spécialistes des principales disciplines, seuls capables de prendre en compte les changements historiographiques. L'époque médiévale voit la transformation de ce vaste Empire multiethnique, presque abattu par les invasions slaves et surtout arabo-musulmanes, en un État recentré sur la population grecque, même s'il est encore accueillant aux minorités slave et arménienne et s'il n'a pas perdu toutes ses attaches italiennes. Les souverains byzantins opèrent un spectaculaire redressement qui fait de Byzance la plus grande puissance chrétienne des Xe-Xle siècles, avant d'être débordée par un nouvel adversaire venu des steppes d'Orient, les Turcs.
La faculté d'adaptation de l'Empire contredit l'image d'une société conservatrice et immuable que les Byzantins ont eux-mêmes léguée, prétendant que leurs innovations n'étaient qu'un retour aux vraies traditions. Les institutions, les hiérarchies, les armées ont été plus d'une fois modifiées pour faire face aux nouvelles menaces ou assurer l'expansion. Même le pouvoir impérial s'est transformé en un système familial et dynastique porté à son point de perfection par les Comnènes. Mais l'Empire a trouvé son identité dans le christianisme orthodoxe, qui se construit, après le refus de l'iconoclasme, sur une dévotion aux images inspirant un art religieux spécifique. L'Église byzantine s'éloigne de l'Église de Rome dont elle refuse la prééminence disciplinaire, mais étend sa sphère d'influence vers des Églises-filles, en Bulgarie ou en Russie. Lors de cette période, la culture byzantine se réapproprie les lettres helléniques païennes et se persuade de sa supériorité. La puissance militaire et économique des Latins, aboutissant à la prise de Constantinople en 1204, pousse les Byzantins vers un repli identitaire qui conduira à la création d'un «État-nation» à l'époque suivante.
Extrait :
Byzance sur la défensive : la stabilisation des frontières (du VIIe s. au milieu du IXe s.)
L'AVANCE DES MUSULMANS
L'ECHEC : DES CONTRE-OFFENSIVES BYZANTINES
La mort d'Héraclius, en janvier 641, laisse l'Empire dans une situation critique, tant sur le plan intérieur qu'extérieur. La succession est disputée entre des enfants de plusieurs lits. L'aîné, Constantin III, désigné par son père pour lui succéder, périt de maladie après trois mois de règne. L'impératrice Martine voulut alors imposer son fils Héraclonas, mais se heurta à l'armée d'Orient conduite par Valentinos, qui l'écarta du pouvoir, puis ce dernier fut lui-même éliminé en 644 lorsqu'il voulut s'emparer du trône. Constant II, alors âgé de 14 ans, assuma le gouvernement de l'Empire. Sur le front des invasions, à la mort d'Héraclius, les Arabes musulmans étaient sur le point de s'emparer de l'Egypte, principale pourvoyeuse de blé et d'impôts pour l'État. Pourtant, l'empereur avait fait débarquer les troupes de Thrace, mais elles furent repoussées par les Arabes qui avaient reçu des renforts, une fois le front perse enfoncé. Le patriarche d'Alexandrie, Kyros, qui, à titre exceptionnel, avait été nommé gouverneur d'Egypte, fut contraint à l'automne 641 de rendre la ville au général arabe, 'Amr, désigné par le calife Umar pour administrer le pays.
Désormais les empereurs n'ont plus qu'un but, contenir les offensives arabes qui menacent même d'emporter Constantinople [Bonner, 124; Kaplaony, 130]. Les opérations sur les autres fronts sont menées en fonction de cet objectif prioritaire. Constant II agit avec détermination pour sauver ce qui pouvait l'être. Trois régions étaient particulièrement menacées par les Arabes : l'Afrique, la Cilicie et l'Arménie. L'Afrique constituait un autre grenier à blé, certes plus modeste que l'Egypte. La Cilicie, riche plaine également, parce que sa possession entretenait l'espoir d'une contre-attaque vers Antioche et le reste de la Syrie où des rebelles, les Mardaïtes, s'opposaient toujours à l'occupation arabe. L'Arménie enfin, fournissait des guerriers réputés. Le maintien de la domination byzantine des plateaux arméniens faisait planer une menace vers la Mésopotamie, tout en protégeant à l'inverse l'Anatolie. Reprendre l'Egypte soumise depuis peu, où l'autorité du calife et sans doute ses exigences fiscales étaient mal ressenties, semblait accessible, les Arabes n'ayant pas encore développé de flotte.
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