Quatrième de couverture :
Cette enquête, conduite pendant six années, est un précis de décomposition, au vu de tous, d'un service collectif original : celui des Sapeurs-Pompiers. Une dissolution étrange, qui émerge, entre autres, des réformes de « modernisation » des Services d'incendie et de secours votées à la quasi-unanimité par le Parlement en 1996. Ce démon du bien de l'action publique, qui n'est en rien exceptionnel, correspond au phénomène général du réformisme pervers, modélisé par l'étude. Celui-ci subvertit l'institution républicaine des pompiers pour la dissoudre dans une organisation conventionnelle de « service public » fonctionnarisée, corporatiste, « welfairisée ». Il mine l'engagement des sapeurs-pompiers volontaires et la responsabilité des élus, il assigne les citoyens à des rôles passifs d'usagers-consommateurs. Au final, le réformisme pervers corrupteur de solidarités et du civisme républicain installe, aujourd'hui, un « service public » techno-bureaucratisé et monopoliste, soumis à des intérêts particuliers. Ce cas exemplaire offre l'occasion d'explorer des voies de l'analyse de l'action collective à contrevent des problématiques officielles d'études des politiques publiques et des organisations. L'un des enjeux est de se défaire des visions excessivement utilitaristes de l'action, dominantes dans les sciences sociales (économie, sociologie, science politique) ou dans les arts pratiques du management. L'étude regarde de près le réformisme public à la française qui, loin d'explorer ou d'innover, reproduit et développe des schèmes de pensée et des pratiques rétro d'un « service public » kitsch... La perfusion du réformisme pervers hexagonal, et consensuel de droite à gauche, promeut une société bureaucratisée de corporatismes et d'opportunismes individualistes ruinant le libéralisme républicain. Un exercice d'une science sociale post-moderne de l'action collective et, à bien y voir, radicalement traditionnelle.
Biographie de l'auteur :
J.-G. Padioleau, professeur associé à Paris-Dauphine, chercheur au GEMAS-Maison des Sciences de l'Homme-Paris, a enseigné à l'ESSEC, à l'Escp, à Carnegie-Mellon, Université de Californie (USA), à l'Institut Universitaire Européen de Florence. Fulbright Fellow, Eisenhower Fellow, Fellow du German Marshall Fund of the United States, il a été chercheur au " think-tank " de la Brookings Institution (Washington D.C.). Il a publié entre autres : L'Etat au concret Le Monde et le Washington Post, L'ordre social, Piloter la société de l'information (co-auteur). Jean-G. Padioleau est aussi consultant et chroniqueur.
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