Extrait :
Extrait de l'introduction
En guise de préambule, on doit tout de même une explication au lecteur : à première vue, le principe de cet ouvrage pourrait sembler procéder d'un non-sens total, voire d'un dérèglement de l'esprit de son auteur. Car à moins d'être mû par des passions aussi mauvaises qu'inavouables (être de droite, nourrir une nostalgie pour les années Chirac ou développer une sévère allergie aux transports en commun... voire les trois à la fois, cette pathologie est plus fréquente qu'on ne croit), ce qui n'est pas mon cas, pourquoi diable enquêter sur la gestion du maire de Paris, Bertrand Delanoë ?
Désigné candidat au printemps 2000 par forfait de ses concurrents, plus solides et autrement flamboyants (Dominique Strauss-Kahn, empêtré - déjà - dans les affaires, Jack Lang opportunément promu ministre par Lionel Jospin), inconnu des Parisiens - seulement 6 % d'entre eux avaient entendu parler de lui au début de sa campagne -, «le Petit Chose», surnom peu flatteur dont l'affublaient ses camarades de parti, a amplement démontré ses capacités d'homme politique. Surmontant ces handicaps, il a décroché, contre toute attente - lui-même n'y croyait pas - les clefs de l'Hôtel de Ville le 18 mars 2001, mettant un terme à vingt-quatre ans d'hégémonie chiraquienne. Premier maire de gauche de la capitale depuis la Commune, il a aussitôt aboli les pratiques les plus détestables de ses prédécesseurs caricaturés selon l'humeur en Thénardier ou en Ceausescu : finis les faux électeurs et les passe-droits dans l'attribution des logements HLM ou des places en crèche, terminés les avantages en nature, logements de fonction et autres limousines avec chauffeur pour les hauts fonctionnaires de la Ville, oubliées les réceptions privées hebdomadaires avec vins fins et buffets pantagruéliques offertes aux associations amies aux frais du contribuable.
En rupture radicale avec ceux qui l'ont précédé, l'homme de communication qu'il a été dans une autre vie s'est forgé une image plutôt flatteuse : sincère, intraitable sur l'éthique, travailleur infatigable, adepte d'une démocratie humaniste et tolérante, attaché au dialogue, à la concertation locale et à la transparence, viscéralement antiraciste et antisexiste, réformateur pragmatique et volontaire, modeste aussi (si, si). Les qualificatifs élogieux qu'il se décerne lui-même esquissent le responsable politique moderne presque parfait que le monde entier devrait nous envier. Moderne, car il y a ajouté cet ingrédient essentiel qui, dans l'imaginaire politique, fait traditionnellement défaut à la gauche : Bertrand Delanoë serait, en plus du reste, un gestionnaire avisé, rigoureux et efficace, une qualité qu'il aurait développée aux manettes de son entreprise, Vecteur 7, une agence de publicité qu'il a créée et dirigée de 1991 à 1995. «Nous ne changerons pas la société, nous ne réaliserons pas les réformes sociales et écologiques qui s'imposent sans une gestion rigoureuse et énergique», estime le maire de Paris dans son ouvrage De l'audace.
Présentation de l'éditeur :
Bertrand Delanoë, en as de la com, a su se forger une stature d'élu responsable et efficace qui lui assure une réelle popularité. Le maire de Paris aime à se distinguer en mettant en avant deux qualités essentielles qu'il juge peu répandues dans le microcosme politique : celles d'un gestionnaire avisé soucieux des deniers des Parisiens, doublé d'un homme courageux aux pratiques transparentes qui dit la vérité et tient toujours ses promesses.
Comptes et légendes de Paris n'ambitionne, ni plus ni moins, que de passer au scanner de la réalité des chiffres et des faits ces belles déclarations d'intention qui ont fait son succès.
Le résultat est sidérant, y compris pour le plus convaincu de ses partisans ! Passé au seul crible des résultats - le plus objectif des critères -, ce droit d'inventaire sur les dix années écoulées met à mal le bilan de celui qui se voit déjà un destin national.
De la politique fiscale en trompe l'oeil à la grogne persistante du personnel municipal en passant par la gestion au fil de l'eau de la crise immobilière, les investissements colossaux en matière de transports pour un résultat au final discutable et, surtout, l'incroyable braderie des bijoux de famille (forum des Halles, stade Jean-Bouin, mobilier urbain), Dominique Foing a mené une enquête minutieuse et livre un tableau des années Delanoë très éloigné des chromos officiels du maître de l'Hôtel de Ville en manager public et social de haut niveau.
C'est bien connu, les vérités, surtout les plus dérangeantes, sont dans les chiffres. Il suffit de prendre le temps de les trouver.
Journaliste d'investigation, Dominique Foing, 52 ans, spécialiste de l'écologie, a collaboré à L'Événement du Jeudi, au Monde, au Nouvel Observateur, à 60 Millions de consommateurs et à Capital.
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