Qui est le Horla ? Qui est cette sorte de surhomme qui s'empare du premier venu, lui impose sa volonté et absorbe toute l'énergie vitale de sa victime ? La première version du Horla, parue en 1886, est un conte ; celle de 1887 est un journal. Pourquoi Maupassant a-t-il éprouvé le besoin de réécrire cette œuvre ? Pour quelles raisons passe-t-on de la vision objective d'un malade qui tente de convaincre son médecin de l'omniprésence du Horla au récit intériorisé de la lente dissolution d'un homme par un double ? Outre le plaisir suscité par leur lecture, ces deux œuvres s'intègrent parfaitement dans le cadre des objets d'étude des classes de seconde (un mouvement littéraire du XIXe siècle, les genres narratifs, le travail de l'écriture, le discours de persuasion) ; mais aussi dans celui des classes de première (les différentes formes de l'autobiographie et tes réécritures).
Le narrateur mène une vie tranquille dans sa maison au bord de la Seine, en Normandie, lorsque d'étranges phénomènes commencent à se produire. C'est la carafe d'eau sur sa table de nuit qui est bue, des objets qui disparaissent ou se brisent, une fleur cueillie par une main invisible... Peu à peu, le narrateur acquiert la certitude qu'un être surnaturel et immatériel vit chez lui, se nourrit de ses provisions. Pire encore, cet être, qu'il baptise le Horla, a tout pouvoir sur lui, un pouvoir grandissant... S'il quitte sa maison, ce pouvoir disparaît ; mais bientôt, il ne peut plus sortir de chez lui, il est prisonnier. D'où vient cet esprit ? Du Horla ou de l'homme, l'un des deux doit périr.
Le Horla comme les contes fantastiques écrits par Maupassant à la fin de sa vie, alors qu'il sombrait dans la folie, joue délicieusement avec nos nerfs en traitant de thèmes très actuels comme l'angoisse, la hantise du suicide, la peur de l'invisible. --Céline Darner