Extrait :
ELECTRONIC KIDS
Dans ce genre de livre, on commence en général par parler de ses parents et de ce qu'ils faisaient comme travail avant notre naissance ou quand on était enfant. Le problème, c'est que je n'ai jamais vraiment su ce que faisait mon père. Dans mon souvenir, mon frère, ma soeur et moi avons toujours grandi avec ce secret. Et en matière de secret, celui-là était énorme ! On n'avait même pas le droit de lui poser des questions à la maison. Le sujet était interdit.
Je savais que papa était ingénieur chez Lockheed, le constructeur aéronautique, et qu'il travaillait sur leur projet de missile, mais c'était à peu près tout. A la fin des années 1950, en pleine guerre froide, le programme spatial était un domaine sensible et ultrasecret. C'est sans doute pour ça qu'il ne pouvait nous expliquer davantage ce qu'il faisait tous les jours. Il n'en parlait jamais. Jusqu'à sa mort, il n'y a pas fait la moindre allusion.
En 1960, j'avais alors dix ans, j'ai enfin compris la raison de ce silence. Un jour, tandis qu'il m'expliquait pourquoi il ne fallait jamais mentir sous serment devant un juge, mon père m'a dit : «Je suis un homme de parole.»
Avec le temps, j'ai réussi à réunir des bribes d'informations. Je me souviens d'avoir vu des dessins de fusées avec le logo de la NASA ou des documents liés aux missiles Polaris, tirés depuis les sous-marins ou quelque chose dans ce goût-là. Cependant, mon père s'est montré si discret que la porte se ferme ici.
Si je vous raconte tout cela, c'est pour vous faire comprendre que mon père croyait en l'honnêteté. L'absolue honnêteté. L'éthique extrême, même. C'est la chose la plus importante qu'il m'a transmise. Il disait qu'il est pire de mentir sous serment que de commettre un acte criminel, tuer quelqu'un par exemple. Ça m'a tellement marqué qu'aujourd'hui encore je ne mens jamais. Pas même un tout petit peu. Je ne parle pas des farces que j'ai pu faire. Ça, c'est de la blague, c'est pour s'amuser. Ça ne compte pas. La plaisanterie et le mensonge sont deux notions distinctes, même si la différence peut être subtile.
L'autre chose que mon père m'a enseignée, c'est l'électronique. Je lui dois beaucoup dans ce domaine. Il m'a appris plein de trucs. Ça a commencé quand j'étais encore très jeune, avant mes quatre ans, avant son travail ultra confidentiel chez Lockheed. Il était alors encore employé chez Electronic Data Systems, une société de conseil en ingénierie informatique basée près de Los Angeles. Un de mes premiers souvenirs, c'est lorsqu'il m'a emmené à son labo un week-end pour me montrer des composants électroniques. Il les a étalés sur une paillasse pour que je puisse les regarder et jouer avec, pendant qu'il travaillait. Je ne sais pas s'il soudait quelque chose ou quoi, mais je me souviens qu'il a relié un appareil à un petit écran - aujourd'hui, je sais que cela s'appelle un oscilloscope. Il m'a expliqué qu'il essayait de stabiliser la ligne qui formait une sorte de vague sur l'écran, afin de montrer à son chef que son idée fonctionnait.
J'étais assis là, encore tout gosse, et j'ai pensé : «Wouah ! Il vit dans un monde fabuleux !» J'étais impressionné. A mes yeux, les types capables d'assembler des petites pièces pour les faire fonctionner ensemble et créer quelque chose étaient sans doute les plus intelligents du monde.
À l'époque, bien sûr, j'étais trop jeune pour décider que j'allais devenir ingénieur. Je n'avais pas encore découvert la science-fiction ou les livres sur les inventeurs. Cela n'est arrivé que quelques années plus tard. Pourtant, à cet instant précis, j'ai compris que ce qui se déroulait sous mes yeux, ce que mon père était en train d'accomplir, c'était important et bien.
Présentation de l'éditeur :
À l'occasion de la sortie du film iJOBS, Globe présente la nouvelle édition d iWOZ, le livre culte de Steve Wozniak, l'ingénieur qui inventa l'Apple I et l Apple II et cofonda Apple.
À 4 ans, Steve Wozniak apprend le fonctionnement d'un oscilloscope. À 7 ans, celui d'une résistance. À 11 ans, il construit son premier kit de radioamateur. Au lycée, il passe ses soirées à dessiner des schémas d'ordinateur. Quelques années et inventions plus tard, il rencontre un type aussi dingue de programmation que lui, une âme soeur, c'est Steve Jobs. Ensemble, dans le plus pur style hacker, ils construisent une boîte qui permet de passer des appels téléphoniques gratuits. Puis, c'est Apple et l'Apple I, puis l'Apple II. Steve Wozniak nous révèle dans ce livre plein de choses intéressantes : ses valeurs, son sens de l'éthique et ses relations avec Steve Jobs. Un livre indispensable pour comprendre trente longues années d'évolution informatique.
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