Extrait :
Ce matin-là, lorsque je me suis réveillé, tout était étrange. Et même un peu plus qu'étrange, en vérité. Je me suis demandé si...
Non. Cette histoire ne peut pas commencer de cette manière. C'est impossible. D'abord, était-ce vraiment le matin ? Rien ne l'indiquait. L'atmosphère était douce, un rayon de soleil filtrait dans la chambre à travers les rideaux. J'étais allongé sur un ht douillet, recouvert d'une couette à la fois chaude et légère. Je n'avais mal nulle part. Au contraire, je me sentais bien, en parfaite sécurité.
Mais quand j'ai ouvert les yeux - et pendant un très long moment -, j'étais incapable de formuler toutes ces informations. Et pour cause : ma tête était complètement vide. Comme si j'étais un ordinateur à la mémoire effacée. Les notions de «matin», de «soleil», de «rideau» ou de «couette» n'avaient aucune signification pour moi. Même le verbe «se réveiller» ne voulait rien dire. Ce n'est qu'aujourd'hui, en me rappelant ce drôle de moment, que je suis en mesure de nommer les objets qui m'entouraient et les gestes que je faisais. Je me suis assis sur le lit.
«Moukajou.» Voilà le seul mot qui m'est venu en tête. J'ai remué les lèvres, et ce même mot s'en est échappé. «Moukajou.» Alors je l'ai répété. «Moukajou, Moukajou, Moukajou.» C'était une mélodie entêtante que j'aurais pu fredonner éternellement sans jamais m'en lasser.
Malgré l'étrangeté de la situation, je n'étais pas du tout nerveux ni angoissé. Je ne me posais pas de questions, je prenais les choses les unes après les autres. J'ai posé le pied droit sur le sol en disant «Moukajou», et ensuite le pied gauche. «Moukajou, Moukajou.» J'ai esquissé un pas, puis deux, puis trois. «Moukajou, Moukajou, Moukajou.» Ce mot qui n'avait aucun sens rythmait chacun de mes mouvements. Quand j'y repense, cela me paraît bizarre, mais à ce moment-là cela me convenait. Je n'en demandais pas plus.
Présentation de l'éditeur :
Une chambre aussi blanche que sa mémoire. Quand il se réveille ce matin-là dans un lit inconnu, Ferdinand a tout oublié. Jusqu'à son prénom, jusqu'au langage, babillant comme un nourrisson un mot mystérieux : Moukajou. Cette amnésie pourrait être inquiétante s'il n'y avait à son chevet une belle dame inconnue, vêtue de blanc, au parfum délicieux et qui, elle, semble bien le connaître.
Voyageant entre veille et sommeil, le jeune garçon se voit alors délivrer la clé du mystère qui se dénouera à 15 000 kilomètres de là. La confirmation pour Ferdinand que les rêves peuvent bel et bien changer la réalité, à Moukajou comme ailleurs, pour lui-même et pour tous ses amis un peu spéciaux.
Illustration de couverture : Stéphanie Blake.
Deux autres aventures de Ferdinand :
Ferdinand et ses micropouvoirs, Les nouveaux micropouvoirs de Ferdinand
Molokino. Elle a publié plusieurs recueils de nouvelles ainsi qu'un roman aux éditions de l'Olivier, dans lesquels elle scrute, avec son humour si particulier, les moindres recoins de nos vies, nos tics sociaux et culturels et les éruptions de nos désillusions.
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