Extrait :
LE PENSIONNAT DES PIERRES-NOIRES
On était le matin de la rentrée de Toussaint, il pleuvait, 9 heures avaient sonné, et on ne voyait pas Saint-Malo.
- On arrive quand ? ai-je demandé à papa.
- Quand la petite aiguille sera sur bien et la grande sur tôt.
Il m'a jeté un regard en coin :
- Cette voiture n'aime pas rouler sous la pluie. Moi non plus.
J'ai soupiré. Papa a soupiré. La voiture a reniflé.
- Je suis Bélier, dis-je. Ton journal dit que les Bélier vont passer un sale quart d'heure aujourd'hui, à cause des Gémeaux. Tu es Gémeaux.
Toujours pas de Saint-Malo à l'horizon. Une ville cernée de remparts, ça se remarque pourtant.
- Tu sais ce qui se passe quand on est en retard ?
- Euh... La journée paraît moins longue ? a suggéré papa.
Enfin ! À un détour de la baie, Saint-Malo nous est apparu, gros poisson noir, luisant, échoué sous la pluie.
Maintenant, on allait devoir chercher les Pierres-Noires, l'internat où j'allais passer le reste de mon année scolaire. J'ai commencé à tapoter nerveusement mon sac du bout des ongles.
Papa a pris un ton rassurant :
- La directrice, Mlle Renard, était extrêmement aimable lorsqu'on t'a inscrite. Il n'y a pas de raison qu'elle se soit changée en dragon depuis. Elle comprendra que c'est à cause de cette saleté de nationale 137 qui...
Il s'interrompit : on franchissait enfin la Grande Porte de la ville.
- La cité corsaire ! Surcouf ! Jacques Cartier ! Duguay-Trouin ! a déclamé papa à tue-tête.
- Et maintenant moi ! Rose Dupin ! dis-je sur le même ton. Ta fille ! Dix ans et demi ! Presque onze !
- J'ai parlé de corsaires. Toi, tu es plutôt pirate.
On a rôdé encore quelque temps par un labyrinthe de rues au granit plus gris que les nuages et... on a fini par trouver ! Un hasard total.
Biographie de l'auteur :
Annabelle a décidé que son coeur était hors-service et sous les ordres exclusifs de son cerveau. En terminale S, rien n'existe en dehors de son travail. Et pas question pour elle de se limiter à l'obtention du bac, il faut qu'elle soit la meilleure. Les garçons ? De simples copains. Et ce n'est pas Samuel, le fils de l'ambassadeur des Etats-Unis parachuté dans sa classe, qui y changera quelque chose. Annabelle est d'accord pour consacrer deux heures par jour à parler français avec lui, à condition qu'il ne la ralentisse pas dans sa course vers l'excellence. Annabelle est ambitieuse et passionnée comme les autres femmes de la famille. Sa mère, Lulu, est obsédée par ses recherches universitaires. Sa grand-mère, Marguerite, ne lâchera pas ses fourneaux avant d'obtenir sa deuxième étoile. Elles risquent toutes trois de tomber de haut, de très haut. De tomber amoureuses !
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