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BORDEAUX-VINTIMILLE: roman - Collection "Ceci n'est pas un fait divers" dirigée par Jérôme Béglé - Couverture souple
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Extrait :
Rachid et Patricia
De qui Rachid Abdou avait-il l'air ? On ne sait pas trop. A la fin de l'histoire on n'aura vu qu'une seule photographie de lui, la reproduction de sa carte d'identité, un peu floue, mangée par deux oeillets de métal et barrée des deux arcs du cercle d'un tampon illisible. Un visage étroit, des yeux très doux, rêveurs, étonnés, les lèvres fines ombrées d'une moustache à peine esquissée, le front très haut, le cheveu noir et cranté, impavide et absent. Non, peut-être pas de moustache. Il porte une chemise blanche et ouverte, on ne voit rien d'autre de sa vêture, on apprendra qu'il mesure un bon mètre soixante. Peut-être a-t-il l'air de son père que l'on verra plus tard, plus robuste, buriné, moustache plus drue, plus grise, plutôt petit lui aussi, les mains sèches, le regard droit, le crâne serré dans un bonnet beige, ou de sa mère aux yeux baissés, aux mains usées, au visage dévasté sous son fichu de laine. Mais peut-on lire le visage d'un jeune homme heureux de partir en voyage dans ceux de ses parents qui viennent de le perdre dans un pays et dans une langue qui leur sont étrangers ?
Rachid Abdou est à Bordeaux, ce 12 novembre 1983, il est un peu triste, déçu. Il rentre déjà. Triste qu'un rêve s'achève, mais content de l'avoir rêvé, le sentiment modeste d'un projet accompli même si tout ne s'est pas passé exactement comme dans le rêve, il est exaucé, sous le coup d'une immédiate nostalgie, une déception heureuse si ces mots pouvaient aller ensemble. Il vient d'Oran, en Algérie, où il travaille et qu'il n'avait jamais quitté.
Si, une fois, l'an dernier, quelques jours en Italie qui lui laissèrent un mauvais souvenir, celui d'être mal accueilli, pas comme ici, en France, les bras ouverts. Il est né tout près d'Oran, à Tafraoui le 10 mai 1957. Il prépare son voyage depuis de longs mois. Il a économisé, pris le train pour Alger, le bateau pour Marseille et de nouveau le train pour Bordeaux Saint-Jean, le 9 novembre, le jour même où son président, Chadli Benjedid, est en visite officielle à Paris. Le Président a déclaré qu'il remerciait «le peuple de France pour la chaleur de son accueil et la confiance mutuelle». On ne sait pas si Rachid Abdou a entendu ce commentaire, mais lui aussi a une grande confiance en la chaleur de l'accueil et la mutualité des sentiments. Voilà des années qu'il y pense, à cette visite à Bordeaux : depuis qu'il échange des lettres assidues avec Patricia, Patricia qu'il n'avait jamais vue, Patricia qu'il n'a pas choisie. (...)
Revue de presse :
De qui Rachid Abdou avait-il l'air ? On ne sait pas trop. A la fin de l'histoire on n'aura vu qu'une seule photographie de lui, la reproduction de sa carte d'identité, un peu floue, mangée par deux oeillets de métal et barrée des deux arcs du cercle d'un tampon illisible. Un visage étroit, des yeux très doux, rêveurs, étonnés, les lèvres fines ombrées d'une moustache à peine esquissée, le front très haut, le cheveu noir et cranté, impavide et absent. Non, peut-être pas de moustache. Il porte une chemise blanche et ouverte, on ne voit rien d'autre de sa vêture, on apprendra qu'il mesure un bon mètre soixante. Peut-être a-t-il l'air de son père que l'on verra plus tard, plus robuste, buriné, moustache plus drue, plus grise, plutôt petit lui aussi, les mains sèches, le regard droit, le crâne serré dans un bonnet beige, ou de sa mère aux yeux baissés, aux mains usées, au visage dévasté sous son fichu de laine. Mais peut-on lire le visage d'un jeune homme heureux de partir en voyage dans ceux de ses parents qui viennent de le perdre dans un pays et dans une langue qui leur sont étrangers ?
Rachid Abdou est à Bordeaux, ce 12 novembre 1983, il est un peu triste, déçu. Il rentre déjà. Triste qu'un rêve s'achève, mais content de l'avoir rêvé, le sentiment modeste d'un projet accompli même si tout ne s'est pas passé exactement comme dans le rêve, il est exaucé, sous le coup d'une immédiate nostalgie, une déception heureuse si ces mots pouvaient aller ensemble. Il vient d'Oran, en Algérie, où il travaille et qu'il n'avait jamais quitté.
Si, une fois, l'an dernier, quelques jours en Italie qui lui laissèrent un mauvais souvenir, celui d'être mal accueilli, pas comme ici, en France, les bras ouverts. Il est né tout près d'Oran, à Tafraoui le 10 mai 1957. Il prépare son voyage depuis de longs mois. Il a économisé, pris le train pour Alger, le bateau pour Marseille et de nouveau le train pour Bordeaux Saint-Jean, le 9 novembre, le jour même où son président, Chadli Benjedid, est en visite officielle à Paris. Le Président a déclaré qu'il remerciait «le peuple de France pour la chaleur de son accueil et la confiance mutuelle». On ne sait pas si Rachid Abdou a entendu ce commentaire, mais lui aussi a une grande confiance en la chaleur de l'accueil et la mutualité des sentiments. Voilà des années qu'il y pense, à cette visite à Bordeaux : depuis qu'il échange des lettres assidues avec Patricia, Patricia qu'il n'avait jamais vue, Patricia qu'il n'a pas choisie. (...)
C'est court. Et terrible. Et foudroyant. Sans s'appesantir jamais, sans jamais glisser dans le pathos, Jean-Baptiste Harang rappelle, reconstruit, remet en scène - ou plutôt en sang -, remet en lumières - ou plutôt en sons, fracas de coups et sourds gémissements -, ce qui fut dans la nuit du 13 au 14 novembre 1983, dans le train 343, entre Agen et Montauban, un atroce fait divers...
Pendant l'épouvante, les témoins se taisaient, ou ne voyaient pas. Avaient trop peur. Crime raciste ? Pas seulement. A travers cette histoire vraie où seuls les noms ont été changés, Jean-Baptiste Harang interroge tous nos démons. La cruauté certes, la fureur et la brutalité. Mais surtout l'indifférence, la sécheresse. Le manque absolu d'amour. (Fabienne Pascaud - Telerama du 9 janvier 2013)
Surtout pas d'effet de manche. Une sobriété qui confine au dépouillement. En clair, les faits sans le pathos. Déjà à Libération, Jean-Baptiste Harang cultivait ce style d'écriture qui lui allait si bien, tout autant qu'au journal où il a passé de très nombreuses années. Bordeaux-Vintimille conserve obstinément cette manière : un fait divers épouvantable, vieux de bientôt trente ans, raconté de manière clinique et pourtant pleine d'émotion tenue. Bordeaux-Vintimille est le récit d'un meurtre qui secoua la France car il était atroce. L'acte lui-même mais aussi ses auteurs et tout ce qu'on appelle aujourd'hui le collatéral - le climat de l'époque - disaient (et disent encore) sur la nature humaine ce qu'on ne veut jamais lui voir. (Béatrice Vallaeys - Libération du 10 janvier 2013)
C'est un petit livre cinglant, comme une porte qui claque, un de ces courts ouvrages qui marquent la mémoire au fer rouge...
A l'époque, Jean-Baptiste Harang était correspondant régional de Libération à Toulouse. Il a suivi l'affaire Habib Grimzi - un jeune Algérien jeté sur les rails par trois candidats à la Légion étrangère -, assisté aux procès, s'est passionné pour cette tuerie insensée opérée par des hommes mués en bêtes sauvages. De ce fait divers sordide, il tire aujourd'hui un opéra. Haletant, glaçant, implacable. (Marianne Payot - L'Express, janvier 2013)
Pendant l'épouvante, les témoins se taisaient, ou ne voyaient pas. Avaient trop peur. Crime raciste ? Pas seulement. A travers cette histoire vraie où seuls les noms ont été changés, Jean-Baptiste Harang interroge tous nos démons. La cruauté certes, la fureur et la brutalité. Mais surtout l'indifférence, la sécheresse. Le manque absolu d'amour. (Fabienne Pascaud - Telerama du 9 janvier 2013)
Surtout pas d'effet de manche. Une sobriété qui confine au dépouillement. En clair, les faits sans le pathos. Déjà à Libération, Jean-Baptiste Harang cultivait ce style d'écriture qui lui allait si bien, tout autant qu'au journal où il a passé de très nombreuses années. Bordeaux-Vintimille conserve obstinément cette manière : un fait divers épouvantable, vieux de bientôt trente ans, raconté de manière clinique et pourtant pleine d'émotion tenue. Bordeaux-Vintimille est le récit d'un meurtre qui secoua la France car il était atroce. L'acte lui-même mais aussi ses auteurs et tout ce qu'on appelle aujourd'hui le collatéral - le climat de l'époque - disaient (et disent encore) sur la nature humaine ce qu'on ne veut jamais lui voir. (Béatrice Vallaeys - Libération du 10 janvier 2013)
C'est un petit livre cinglant, comme une porte qui claque, un de ces courts ouvrages qui marquent la mémoire au fer rouge...
A l'époque, Jean-Baptiste Harang était correspondant régional de Libération à Toulouse. Il a suivi l'affaire Habib Grimzi - un jeune Algérien jeté sur les rails par trois candidats à la Légion étrangère -, assisté aux procès, s'est passionné pour cette tuerie insensée opérée par des hommes mués en bêtes sauvages. De ce fait divers sordide, il tire aujourd'hui un opéra. Haletant, glaçant, implacable. (Marianne Payot - L'Express, janvier 2013)
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- ÉditeurGrasset
- Date d'édition2013
- ISBN 10 2246785715
- ISBN 13 9782246785712
- ReliureBroché
- Nombre de pages126
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Bordeaux-Vintimille
Edité par
GRASSET ET FASQUELLE
(2013)
ISBN 10 : 2246785715
ISBN 13 : 9782246785712
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Description du livre Paperback. Etat : NEUF. Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1983, entre Agen et Montauban, au lieu-dit Fourrier Six-Basses, un homme est mort. On l'a jeté vivant d'un train en pleine vitesse, le 343 qui relie Bordeaux à Vintimille. Cette nuit-là Rachid Abdou, un jeune Algérien, se rend à Marseille après trois jours de vacances, il rentre à Oran. Trois jeunes gens, en route pour Aubagne où il vont s'engager dans la Légion Etrangère, l'agressent sauvagement, le poignardent et le jettent par la portière. Crime raciste ? Violence gratuite ? Ivrognerie incontrôlée ?Des faits à la Cour d'Assises, Jean-Baptise Harang dit les dernières heures de la victime, le passé des assassins, tout ce que l'on a su avant de juger, et les questions restées sans réponse : Pourquoi ? Pourquoi trois jeunes gens qui ne se connaissent pas ont-ils lynché un inconnu de leur âge ? Pourquoi personne dans ce train bondé n'est intervenu ? Pourquoi Rachid Abdou est-il mort ? - Nombre de page(s) : 121 - Poids : 148g - Genre : Littérature française Romans Nouvelles Correspondance LITTERATURE FRA. N° de réf. du vendeur N9782246785712
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BORDEAUX-VINTIMILLE: roman - Collection "Ceci n'est pas un fait divers" dirigée par Jérôme Béglé
Edité par
GRASSET
(2013)
ISBN 10 : 2246785715
ISBN 13 : 9782246785712
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Description du livre Etat : New. Book is in NEW condition. 0.31. N° de réf. du vendeur 2246785715-2-1
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