Extrait :
Extrait de la préface de Abdallah Naaman :
CE LIVRE sera l'un des trésors de la littérature anglaise. Et dans notre obscurité, nous l'ouvrirons pour retrouver le paradis et la terre en nous. Les générations ne l'épuiseront pas, au contraire, génération après génération, elles trouveront ce qu'elles aimeront dans ce livre et il sera de plus en plus aimé comme les hommes grandiront. C'est le livre d'amour jamais écrit. Parce que vous êtes le plus grand amoureux qui n'ait jamais écrit... De plus en plus de gens vous aimeront au fil des ans, longtemps, longtemps après que votre corps sera devenu poussière. Ils vous rencontreront parce que vous êtes aussi visible que Dieu, écrivait Mary Haskell (1873-1964) à Gibran, dans une appréciation prophétique, le 2 octobre 1923, quelques jours après la publication du Prophète.
Aujourd'hui encore, partout, ce livre culte, devenu chef-d'oeuvre, est célébré par les grands de ce monde et lu par les peuples de toutes origines. J'en donne pour preuve une anecdote personnelle. En septembre 1973, je me trouvais à Washington, sirotant un jus d'orange à la terrasse d'un petit café, lorsqu'un Américain mal dégrossi, remarquant mon anglais approximatif, me lança : Where are you from ? J'ai répondu, un tantinet fier : From Lebanon. Guère impressionné, mon interlocuteur rétorque aussitôt : Where is Lebanon ? J'ai alors compris qu'avec les Amerloques, très sûrs d'eux-mêmes et dominateurs, il fallait toujours voir plus grand : Lebanon is near Syria. Resté sur sa faim, l'homme me relance : Where is Syria ? Agacé, je remarque un crucifix pendu autour de son cou et crois être sauvé d'un interrogatoire assidu en répondant : Lebanon is a country near the Holy Land. Le sexagénaire revient à la charge : But where is the Holy Land ? Franchement excédé, je me lève brutalement pour prendre congé et me jette à l'eau en risquant : I corne from the land of Khalil Gibran. Le visage de l'Américain s'illumina. Il se leva et m'entoura d'une paternelle accolade, s'excusant de son ignorance géographique et concluant, diplomate : Have a good time in the States. Somebody coming from the land of Gibran must be wise enough to share with my family a dinner ? Ma fierté fut telle que j'ai aussitôt pardonné l'affront, déclinant poliment l'invitation à dîner et acceptant volontiers de partager avec l'homme une boisson gazeuse que ses compatriotes affectionnent avec quelques cacahuètes grillées.
Amazon.fr :
Durant toutes ces années, le prophète a côtoyé les collines, conversé avec les vents et murmuré au creux des arbres. Étranger au peuple d'Orphalese, il a pourtant appris à le connaître et à l'aimer. Or, à l'heure de repartir vers sa terre natale, il éprouve une grande tristesse. Car c'est au sein de ce peuple, grâce à tout ce que lui a insufflé ce lieu, qu'il a pu mûrir la sagesse qu'il va désormais dispenser. Et c'est à Orphalese qu'à l'heure de l'adieu, dans un ultime échange, il s'accomplit comme prophète. On l'interroge sur les grandes préoccupations humaines et, inlassablement, il chuchote sa réponse avec tendresse et compréhension, sans dogmatisme. Long poème en prose, Le Prophète nous livre une conception de la religion qui est une conception de la vie. Étonnamment moderne, le panthéisme de Khalil Gibran conduit le divin vers des régions accessibles à tous. Nul besoin d'être chrétien du Liban, comme son auteur, pour se laisser bercer par le doux balancement des phrases. D'une grande indulgence envers les faiblesses de l'homme, mais aussi d'une grande confiance dans ses possibilités, cette modulation de L'Ecclésiastique, publiée en 1925, est sans doute le texte auquel Gibran a consacré le plus d'efforts. --Sana Tang-Léopold Wauters
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.