Et tu n'es pas revenu - Couverture souple

Loridan-Ivens, Marceline; Perrignon, Judith

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Couverture souple

ISBN 10 : 2253095060 ISBN 13 : 9782253095064

Editeur : Le Livre de Poche, 2016

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J'ai v�cu puisque tu voulais que je vive. Mais v�cu comme je l'ai appris l�-bas, en prenant les jours les uns apr�s les autres. Il y en eut de beaux tout de m�me. T'�crire m'a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je d�tends juste ce qui m'enserre le coeur. Je voudrais fuir l'histoire du monde, du si�cle, revenir � la mienne, celle de Shlo�me et sa ch�re petite fille . Le 29 f�vrier 1944, Marceline Loridan-Ivens a quinze ans lorsqu'elle est arr�t�e avec son p�re lors d'une rafle. D�port�e � Birkenau, elle subit l'horreur des camps et parvient � survivre. Son p�re, lui, ne reviendra jamais d'Auschwitz. Soixante-dix ans plus tard, elle lui adresse une lettre, r�dig�e avec la journaliste et �crivain Judith Perrignon, o� elle raconte sa captivit�, son retour, sa vie d'apr�s.

Les informations fournies dans la section � Synopsis � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.

Revue de presse :

�Toi tu reviendras peut-�tre parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas�, lui a dit un jour son p�re, alors qu'� Drancy, au d�but de l'ann�e 1944, ils attendaient, parmi des centaines, des milliers d'autres Fran�ais juifs, le convoi qui allait bient�t les emmener vers l'est...
Et tu n'es pas revenu est ainsi une lettre au p�re, dans laquelle Marceline Loridan-Ivens - � quatre mains avec la journaliste et romanci�re Judith Perrignon - raconte � celui qui n'est pas rentr� sa propre captivit�, son retour en France, sa vie d'apr�s. Plus exactement, l'impossibilit� d'une vie apr�s. Le constat est laconique, tranchant, sans nul espoir, et Marceline Loridan-Ivens le dresse inconsol�e, mais les yeux secs... (Nathalie Crom - T�l�rama du 4 f�vrier 2015)

Marceline Loridan-Ivens signe Et tu n'es pas revenu, soixante-dix ans de rem�moration sans un mot en trop. Elle a 86 ans et elle regrette le temps qui passe. Pas celui qui la rapproche de sa propre fin ; non, c'est bien plus grave ; elle regrette le temps qui la ram�ne aux pires heures de sa jeunesse, le temps de l'antis�mitisme �ternel et r�invent�, le temps de la violence barbare, le temps des rejets, celui de ces enfants d'aujourd'hui qui font grincer leur stylo pour ne pas entendre son t�moignage sur �Auschwitz-Birkenau. Si certains mots ne sont plus audibles, gravons-les sur des feuilles de papier, pix�lisons-les dans des m�moires informatiques ! Ceux de Marceline Loridan-Ivens, mis en sc�ne par Judith Perrignon, ont une force exceptionnelle. Il faudrait les lire entour� du �recueillement qui convient, mais en fait peu importe : d�s la premi�re ligne, le silence se fait, plus rien ne compte jusqu'� la derni�re ligne, et ces mots, nul ne pourra les oublier. On a pu croire qu'apr�s Primo Levi, apr�s Robert Antelme, apr�s Claude Lanzmann, tout �tait dit. Marceline Loridan-Ivens nous prouve le contraire. La force de son texte, c'est cette col�re et cette douleur intactes, amplifi�es m�me par "ce temps qui ne passe pas", pour reprendre le beau titre de J.-B. Pontalis. (Patrice Trapier - Le Journal du Dimanche du 1er f�vrier 2015)

Soixante-dix ans apr�s, elle publie donc ce petit livre d'une rare intensit�, �crit avec la complicit� de la romanci�re Judith Perrignon. Et tu n'es pas revenu s'adresse � son p�re, qui, lui, n'a pas �chapp� aux bourreaux nazis d'Auschwitz-Birkenau. Imprim� par Grasset � 13.000 exemplaires, il a tr�s vite attir� de nombreux lecteurs. Il faut dire que Marceline est infatigable et combative : son esprit libre et sa verve ont s�duit tous les m�dias. Son t�moignage est d'une force extraordinaire...
Marceline Loridan-Ivens, malgr� la noirceur des �v�nements, fuit tout pathos. (Mohammed A�ssaoui - Le Figaro du 19 f�vrier 2015)

Inconsolable et gaie, telle est Marceline Loridan-Ivens, la petite fille qui revint des camps. Ce voyage au coeur de l'enfer qu'elle �crit avec la journaliste Judith Perrignon, est port� par cette puissance que seule la gaiet�, m�me contrari�e, sait offrir. Voici le petit livre d'une grande dame. Plus qu'un t�moignage, c'est une oeuvre litt�raire. 110 pages qu'on lit en retenant son souffle. Marceline Loridan-Ivens avait 15 ans lorsqu'elle fut arr�t�e avec son p�re par la Milice. Elle est revenue des camps de la mort. Pas son p�re. Soixante-dix ans apr�s les faits, elle lui �crit. Une lettre qu'il ne lira pas et qui dit, sur un ton pudique et calme, l'indicible...
Inconsolable et gaie : et c'est ainsi que Marceline est grande. (Fran�ois Busnel - L'Express, f�vrier 2015)

Extrait :

J'ai �t� quelqu'un de gai, tu sais, malgr� ce qui nous est arriv�. Gaie � notre fa�on, pour se venger d'�tre triste et rire quand m�me. Les gens aimaient �a de moi. Mais je change. Ce n'est pas de l'amertume, je ne suis pas am�re. C'est comme si je n'�tais d�j� plus l�. J'�coute la radio, les informations, je sais ce qui se passe et j'en ai peur souvent. Je n'y ai plus ma place. C'est peut-�tre l'acceptation de la disparition ou un probl�me de d�sir. Je ralentis.
Alors je pense � toi. Je revois ce mot que tu m'as fait passer l�-bas, un bout de papier pas net, d�chir� sur un c�t�, plut�t rectangulaire. Je vois ton �criture pench�e du c�t� droit, et quatre ou cinq phrases que je ne me rappelle pas. Je suis s�re d'une ligne, la premi�re, �Ma ch�re petite fille�, de la derni�re aussi, ta signature, �Shlo�me�. Entre les deux, je ne sais plus. Je cherche et je ne me rappelle pas. Je cherche mais c'est comme un trou et je ne veux pas tomber. Alors je me replie sur d'autres questions : d'o� te venaient ce papier et ce crayon ? Qu'avais-tu promis � l'homme qui avait port� ton message ? �a peut para�tre sans importance aujourd'hui, mais cette feuille pli�e en quatre, ton �criture, les pas de l'homme de toi � moi, prouvaient alors que nous existions encore. Pourquoi est-ce que je ne m'en souviens pas ? Il m'en reste Shlo�me et sa ch�re petite fille. Ils ont �t� d�port�s ensemble. Toi � Auschwitz, moi � Birkenau.
L'Histoire, d�sormais, les relie d'un simple tiret. Auschwitz-Birkenau. Certains disent simplement Auschwitz, plus grand camp d'extermination du Troisi�me Reich. Le temps efface ce qui nous s�parait, il d�forme tout. Auschwitz �tait adoss� � une petite ville, Birkenau �tait dans la campagne. Il fallait sortir par la grande porte avec son commando de travail, pour apercevoir l'autre camp. Les hommes d'Auschwitz regardaient vers nous en se disant c'est l� qu'ont disparu nos femmes, nos soeurs, nos filles, l� que nous finirons dans les chambres � gaz. Et moi je regardais vers toi en me demandant, est-ce le camp ou est-ce la ville ? Est-il parti au gaz ? Est-il encore vivant ? Il y avait entre nous des champs, des blocs, des miradors, des barbel�s, des cr�matoires, et par-dessus tout, l'insoutenable incertitude de ce que devenait l'autre. C'�tait comme des milliers de kilom�tres. A peine trois, disent les livres.
Ils n'�taient pas nombreux les d�tenus qui pouvaient circuler de l'un � l'autre. Lui c'�tait l'�lectricien, il changeait les rares ampoules de nos blocs obscurs. Il est apparu un soir. Peut-�tre �tait-ce un dimanche apr�s-midi. En tout cas, j'�tais l� quand il est pass�, j'ai entendu mon nom, Rozenberg ! Il est entr�, il a demand� Marceline. C'est moi, je lui ai r�pondu. Il m'a tendu le papier, en disant, �C'est un mot de ton p�re�.

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