Une promesse - Prix M�dicis 2006 - Couverture souple

Sorj Chalandon

3,67

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9782253121145: Une promesse - Prix M�dicis 2006

Couverture souple

ISBN 10 : 2253121142 ISBN 13 : 9782253121145

Editeur : Librairie G�n�rale Fran�aise, 2008

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217pages. poche. Broch�.

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Un mot de l'auteur :

Une promesse est mon deuxi�me roman. L'histoire se passe en Mayenne, dans un village. Elle pourrait se passer partout ailleurs, mais comme je l'ai �crite en Mayenne, elle se passe sous le ciel de Mayenne. Ce sont sept personnes, sept amis qui ont fait promesse � deux autres de retarder le deuil. Ces amis sont absolument persuad�s qu'il est possible de d�jouer la mort, de la faire regarder ailleurs, dans une autre direction, de l'amuser, de l'endormir, qu'elle se mette brutalement en sommeil. Ces sept amis ont envie de retenir deux des leurs, et ils vont tout faire pour que, dans cette maison - tout se passe dans une maison qui s'appelle Ker Ael -, la mort erre � la recherche des deux mais ne les retrouve pas. Ces amis ont des t�ches quotidiennes, le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi : l'un d'eux ouvre les volets, allume les lumi�res, fait du bruit, l'autre chantonne, r�cite des po�sies � voix haute. L'id�e est que la mort ne se rende pas compte que la mort est dans la maison, qu'elle ne se rende pas compte que ces deux amis sont vieux, sont en train de partir doucement, et qu'elle attende leur d�part, qu'elle attende qu'ils se reposent, qu'ils se taisent, qu'ils ne fassent plus de bruit. Ces amis sont donc en train de faire du bruit pour eux, sont en train de vivre pour eux, sont en train d'imaginer pour eux la vie que ce pourrait �tre si les deux �taient encore en vie. Il y a l� Le Bosco, qui est le fr�re d'�tienne, une des deux personnes �g�es ; il y a Fauvette, qui est la femme d'�tienne. Et autour du Bosco, de ceux qui ont fait la promesse, il y a Ivan ; il y a Bertevin qu'on appelle l'Andouille - vous saurez pourquoi - ; il y a Madeleine qui est une femme formidable ; il y a tous ces gens-l� qui ont vraiment fait promesse de retarder le deuil. Mais nous sommes humains, et une promesse dure un mois, deux mois, trois mois, quatre mois, cinq mois, et au bout de dix mois - c'est le but de ce livre -, la promesse cesse, parce que nous sommes humains, parce que c'est difficile, parce que nous ne pouvons pas toujours vivre de promesses. Et quand la promesse cesse, il faut r�apprendre le deuil, comment faire le deuil. Lorsque j'ai �crit ce texte, j'avais vraiment de plus en plus envie, tout le long du texte, d'�tre avec ces gens, dans ce caf�, dans ce village ; j'avais envie de les conna�tre, de les toucher, de boire des coups avec eux. J'esp�re vraiment que vous aurez la m�me envie. J'esp�re vraiment que vous serez dans le caf� avec moi, avec eux, dans le village, avec moi, avec eux, et vous verrez que c'est extr�mement difficile de les quitter et en m�me temps, je suis persuad� qu'ils existent quelque part. Ils vous disent � bient�t, et je vous dis � bient�t aussi.

(Propos recueillis par t�l�phone)

Extrait :

La visite de L�o � Etienne et Fauvette

- La visite, murmure Etienne Pradon. Fauvette ne r�pond pas. Assise � la table aux coquelicots, elle remplit ses grilles, des lettres de case en case jusqu'� en oublier le temps. Lorsqu'elle est dans son jeu, Fauvette n'�coute rien de la maison. Ni les pas de son mari dans le couloir, ni la petite horloge suisse, ni leur silence, ni aucun des bruits du dehors. Etienne marche vers la penderie. Il dit que la veilleuse du grenier vient de s'�teindre, qu'il faut rem�placer l'ampoule, qu'il doit en rester une neuve dans le carton � �lectricit�. Il parle comme �a, tout haut, pour lui seul comme � son habitude. Puis il s'arr�te contre la porte et se tourne vers elle en disant :
- La visite.
Fauvette Pradon l�ve les yeux. Elle observe son vieil homme. Il a son front de peine, ses rides profondes, ses paupi�res lourdes et la bouche en soucis. Elle enl�ve ses lunettes, les laisse retomber au bout de leur cordon. Elle penche la t�te.
Elle l'entend � son tour. Un pas tra�nant qui vient sur le gravier. L�o Mottier. Il racle ses semelles sur les marches humides. Il est devant la porte. Il tousse. Il tire le cordon qui entra�ne la cloche de l'entr�e. Un coup furtif, respectueux, un timbre de politesse.
Etienne ferme les yeux. Il s'est adoss� au mur. Sur le perron de Ker Ael, des chaussures famili�res froissent trois pas. Maintenant, L�o doit reculer pour regarder la fa�ade, les volets clos, l'entr�e du jardin, la remise et sa fen�tre cass�e. Il doit �tre mains sur les hanches, la casquette de travers, la cigarette �teinte au coin des l�vres.
- Il va frapper, murmure Etienne.

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