Revue de presse :
A première vue, il s'agit de la énième confession d'un écrivain, genre «mon père, ce héros». A première vue seulement. Car Didier van Cauwelaert, auteur d'une poignée de romans pétillants où l'imaginaire mène la vie dure à la réalité, n'est pas de ceux qui se complaisent dans l'examen de leur nombril. S'il raconte l'itinéraire de son père, ce «père adopté», c'est parce que ce dernier est, au sens le plus littéraire qui soit, l'auteur de ses jours...
En effet, en racontant les aventures de son père, Didier van Cauwelaert explique de quelle manière il devint romancier. Sur les bancs de l'école, il inventa ses premières histoires, reniant auprès de ses copains ce père boiteux et pas assez bien mis qu'il avait accepté, finalement, d' «adopter». Etait-ce le mensonge d'un futur romancier ou la mystification d'un garnement ? On découvre, grâce à ce livre surprenant, que la mythomanie et le goût des canulars conduisent à la littérature. Et à la bonne !...
Ce roman familial est un défi à la sinistrose ambiante. Didier van Cauwelaert, au meilleur de son art, transmet au lecteur l'extraordinaire énergie des êtres solaires. Par bonheur, ce livre est contagieux ! (François Busnel - L'Express du 1er mars 2007 )
.Après Cheyenne, paru en 1993, qui rapportait un épisode de sa jeunesse, c'est le livre le plus autobiographique de Didier van Cauwelaert, 46 ans, écrivain à succès depuis son prix Goncourt en 1994, pour Un aller simple, et touche-à-tout prolifique - seize romans, plusieurs scénarios pour le cinéma, des pièces de théâtre, une comédie musicale, une bande dessinée...
Mais là encore, c'est écrit «roman» sur la couverture et, justement, Le père adopté se lit comme un roman. Les anecdotes s'enchaînent, toutes plus pittoresques les unes que les autres, entre coïncidences invraisemblables et mystifications désopilantes. Pourtant, tout est vrai, comme dirait l'autre...
La suite du Père adopté est à l'avenant, surprenante et divertissante dans les circonstances les plus graves. «Je ne pouvais parler de lui que de cette façon, renchérit le romancier. Sa vie était un tel matériau de roman que le plus important pour moi était de la transmettre.» Ce qui explique pourquoi Le père adopté relève moins de l'hommage que d'un dialogue malicieux, poursuivi au-delà de la mort, dont le lecteur ne se sent jamais exclu. C'est que Didier van Cauwelaert est fidèle à cet «antinombrilisme viscéral» qu'il revendique. (Delphine Peras - Lire, mars 2007 )
Dans ce beau roman débarrassé de tout pathos, l'écrivain poursuit le dialogue avec cet absent si présent et retrace ses débuts en littérature...
Dans la plupart de ses livres, l'auteur de Corps étranger et de La Vie interdite entraîne le lecteur sur la piste des origines et des identités de ses personnages ainsi que sur l'univers des possibles qui pourraient les réécrire. On retrouve tout cela ici, mais aussi le rêve d'une conversation ininterrompue entre les morts et les vivants. À la manière de Pascal Jardin dans Le Nain jaune, van Cauwelaert signe le portrait émouvant et drôle d'un homme qui savait réconcilier «le chagrin et le rire, le désir et l'eau froide, le suicide et la vie». Ce père qui pratiquait l'humour comme une morale de l'allure restera toujours son souffleur, nous confie-t-il. Belle équipe. (Christian Authier - Le Figaro du 29 mars 2007 )
«Le présent livre est un chantier d'amour.» Didier van Cauwelaert se déboutonne et c'est émouvant. L'exercice est périlleux mais l'écrivain est habile, rusé et léger, ce qui suppose une certaine profondeur. Pour la liberté de sa confession, il choisit d'écrire un roman, genre qui, selon le Littré, consiste en une histoire feinte où l'auteur cherche à exciter l'intérêt par la peinture des passions : le romancier d'Un aller simple (prix Goncourt 1994, Albin Michel) a retrouvé les couleurs. Elles sont indélébiles ; ce sont celles de son enfance niçoise pour le moins singulière, celles d'un passé heureux dont le souvenir demeure intact. Il les fixe dans ces pages qui sont un hommage adressé, au-delà de la mort, à son père disparu en 2005. (Le Monde du 13 juillet 2007 )
Extrait :
La première fois que tu es mort, j'avais sept ans et demi. J'étais rentré plus tôt que prévu d'un anniversaire et j'avais entendu ta voix, dans votre chambre :
- De toute façon, le jour où je ne peux plus marcher, je me tire une balle dans la tête. Vous n'allez pas me pousser dans un fauteuil roulant, non ? Je ne veux pas infliger ça à Didier.
Tu ne tenais déjà quasiment plus debout, entre tes cannes anglaises. Et pourtant j'ai souri, dans la montée des larmes. C'était bien toi, ça. Le sacrifice égoïste. Tant qu'à faire, j'aurais préféré pousser un fauteuil roulant plutôt que marcher derrière un cercueil. Mais c'était ta vie, tu avais choisi. Et je connaissais ton caractère : ce n'était pas la peine de plaider ma cause. C'était toi, l'avocat.
J'ai pris le deuil, ce jour-là, en décidant de devenir écrivain. Tu m'avais déjà passé le virus de l'imaginaire, avec les feuilletons à dormir debout que tu me racontais chaque soir au coucher. Quel plus beau métier que de construire des histoires, bien tranquille dans sa chambre, sans patron ni collègues ni clients sur le dos ? La vie était mon premier terrain d'écriture : j'y testais mes fictions, les peaufinais, les adaptais en fonction des réactions suscitées. Pour préparer mes contemporains à devenir mes lecteurs, je les transformais tout d'abord en cobayes. Je mentais avec une rigueur extrême, je m'inventais selon mes interlocuteurs des vies différentes que je notais sur des fiches pour ne pas me tromper ; je confondais sciemment la création littéraire et la mythomanie.
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