Extrait :
Juin 1998
Préliminaires
Le monde a des dents, et quand l'envie le prend de mordre, il ne s'en prive pas. Trisha McFarland avait neuf ans lorsqu'elle s'en aperçut. Ce fut un matin, au début du mois de juin. A dix heures, elle était assise à l'arrière de la Dodge Caravan de sa mère, vêtue de son maillot d'entraînement bleu roi de l'équipe des Red Sox (avec 36 GORDON inscrit au dos), et jouait avec Mona, sa poupée. A dix heures trente, elle était perdue dans la forêt. A onze heures, elle s'efforçait de ne pas céder à la panique, de ne pas se dire Je suis en danger, de chasser de sa tête l'idée que les gens qui se perdent dans la forêt s'en tirent quelquefois avec de graves blessures, que quelquefois même ils en meurent.
Tout ça parce que j'avais envie de faire pipi, se disait-elle. Quoique à vrai dire son envie n'était pas si pressante que ça. Du reste, elle aurait dû demander à maman et à Pete de l'attendre sur le sentier pendant qu'elle allait au petit coin derrière un arbre. Ils se disputaient, pour ne pas changer. C'est pour ça qu'elle s'était laissé distancer, sans rien dire. C'est pour ça qu'elle avait quitté le sentier et s'était enfoncée dans les fourrés. Elle avait besoin de respirer un peu, voilà tout. Elle en avait marre de leurs engueulades perpétuelles, marre de simuler la bonne humeur, elle sentait qu'elle était à deux doigts de se mettre à hurler, de crier à sa mère : Laisse-le partir ! S'il tient tant que ça à retourner vivre avec papa, pourquoi veux-tu l'en empêcher ? Si j'avais le permis, je le conduirais à Malden moi-même, qu'on ait enfin un peu la paix ! Mais que lui aurait répondu sa mère ? Quelle tête elle aurait fait ? Et Pete, alors ? Pete était grand, lui, il allait sur ses quatorze ans, et il était loin d'être bête. Qu'est-ce qu'il avait à s'acharner comme ça ? Pourquoi revenait-il toujours à la charge ? Arrête tes conneries, voilà ce qu'elle aurait voulu lui dire. Arrêtez vos conneries tous les deux.
Leurs parents avaient divorcé un an plus tôt, et c'est leur mère qui avait obtenu le droit de garde. Ils avaient dû quitter la banlieue de Boston pour aller habiter au fin fond du Maine, et Pete n'avait pas cessé de s'en plaindre. L'absence de leur père lui pesait, certes, et c'est toujours de cette corde-là qu'il jouait avec maman (devinant d'instinct que c'était celle qui résonnerait le plus profondément en elle), mais Trisha savait que ce n'était pas l'unique raison, ni même la raison principale de sa conduite. Si Pete ne voulait pas rester dans le Maine, c'est surtout parce qu'il détestait le lycée de Sanford.
À Malden, il était comme un coq en pâte. Il régnait sur le club d'informatique comme s'il en avait été le prince régent, et il avait plein de copains. Tous du genre boutonneux à lunettes, d'accord, mais ils se serraient les coudes et les petites frappes évitaient de leur chercher noise. Au lycée de Sanford, il n'y avait pas de club d'informatique, et Pete ne s'y était fait qu'un seul ami, Eddie Rayburn. Mais en janvier, victime lui aussi d'une rupture conjugale, Eddie avait dû quitter la ville, et Pete s'était retrouvé seul. Non content d'être en butte à toutes sortes de brimades, il était vite devenu un objet de risée et avait hérité d'un sobriquet qu'il haïssait - Bionic Pete.
(...)
Quatrième de couverture :
C'est exprès que Trisha s'est laissée distancer par sa mère et son frère, ce jour-là, au cours d'une excursion sur la piste des Appalaches. Lassée de leurs sempiternelles disputes depuis que Papa n'est plus là.
Ce qu'elle n'imaginait pas, c'est que quelques minutes plus tard elle serait réellement perdue dans ces forêts marécageuses. Qu'elle affronterait le froid, la faim, la nuit, les bruits et les rumeurs de la nature. Et deux personnages terrifiants acharnés à sa perte : la Teigne et la Chose. Il lui reste son baladeur, sur lequel elle peut suivre les exploits de son idole, Tom Gordon, le joueur de base-ball. Le seul qui peut l'aider, la sauver.
Après Sac d'os et La Tempête du siècle, le roi de l'épouvante offre à ses millions de fans une surprise. Un magnifique personnage de petite fille drôle, futée, énergique, capable de désespoir autant que de courage. Et puis une histoire très simple.
Une terreur très simple.
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