Revue de presse :
Le retard russe résulterait de la nature spécifique des Russes et d’une histoire singulière liée à un caractère national et à une fatalité qui feraient échapper ce peuple et ce pays aux convergences de la mondialisation. Cette hypothèse, à la mode au XIX° siècle et de nouveau en vogue à l’aube du XXI°, est le fil conducteur du questionnement théorique de cet ouvrage, écrit par l’une des plus grandes spécialistes de l’histoire de la Russie, l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse.
Cet essai est l’occasion pour l’auteur de s’interroger sur les grandes permanences qui affleurent sur la longue période, et plus particulièrement sur les dilemmes qui accompagneront l’histoire russe jusqu’en 1917 - et au-delà de l’ère communiste, jusqu’à maintenant.
Parmi ceux-ci, la gestion de l’immense espace, opposant des forces décentralisatrices du fait de l’extension territoriale, à la nécessaire centralisation ; le recours incessant à la violence d’Etat au bénéfice d’un grand projet, face à un peuple le plus souvent resté à l’écart des réformes ; enfin, la tentation européenne, vue comme chantre de la modernité, et le rejet de cette appartenance, au nom de l’attachement des Russes aux traditions et de leur peur de l’extérieur. Telles sont quelques-unes des grandes tendances d’une longue tradition, qui ont fait maintes fois le malheur de la Russie et l’ont empêchée de se départir de sa condition de "colosse aux pieds d’argile".
Alors que n’ont jamais été aussi grandes les chances de "renaître" à la liberté et à la modernité, ce que les Russes espèrent aujourd’hui voir surgir, c’est l’achèvement d’une Russie civilisée, impossible à envisager et à construire sans avoir au préalable tiré les leçons de leur Histoire, rythmée de déceptions et d’efforts sans cesse renouvelés, pour réformer sans détruire son identité millénaire. --Marc Valeri-- -- Futuribles
Présentation de l'éditeur :
Y a-t-il en tout, mais d'abord dans le malheur, une exception russe ? Une fatalité qui ferait échapper ce peuple et ce pays aux convergences de la mondialisation, qui les ferait diverger d'une évolution favorable qui profite même aux plus déshérités de leurs anciens vassaux ? Des pesanteurs qui, à chaque pas en avant, les tirent à nouveau en arrière ou vers le bas ? Le mieux est d'y aller voir, comme toujours, mais, à la manière de Michelet brossant ses Tableaux de la France, d'aller, si l'on peut dire, sur le terrain du Temps, là où l'on voit mieux affleurer ou saillir les grandes permanences d'un pays. Dans le cas russe, ce sont : l'immense espace, et donc ses décompositions et recompositions successives ; le pouvoir total, ses chutes et ses restaurations ; la tentation européenne ou le rejet de cette appartenance ; le retard sur tout et sur tous et les effets de la conscience de ce retard ; la peur de l'extérieur avec sa double traduction dans l'expansion et l'agressivité. De quel poids pèsent ces grands traits du passé dans l'évolution de la Russie actuelle, confrontée à un problème qui menace son avenir : une régression démographique sans précédent ? Un tel phénomène, inconnu partout ailleurs, est-il compatible avec la survie d'un pays et la permanence de son identité ? Tout est-il perdu pour la Russie affaiblie, alors que jamais les chances de renaître à la liberté et de se " mondialiser " n'ont été aussi grandes pour elle ?
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