Blaise Pascal traversa la vie comme un météore. En moins de quatre décennies, il fit don à la France d'une de ses plus grandes œuvres philosophiques et littéraires. Scientifique, il bouleversa les données des mathématiques et de la physique. Polémiste, il forgea avec ses Provinciales le modèle de la littérature de combat. Profondément chrétien, il brisa les cadres de la théologie pour proposer à chacun des questionnements aussi troublants que féconds. Par-dessus tout, il sut, dans une langue incomparable, tout dire de la condition humaine, de sa liberté et de sa finitude. Son œuvre coïncida avec une époque qui vit la France régner intellectuellement sur le monde. "Effrayant génie", s'exclamait Chateaubriand. "Génie français", préfère dire Jacques Attali, qui, dans cette biographie érudite et allègre, nous fait découvrir les mille facettes d'un homme d'intuition et de raisonnement, de foi et de révolte, dont l'œuvre demeure singulièrement moderne en notre début de millénaire.
Si Pascal m'était conté.
Clartés (1623-1650),
Lumières (1650-1662),
Splendeurs (1663-2000)... Imposant triptyque où le récit se substitue souvent à l'analyse et l'anecdote éclairante au détail érudit, cette fresque en clair-obscur d'un demi-siècle de génie français est bien plus qu'une simple biographie. La vie de Pascal, en effet, est l'emblème de cette époque prolifique où les lettres, les arts et les sciences connaissent en France un destin prodigieux. Plus encore, Pascal représente pour Attali la quintessence de l'esprit français. Dans la dernière partie consacrée au devenir posthume de l'oeuvre de Pascal, l'auteur va même jusqu'à soutenir que la France est plus pascalienne que cartésienne.
À travers l'oeuvre de Pascal, le génie français apparaît comme ambigu, complexe, contradictoire, fait d'un mélange de raison, d'insoumission et d'universalité.
Écrit avec talent et conviction, l'ouvrage s'achève ainsi sur un bel hommage rendu à la modernité d'un génie sans égal qui nous permet de mieux comprendre le temps présent. --Paul Klein