Revue de presse :
D'une plume rapide, sensuelle et pleine d'humour, l'écrivain suisse Jean-Michel Olivier signe un nouveau roman délicieusement déjanté. Dans L'Amour nègre, l'enseignant né en 1952 à Nyon, auteur déjà de nombreux ouvrages, laisse souffler un puissant vent de liberté. Une liberté qui n'est pas toujours synonyme de bonheur. Loin de là. Rien n'est jamais tout blanc ou tout noir dans la vie de Moussa, jeune Africain adopté à l'âge de 10 ans par un couple de stars du cinéma venu de Hollywood. (Blaise de Chabalier - Le Figaro du 21 octobre 2010)
La fable du romancier genevois Jean-Michel Olivier L'amour nègre décrit avec une feinte simplicité ce tournis mystificateur où s'emballe la société anonyme globale que Barthes n'avait fait qu'entrevoir. Qui pourrait mieux s'en acquitter qu'un Adam, Ingénu ou Huron fort bien fait, né au fond de l'Afrique, dans le berceau de toutes les familles humaines, émergentes ou décadentes ?...
Cet Adam est l'anti-Basquiat. Fils renié des mythes et des rites, il reste, dans le monde hystérique et atrophié de la pub et des marques, nature et joyeux. Plus déluré que Jean-Michel Olivier, tu meurs. (Marc Fumaroli, de l'Académie française - Le Point du 4 novembre 2010)
Le prix Interallié a été décerné, mardi 16 novembre, au Suisse Jean-Michel Olivier pour L'Amour nègre (éditions de Fallois), une fable acide et drôle sur un petit Africain adopté par des stars de Hollywood, qui risque de perdre son âme dans le tourbillon de la vie facile. (Le Monde du 18 novembre 2010)
L'amour nègre est avant tout une histoire d'amour vache, entre l'argent et un jeune africain adopté par des stars d'Hollywood. Le petit Moussa est échangé par son vrai père contre une télévision à écran plasma à 11 ans...
Longtemps critique culturel pour le quotidien La Tribune de Genève, Jean-Michel Olivier laisse parler sa fibre journalistique à travers L'amour nègre, en multipliant les références à l'actualité. Auteur d'une vingtaine de romans, de recueils de poésie et d'essais, ce bloggeur et éditeur actif a toujours voulu encré ses fictions dans la réalité. (Gaël Vaillant - Le Journal du Dimanche du 21 novembre 2010)
Distingué la semaine dernière par les jurés du prix Interallié, L'Amour nègre, de l'écrivain-journaliste suisse Jean-Michel Olivier, est une pochade tournant au tragique. En passant par la case poétique. On s'y plonge d'abord avec amusement, délassement, tant ce roman semble de prime abord éloigné de l'esprit de sérieux qui rend si prétentieuse une bonne partie de la production contemporaine. Tout, dans cet univers déroutant, paraît tellement excessif, caricatural, genre BD, que l'on s'amuse sans arrière-pensée...
Un Africain qui donne son fils à des acteurs américains bourrés de bons sentiments en échange d'un écran plasma pour télévision, c'est un troc inimaginable. A-t-il seulement le courant sous sa case ? Le couple glorieux, dont la vie s'étale sur les pages des journaux «people» du monde entier, va débaptiser l'enfant et l'appeler du beau prénom d'Adam. Adam...On se doute alors que l'on va, peu à peu, cesser de rire...
Ce récit haletant, écrit d'une manière rapide, au style bref et efficace, coupe le souffle. (Bruno Frappat - La Croix du 24 novembre 2010)
Avec L'Amour nègre (Prix Interallié 2010), Jean-Michel Olivier fustige notre monde global envahi par les marques. Une fable allègrement satirique...
Dans ce monde, au langage unique, de fous, de marques et de psys, où nous entraîne l'enseignant journaliste vaudois, les adultes déboussolés errent dans leur vie, entre illusions et trahisons. Seul résiste le jeune Moussa/Adam/Aimé, curieux de tout et propriétaire de rien. La clef du bonheur à la suisse ? (Marianne Payot - L'Express, décembre 2010)
Extrait :
Appelez-moi Adam.
Je suis né en Afrique. Il y a longtemps. Dans un petit village coincé entre la mer et un volcan éteint. Mon père était petit et redouté. Il avait dix épouses et une kyrielle d'enfants. C'était le seul et le meilleur moyen qu'il avait trouvé pour ne pas travailler. Il passait ses journées sous l'aloès. Avec une calebasse remplie de vin de palme. A rêver d'évasion ou de massacre. Le soir il titubait d'une case à l'autre et distribuait des volées de bambou.
A cette époque, notre village comptait une centaine d'âmes. Je ne parle pas des morts, bien plus nombreux que les vivants. Il était adossé, au nord, au flanc d'un volcan souffreteux. Il dominait une longue crête boisée qu'il fallait traverser pour arriver au fleuve. Les cases étaient des huttes de terre rouge au toit de chaume. Elles dessinaient une sorte de colimaçon. Au centre se trouvaient les cases des femmes. Les hommes occupaient toute la périphérie. Elle-même protégée par une double haie d'épieux tranchants.
Une piste rudimentaire relie le village à la ville. Distante de cinquante kilomètres. De temps à autre une jeep l'emprunte. Elle s'arrête au milieu du village. Dans un nuage de poussière. Des militaires descendent. Le fusil sur l'épaule. Le visage luisant de transpiration. Ils vont dans la case de mon père. Les Reines leur donnent à boire et à manger. Les plus jeunes, parfumées au soumaré, les cheveux ornés de perles multicolores, restent dans la case jusqu'au soir. Moi et les autres on colle notre oreille aux fenêtres. On entend des cris bizarres. Des couinements de chauves-souris. Le soir tombe. Comme on éloigne les mouches à merde, les Reines nous chassent avec des touffes d'ortie. Enfin, les militaires sortent. Le fusil à la main. L'uniforme débraillé. Ils remontent dans leur vieille Land Rover. Les yeux brillants. Emmenant avec eux d'autres femmes du village. Et la voiture repart comme elle est arrivée. Dans un bruit effroyable de pistons. On revoit rarement les femmes aux épaules garnies de chapelets de soumaré.
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