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Dictionnaire des injures littéraires - Couverture souple

 
9782253162360: Dictionnaire des injures littéraires
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Extrait :
Au lecteur

II vous vient quelquefois un dégoût d'écrire en songeant à la quantité d'ânes par lesquels on risque d'être lu.
Paul Léautaud

A quoi bon lire du mal de personnages qu'on ne connaît pas ? Proféré par des personnages qu'on ne connaît pas non plus ?

Le premier intérêt de ce dictionnaire sera d'éclairer les générations nouvelles, et de leur apprendre, par leurs détracteurs, l'existence des mille saints, sages, rois, princes, prophètes, généraux, peintres, musiciens, écrivains, sculpteurs, femmes, hommes d'État et histrions, qui ont agité le monde depuis qu'on le dénigre avec des mots. S'ils sont un peu perspicaces, nos néophytes remarqueront qu'insulteurs et injuriés portent parfois le même nom : c'est probablement qu'ils s'en voulaient ; la haine, à la différence de l'amour, est souvent réciproque.

Pourquoi n'avoir pas recueilli au contraire les gentillesses, les admirations, les extases et les béatitudes qu'on éprouve bien naturellement a contempler son prochain ; pourquoi avoir compilé la fastidieuse matière d'un si grand nombre d'offenses, et n'avoir pas plutôt proposé un dictionnaire des flatteries ?

Envisageons d'abord le catalogue des amours sans vocabulaire, sans syntaxe, sans idée, sans rien du tout, qui recenserait nos contemporains : il aurait déjà à lui seul dix fois le volume de cet ouvrage. Voilà pour l'argument pratique.

Songeons ensuite qu'il est, sauf exception, infiniment moins honorable de proclamer son adoration que de déclarer son mépris. Que pour écrire ad hominetn, il faut connaître l'homme, et ne pas craindre de l'affronter si on a oublié qu'il vivait encore... A moins bien sûr de laisser faire le temps en confiant à son journal, c'est-à-dire à sa postérité, ses humeurs : la vengeance se déguste alors une fois le vengeur froid, par un étrange pari qui est celui de la survie de ses ennemis.

L'injure comme moyen d'extermination d'un rival a connu son ère glorieuse avec l'avènement de la bourgeoisie arrogante, qu'on a ironiquement appelé les Lumières. Elle a sévi, dans toute sa fielleuse virulence, comme «moyen pour se faire, avec rien, de la notoriété» selon une recette que donne Barrés, tout au long du stupide XIXe siècle. Elle s'est arrêtée une fois cette bourgeoisie parfaitement installée, au milieu du siècle dernier, avec la sacralisation judiciaire de la diffamation et la fin des duels. On remarquera en effet que les plus écrasantes injures, renouvelées de l'antique, datent de Voltaire et qu'elles finissent en France sous de Gaulle. On insulte aujourd'hui en se taisant, conspirant les silences : c'est un progrès qui confine à l'imitation des anémones.

Quelques autres attraits que je pourrais signaler à ce «génocide platonique» qui est d'abord un livre d'humour - la formidable bibliothèque dont j'ai perdu la clef, où se déchirent cruels rhéteurs et poètes assassins, contempteurs stipendiés et haineux maniaques, vedettes éphémères et critiques lugubres, que discrètement dominent un petit nombre d'esprits lucides qui ne concèdent rien à leur époque ni à leur langue ; toute une comédie humaine en somme, aggravée de littérature -, je préfère m'en remettre au jugement du lecteur dont je suis le très-humble obligé, qu'il sache lire ou pas ne m'important guère, et m'offrir d'un coeur égal aux louanges ou aux outrages dont il voudra bien me gratifier, me défiant par-dessus tout de sa mortelle indifférence.

Pierre CHALMIN
Revue de presse :
C'est une imposante boîte à gifles de 700 pages, à ouvrir avec précaution. Car dans ce festival de vannes rassemblées par Pierre Chalmin, on ne croise pas que des gens sympathiques : un bon mot peut révéler courage et lucidité, mais aussi des idées à vomir, où l'homophobie et la misogynie le disputent à l'antisémitisme. Pourtant, même si les blagues racistes sur les Auvergnats ne vous font plus rire, du moins les pires phrases de la littérature sont-elles ici tournées avec style. De mauvaise foi ou pas, c'est toujours plus inventif que les mots doux d'Anelka à son sélectionneur. (Grégoire Leménager - Le Nouvel Observateur du 9 septembre 2010 )

Pierre Chalmin ne commente pas les "injures" qu'il a recensées. Il se contente d'une courte introduction générale, pour expliquer qu'il a choisi cette collection de vacheries selon trois critères : "La notoriété de l'injurié, la qualité de celui qui injurie, et le caractère outrancier, humoristique ou d'une absolue mauvaise foi de l'insulte." C'en est assez pour nous mettre l'eau à la bouche...
En France, "les plus écrasantes injures datent de Voltaire et finissent sous de Gaulle", constate Pierre Chalmin. Est-ce à dire que les moeurs sont devenues plus douces et les gens plus tolérants ? "On insulte aujourd'hui en se taisant, conspirant les silences", estime l'auteur du dictionnaire. En tout cas, si les polémiques littéraires sont moins virulentes qu'autrefois, Internet peut leur donner un immense écho. L'heure n'est plus aux duels sanglants, mais au grand bourdonnement de la Toile. Un progrès ? (Robert Solé - Le Monde du 17 septembre 2010 )

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  • ÉditeurLe Livre de Poche
  • Date d'édition2012
  • ISBN 10 2253162361
  • ISBN 13 9782253162360
  • ReliurePoche
  • Nombre de pages816

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