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Nathan, Tobie Ethno-roman ISBN 13 : 9782253176794

Ethno-roman - Couverture souple

 
9782253176794: Ethno-roman
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Né en Egypte, je suis égyptien, comme le furent mes ancêtres, enterrés dans le cimetière du Caire, à Bassatine, depuis des temps immémoriaux. Ayant vécu enfant à Rome, je suis italien, comme il était inscrit sur nos passeports. Ayant grandi à Genevilliers, je suis communiste, comme l'était cette ville, héritière des années de guerre. Ayant eu vingt ans en 68, j'ai à la fois vécu passionnément la révolution culturelle française et traversé les événements comme Fabrice à Waterloo. Formé à l'Institut Saint-Jacques, j'ai essayé d'épouser au moins l'identité de psychanalyste, mais n'y suis pas parvenu. Je suis comme la goutte qui file entre les doigts pour s'en aller rejoindre la source . Ethno-roman offre une vision excentrée et captivante du monde, soutenue par l'incessant désir de vivre, d'agir et d'apprendre. Eglal Errera, Le Monde des livres Prix Femina de l'essai 2012.

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Extrait :
Je m'appelle Tobie Nathan

En vérité, je suis né après ma naissance. La France, mon pays, j'y suis arrivé un peu tard, en 1958 - comme de Gaulle au pouvoir - déjà âgé de dix ans, déjà fabriqué, pour ainsi dire. Les Français sortaient de la guerre ; nous sortions d'Égypte, arrivés tout droit de l'Antiquité. Je ne comprenais pas l'ambiance de tristesse et de plainte qui régnait alors en France. Mes parents n'avaient été ni déportés, ni collabos, ni bofs ; et certainement pas de ces veaux que raillait le Général. Mes parents venaient d'ailleurs et restaient imprégnés des préoccupations de ce monde lointain. Ils lisaient le journal, non pour connaître le prix du beurre, mais pour avoir des nouvelles de Khrouchtchev ou de Boulganine parce que c'étaient eux, les dirigeants soviétiques, qui avaient été à l'origine de leur expulsion d'Égypte, en menaçant les Français et les Anglais durant l'affaire de Suez.
Quand je suis arrivé en France, chacun n'avait qu'une idée en tête, régler les comptes de la guerre. Nous autres, Français, je l'ai compris depuis, sommes éternels opiniâtres de nos raisons... raison d'avoir été pétainiste, raison d'être communiste, raison d'être pacifiste... en ces temps, il y avait encore de tout ! Mon ami, Jean-Loup, aujourd'hui grand reporter dans un hebdomadaire prestigieux, me montrait les jambes frêles de son père : «C'est Buchenwald, m'expliquait-il, pour le reste il a bien récupéré, mais les jambes sont restées aussi maigres qu'au retour du camp»... Nous avions onze ans, douze, peut-être ; nous partagions nos premiers étonnements, nos premiers émois et nos intérêts pour les filles. Pour moi, il était la France et lorsqu'il m'invitait chez lui, j'observais sa famille, une famille de Français. Eux aussi, du reste ; ils m'observaient. Pour eux, j'étais cet étranger qu'ils aimaient connaître. Ils étaient de Charente ; ils étaient comme ça ! - chez eux, on posait mille questions.
La France, je l'ai rencontrée aussitôt arrivé, dans le même temps où je me suis découvert. Je veux donner un double sens au mot «découvrir», à la fois se dévêtir, se montrer, et aussi connaître, reconnaître sa propre étrangeté. J'ai toujours été étrange à moi-même, considérant au fur et à mesure du temps que la seule véritable tâche d'homme était de parcourir ses recoins cachés, de s'adapter à ses propres singularités.
Nous étions à la veille de Pessah, la pâque juive. Il faisait beau, je m'en souviens ! C'était aussi une découverte ce pays où l'on remarquait le jour où il faisait beau ! Le maître, «Monsieur M...» - j'aimerais dire son nom, mais il vaut mieux ne pas troubler le sommeil des morts... -, tablier gris, plis du fer à repasser, cheveux gominés, plaqués en arrière, cynique, raffiné, interrompit la leçon cinq ou dix minutes avant l'heure. Moment de détente, proposition de parole libre. Il faudrait prévenir les migrants : il n'existe pas de parole libre. Lorsqu'elle est libre, ta parole te dénonce plus encore ! Je lève la main :
- Msieur ! Demain, je serai absent... je ne viendrai pas à l'école.
- Ah oui ? Et pourquoi donc ?
- Msieur, mais c'est Pâque ! On va faire la haggadah !
Revue de presse :
Il y a trois lectures possibles de ce livre, trois récits qui s'entrelacent de manière décalée dans le temps et l'espace, trois épopées où le héros, mais aussi le héraut («personne qui annonce un événement remarquable», dans le dictionnaire), est bien sûr l'auteur de cet Ethno-roman. Chacun préférera - ou délaissera - tel ou tel récit...
Revenons à l'une des trames du livre, une des plus intéressantes, quand Tobie Nathan raconte ses origines (et celle de ses ancêtres), celle qui développe et analyse son roman familial. C'est évidemment là que l'on trouvera la clé du personnage. L'auteur fait partie de la communauté juive d'Alexandrie (totalement disparue aujourd'hui) que Nasser a embarquée de force et sans bagages en février 1957 sur un navire en direction de l'Italie (c'était l'époque de «la crise du Canal de Suez»). Tobie Nathan, enfant, était accompagné dans ce périple par son grand frère et ses parents. Après moult péripéties, la famille arriva en août 1958 de Rome à Paris, où ils vécurent tous les quatre «clandos dans une chambre de 10 mètres carrés»...
La banlieue, les «quartiers», Tobie Nathan les connaît bien. Ce n'est donc peut-être pas par hasard s'il a commencé sa carrière à la faculté de Villetaneuse (Seine-Saint-Denis), puis à Bobigny où il créa un enseignement et une consultation d'ethno-psychiatrie. Mais loin de raconter son histoire sur un mode historique ou plaintif, c'est dans un style littéraire, métaphorique, presque onirique, que l'auteur écrit de très belles pages où il explique l'origine de son prénom (Théophile pour l'état civil, en fait l'arbre qui cache la forêt de bien d'autres prénoms), et de son nom (Nathan). (Geneviève Delaisi de Parseval - Libération du 25 octobre 2012)

Servi par une écriture d'une belle vitalité, Ethno-roman est la chronique intellectuelle d'une génération et d'une communauté oubliée, celle des juifs d'Egypte, dont l'émigration engendra une diaspora discrète...
Ethno-roman offre une vision excentrée et captivante du monde, soutenue par l'incessant désir de vivre, d'agir et d'apprendre. (Eglal Errera - Le Monde du 8 novembre 2012)

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  • ÉditeurLe Livre de Poche
  • Date d'édition2014
  • ISBN 10 2253176796
  • ISBN 13 9782253176794
  • ReliurePoche
  • Nombre de pages360
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ISBN 10 :  ISBN 13 :  9782246790068
Editeur : Grasset, 2012
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Nathan, Tobie
Edité par Distribooks Inc (2014)
ISBN 10 : 2253176796 ISBN 13 : 9782253176794
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Nathan
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