Le roman de Beyrouth - Couverture souple

Najjar, Alexandre

3,68

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Couverture souple

ISBN 10 : 225919849X ISBN 13 : 9782259198493

Editeur : Plon, 2005

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Extrait :

Extrait du prologue

- On ne me prendra pas Beyrouth !
L'homme vient de f�ter ses quatre-vingts ans, mais il parle avec la fougue de ses vingt ans. Dans cette vieille maison, au coeur de la montagne libanaise, assis sur son lit, v�tu d'un pyjama ray�, il me regarde sans me voir. Il a les cheveux taill�s en brosse, le visage allong�, le front haut, le nez droit. Il a d� �tre beau. Il s'exprime avec force et clart�, dans un fran�ais ch�ti�, mais en roulant les r. Sa m�moire est prodigieuse, capable de reconstituer dans le d�tail tous les �v�nements dont il a �t� le t�moin ou que ses proches ont connus. Point de digressions dans son r�cit : il sait o� il va, m�me quand il s'attarde sur des souvenirs d'enfance qui nous �loignent de notre propos. Il n'invente pas, ou si peu, �maille ses histoires d'interrogations, de dictons, de pens�es �rudites. Sur une �tag�re, � c�t� d'une statuette repr�sentant la Vierge de Harissa, tr�ne un appareil photo portant la marque Rolleiflex. Au mur, une photo de famille encadr�e, repr�sentant un couple et trois enfants : deux gar�ons et une fille.
En t�tonnant, il ouvre le tiroir de sa commode, en sort un coffret contenant des documents et des photos jaunies.
- Toute mon histoire est l�, me dit-il en tapotant la cassette. Quelques clich�s, les �ph�m�rides de mon grand-p�re, le carnet de mon p�re, deux ou trois lettres, c'est tout. Je n'ai pas tenu de journal (la t�che est fastidieuse !), sauf en 1945 et en 2000 - deux ann�es charni�res du si�cle pass�. Je te les confie : je sais que tu en feras bon usage.
Il l�che un long soupir, puis continue :
- Rizkallah ! La majeure partie de mon existence, c'est place des Canons que je l'ai pass�e. Cette place �tait unique au monde ; elle symbolisait le pays. Les Libanais, toutes confessions ou classes confondues, se retrouvaient l� : les chr�tiens y c�toyaient les musulmans et les juifs ; les riches, les pauvres. A pr�sent, il n'y a plus rien : la place des Canons a disparu !
Monsieur Philippe dit vrai. Ce matin, avant de me rendre chez lui, j'ai essay� en vain de reconstituer la place des Canons - connue aussi sous le nom de place des Martyrs ou place de la Tour (Al Bourj) -, de retrouver des vestiges, des rep�res, capables de me r�concilier avec le pass� de mon pays. Debout � c�t� de la cath�drale d�di�e � saint Georges - qui aurait terrass� le dragon � Beyrouth ! -, au pied d'une imposante mosqu�e surmont�e de quatre minarets, je n'ai pas reconnu ce lieu mythique pourtant pr�sent sur les cartes postales et dans tous les guides du Liban. Qu'est-elle devenue, cette place que la guerre - et les bulldozers de la reconstruction - a ravag�e ? Rien. Rien n'a surv�cu : ni les cin�mas, ni les caf�s, ni le tramway, ni la foule bigarr�e... Il ne reste plus qu'une vaste esplanade travers�e par un boulevard et la carcasse du cin�ma City Center, pareille � une baleine endormie. Le b�timent de la pr�fecture de police qui abritait autrefois l'h�tel kh�divial ? Disparu. Le monument aux Martyrs ? D�plac�. L'immeuble Rivoli ? Dynamit�. A-t-on voulu, en transformant la configuration du site, brouiller les m�moires ? A-t-on voulu, en l'effa�ant, faire table rase d'une �poque ? Trop d'histoires, trop de souvenirs, trop de symboles li�s � cet endroit : la place des Canons g�nait. Un concours international a, para�t-il, �t� lanc� pour trouver � la place une �nouvelle identit�. Pourquoi changer son identit� ?

Pr�sentation de l'�diteur :

Cette fresque romanesque raconte l'histoire d'une famille libanaise de la moiti� du XIXe si�cle � nos jours et, � travers elle, l'histoire du Liban contemporain.

Tout commence en 1858, place des Canons, � Beyrouth. Pris par le d�mon de la r�volte, un tranquille fonctionnaire du Consulat de France, Roukoz, d�cide de pousser � la r�bellion les paysans de son village natal maltrait�s par les f�odaux... Et l'Histoire se met en branle : r�volution, proclamation de la premi�re R�publique d'Orient... La lib�ration du Liban est en marche !

Cette histoire aux multiples soubresauts, la mythique Beyrouth en fut le coeur �cartel�. Alexandre Najjar nous la fait revivre � travers trois g�n�rations d'une famille libanaise. Histoire o� la trag�die c�toie sans cesse le cocasse, magnifi�e par la m�moire de Philippe, le vieux narrateur aveugle, dernier survivant des petits-fils de Roukoz, qui se souvient tout haut pour nous.

Combinant adroitement fiction et r�alit�, Alexandre Najjar accomplit le r�ve de son h�ros Philippe : ressusciter Beyrouth, sa ville crucifi�e, en donnant vie � ceux qui l'ont aim�e.

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