Extrait :
LES INVASIONS NUMÉRIQUES
Le monde culturel vit un changement de civilisation. L'empire numérique submerge aujourd'hui le monde de la culture, mettant fin à l'immémorial règne analogique.
Chaque secteur a été bouleversé et a dû affronter à sa manière ce que certains ont appelé «l'invasion numérique».
D'abord, c'est le disque qui le premier a connu la conversion numérique avec le CD. En 1984, bien avant l'apparition de l'Internet grand public. En ouvrant la possibilité à la reproduction infinie (à qualité égale), cela a entraîné des bouleversements dans le marché, révolutionnant peu à peu tout le secteur comme on le sait. Puis avec l'arrivée d'Internet grand public, il y a l'apparition du format mp3, du peer-to-peer (P2P), puis du streaming... Une dématérialisation progressive où le support disque disparaît et qui a contraint le secteur entier à se réorganiser autour de nouveaux rapports artistes/producteurs repensés de fond en comble. C'est ainsi que sont nées les méga-majors où l'artiste ou le groupe deviennent un vecteur à 360 degrés : disque, concert, publicité, apparition dans les films, droits dérivés, etc.
Pour le cinéma, cela arriva plus tard avec le DVD, lequel, comme le CD, ouvrit la possibilité de reproduction à l'identique avant l'apparition d'Internet. Enfin avec Internet grand public et haut débit, le P2P puis le streaming, l'ère de la dématérialisation s'ouvrit. Souvent on voit apparaître sur Internet la copie du film le même jour que sa sortie en salle. Mais alors que l'on pouvait penser que cela allait porter un coup fatal aux salles, le nombre d'entrées continue de croître d'année en année.
Pour le livre, l'apparition du numérique est plus tardive. Elle n'est d'ailleurs en ce début d'année 2013 pas vraiment entamée. Le part du livre numérique en France reste encore infime - de l'ordre de 0,5 % en 2012 -, mais c'est l'ombre portée par ce chiffre qui fait peur.
L'enjeu de la diversité
Malgré les disparités, quel que soit le secteur envisagé, l'irruption du numérique dans la culture suscite les mêmes débats passionnels, les mêmes craintes et les mêmes espoirs. On constate qu'une ligne de fracture se dessine entre deux réactions opposées : soit les clameurs catastrophistes («Le numérique tue la culture»), soit les élans utopistes («Internet, c'est la culture pour tous»).
Une réaction classique dira-t-on, que génère toute transformation sociale ? Rien de nouveau sous le soleil ? On assistait au même ballet de passion et d'incompréhension dans les années 60 - du siècle précédent ! - entre le camp de ceux qu'Umberto Eco1 surnommait les Apocalyptiques et celui des Intégrés dans leur rapport aux mass média ? La énième résurgence du combat des Anciens et des Modernes qui tôt ou tard finit par disparaître en se reportant sur d'autres débats ?
Rien n'est moins sûr.
Présentation de l'éditeur :
Entre ceux qui pensent que le numérique c’est le diable et ceux pour qui Internet est synonyme de liberté, où est la vérité ? Incontestablement, la révolution numérique que nous vivons depuis moins de vingt ans a accouché d’un nouveau monde. Notre vie a été radicalement transformée : l’information, la culture, la politique, les relations sociales et l’économie sont entrées dans une nouvelle ère. La grande messe du 20 heures est-elle supplantée par un tweet de 140 caractères ? Amazon va-t-elle devenir la première librairie de France ? Le numérique va-t-il faire tomber toutes les dictatures ? Google est-il aujourd’hui plus puissant que le Président des Etats-Unis ? Comment empêcher certains cyber-criminels de pénétrer au cœur des systèmes de différents Etats ? Nous ne reviendrons pas en arrière et face à ces menaces que nous maîtrisons mal. Il y a urgence : la création d’une nouvelle citoyenneté numérique responsable pour faire valoir son esprit de liberté et de civisme face aux dérives de certaines grandes marques du net. Internet et le numérique sont désormais dans notre vie. Plus que jamais, l’homme doit retrouver ses marques dans ce nouveau monde. C’est le message de ce manifeste.
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