Un mot de l'éditeur :
La Philosophie dans le boudoir ou les instituteurs immoraux, portant en sous-titre "Dialogues destinés à l’éducation des jeunes filles", est probablement une des oeuvres majeures de Sade. L’histoire narre l’éducation érotique, sur une journée, d’une jeune fille, Eugénie de Mistival, que Mme de Saint-Ange et le chevalier de Mirval, son frère, vont initier à toutes les facettes de la luxure et de la gymnastique de l’esprit, aidés du sodomite Dolmancé et d’un garçon jardinier, Augustin. Composé sous la forme de sept dialogues entrecoupés de discours sur la liberté, la religion, la politique, la morale, La Philosophie dans le boudoir offre au lecteur, en un volume, la palette des possibles offerts par la lecture de Sade : la luxure outrancière et illimitée (jusqu’au crime), le discours (philosophie et politique) insurrectionnel et illuminé, pour l’avènement d’hommes naturels jouissant sans entraves. oeuvre composite (le cinquième dialogue "Français encore un effort..." dans lequel Sade justifie ses paradoxales opinions révolutionnaires était, sans doute, à l’origine, destiné à une publication indépendante), mais oeuvre complète, La Philosophie dans le boudoir est à l’adresse de ceux que la volupté et le sort de vivre en étant pleinement n’effraient pas car « ce n’est qu’en sacrifiant tout à la volupté, que le malheureux individu connu sous le nom d’homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelques roses sur les épines de la vie ».
Extrait :
AUX LIBERTINS
Voluptueux de tous les âges et de tous les sexes, c'est à vous seuls que j'offre cet ouvrage ; nourrissez-vous de ses principes, ils favorisent vos passions, et ces passions, dont de froids et plats moralistes vous effraient, ne sont que les moyens que la nature emploie pour faire parvenir l'homme aux vues qu'elles a sur lui ; n'écoutez que ces passions délicieuses, leur organe est le seul qui doive vous conduire au bonheur.
Femmes lubriques, que la voluptueuse Saint-Ange soit votre modèle ; méprisez, à son exemple, tout ce qui contrarie les lois divines du plaisir qui l'enchaînèrent toute sa vie.
Jeunes filles trop longtemps contenues dans les liens absurdes et dangereux d'une vertu fantastique et d'une religion dégoûtante, imitez l'ardente Eugénie, détruisez, foulez aux pieds, avec autant de rapidité qu'elle, tous les préceptes ridicules inculqués par d'imbéciles parents.
Et vous, aimables débauchés, vous qui, depuis votre jeunesse, n'avez plus d'autres freins que vos désirs, et d'autres lois que vos caprices, que le cynique Dolmancé vous serve d'exemple ; allez aussi loin que lui, si, comme lui, vous voulez parcourir toutes les routes de fleurs que la lubricité vous prépare ; convainquez-vous à son école que ce n'est qu'en étendant la sphère de ses goûts et de ses fantaisies, que ce n'est qu'en sacrifiant tout à la volupté, que le malheureux individu connu sous le nom d'homme, et jeté malgré lui sur ce triste univers, peut réussir à semer quelques roses sur les épines de la vie.
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