Danseur - Couverture souple

McCann, Colum

3,93

5�115 �valuations de Goodreads

Couverture souple

ISBN 10 : 226404067X ISBN 13 : 9782264040671

Editeur : 10 X 18, 2005

Afficher les exemplaires de cette �dition ISBN

415pages. poche. Poche.

Les informations fournies dans la section � Synopsis � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.

Extrait :

UNION SOVI�TIQUE, 1941-1956

Quatre hivers. Ils construisaient des routes en brisant les cong�res arm�s de leurs chevaux, ils labouraient la neige jusqu'� ce que les b�tes meurent, puis ils mangeaient leur chair avec une grande tristesse. Les m�decins traversaient les champs givr�s avec des ampoules de morphine coll�es sous leurs aisselles afin qu'elles ne g�lent pas et, la guerre continuant, il fut sans cesse plus dur de d�couvrir une veine sur les bras des soldats - moribonds bien longtemps avant que d'�tre morts. Dans les tranch�es, ils nouaient serr� les oreillettes de leurs chapkas, volaient les manteaux de r�serve, dormaient les uns contre les autres et pla�aient les bless�s entre eux, o� il faisait plus chaud. Ils portaient des pantalons matelass�s, des couches de sous-v�tements, et, pour rire, ils parlaient parfois des jambes des putains, ils en faisaient des �charpes de r�ve. Le moment vint o� ils ne retir�rent plus souvent leurs bottes. Ils avaient vu d'autres soldats - aux orteils, bleus, tomb�s soudain de leurs pieds - et ils croyaient maintenant que l'avenir d'un homme pouvait �tre pr�dit � sa fa�on de marcher.
Ils fabriquaient des cordons solides avec plusieurs lacets, puis, en guise de camouflage, ils attachaient l'une � l'autre par-dessus leur capote leurs chemises blanches de paysans, tiraient bien leurs cagoules, et ils pouvaient alors s'allonger dans la neige, y rester invisibles pendant des heures. L'huile gelait dans les carters des pi�ces d'artillerie. Les ressorts des mitrailleuses se brisaient comme du verre. En l'absence de gants, la chair adh�rait au m�tal, qui la leur arrachait. Ils allumaient des feux avec du charbon de bois, jetaient des pierres dans les braises, qu'ils retiraient bris�es pour r�chauffer leurs mains. Ils comprirent que, si l'on avait besoin de chier, ce qui n'arrivait gu�re, on faisait dans son froc. �a y restait, glac�, et on n'enlevait �a que sous abri, d'ailleurs �a ne sentait rien, les gants non plus, sauf en cas de d�gel. Pour pisser sans s'exposer au froid, ils pla�aient des sacs de toile cir�e sous leur pantalon, et ils apprirent � r�chauffer leurs jambes l�-dessus. Cette chaleur-l� leur rappelait celle des femmes, mais le sac gelait de toute fa�on et ils se retrouvaient � nouveau nulle part, dans un champ de neige rougi par les flammes d'une raffinerie.
En rep�rage dans la steppe, ils trouvaient les corps de compagnons d'armes, morts transis, la main lev�e, le genou d�form�, la barbe couverte de givre, et ils savaient qu'il fallait se d�p�cher de leur piquer leurs fringues avant qu'elles se figent pour toujours avec eux, et alors ils se penchaient, murmuraient, D�sol� camarade, merci pour le tabac.
On leur dit que l'ennemi se servait des cadavres pour construire ses routes, puisqu'il ne restait plus d'arbres, alors ils s'efforc�rent de ne pas entendre de bruits se r�pandre sur la glace, d'os bris�s sous les pneus. Le silence avait disparu, l'air portait tous les sons : les �quipes de reconnaissance � ski, le chuintement des pyl�nes �lectriques, le sifflement des mortiers, un camarade hurlant apr�s ses jambes, ses doigts, son fusil, sa m�re.

Amazon.fr :

Ange ou d�mon. �toile... filante, peut-�tre, mais �toile qui brilla au plus haut par son g�nie et son ambition. C �tait Noureev. Rudi. Rudik Rudolph. Pr�nom choisi par sa m�re, Farida, en hommage � Rudolph Valentino. Et quel s�ducteur que ce jeune Tatar, un peu rustre, ayant grandi entre sa m�re aimante, sa grande s ur et un p�re qui mettra des ann�es � admettre le choix de son fils !
La force du roman de McCann r�side dans son style narratif : raconter l histoire de Noureev, par l interm�diaire (imaginaire et romanc�) de divers acteurs de sa vie : sa s ur, Serguei et Anna (qui le forma � Oufa et lui fit d�couvrir la danse et la musique), leur fille qui l h�bergea � Leningrad, ses amis, sa complice de sc�ne et de coulisses la grande Margot Fonteyn, ses amants, sa gouvernante ou des anonymes fascin�s par le talent du jeune gar�on de l �poque avec en filigrane une partie de l histoire contemporaine sovi�tique dont certains aspects de la guerre froide semblent parfois un peu caricaturaux mais restent essentiels pour bien comprendre le contexte dans lequel �volua Noureev... et son exil ! Car l �toile eut une vie � la hauteur de sa rage : pleine, violente, passionn�e, exigeante, �go�ste. Entre vampire g�nial qui pouvait tout sacrifier pour son art et ami d�vou�, g�n�reux et fou. Il y a de la fascination et de l agacement devant cet homme hors norme qui eut la force – plut�t rare de nos jours – d assumer, envers et contre tout, son destin � force de travail, d acharnement. Car, y compris ses d�tracteurs, tous furent subjugu�s par cette �nergie, cette incandescence que d�gageait Noureev qui ne vivait que pour la danse. L image sulfureuse de l amant "cherchant du sexe" � tout prix, � tout moment, plein d exc�s et de d�dain, contribue � transformer en mythe cet animal de gr�ce, de chair. Il mourut du sida en 1993.
Danseur, entre roman et biographie imaginaire, passionne par son sujet et par ses ressorts chers � tout best-seller am�ricains : exil, sexe, provocation, malheur, pathos Mais on aime � r�ver devant le d�sir d absolu de ce jeune Tatar de Oufa devenu un mythe, qui, tout petit, se cachait pour danser. --Marine Segalen

Les informations fournies dans la section � A propos du livre � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.